Jhanvi meurt écrasée par un poids-lourd - Prema, la mère : «Mon petit ange voulait devenir médecin»

Prema Chummun a assisté, impuissante, à la mort de sa fille Jhanvi (sept ans), le mercredi 6 juin, alors qu’elle la ramenait à mobylette de l’école. La fillette a péri sous les pneus d’un camion-conteneur. Retour sur ce drame qui bouleversera à jamais la vie de Prema et Avinash Chummun.

Quand elle ferme les yeux, Prema Chummun dit voir Jhanvi, pleine de vie, en train de parler. Mais lorsqu’elle les rouvre, l’amère réalité la rattrape. Elle revoit l’image de sa fille de sept ans gisant inerte sur l’asphalte. « Je veux rejoindre mon enfant au ciel, car je ne peux vivre sans elle. J’ai perdu l’ange qui illuminait ma vie », confie la mère de famille qui, jusque-là, menait une existence tranquille aux côtés de son époux Avinash et de leur fille.

Le couple la décrit comme une fille brillante. « Jhanvi voulait devenir médecin, car elle souhaitait aider les malades. Du haut de ses sept ans, elle comprenait déjà certaines choses de la vie », soulignent ces parents meurtris. D’ailleurs, disent-ils, « quand elle était en Grade 2, son enseignante nous avait dit qu’elle était en avance sur les autres élèves de sa classe et qu’elle aurait dû être en Grade 4. Jhanvi excellait dans toutes les matières. Nous n’avons jamais eu de reproches de ses enseignants ».

« C’était ma princesse »

Le couple avait déjà achevé les préparatifs pour célébrer l’anniversaire de Jhanvi le 17 juin. Mais ce jour-là, ce sont des prières qui seront dites à la place, en mémoire de la fillette.

« Sa naissance nous a apporté beaucoup de bonheur. Elle était la lumière de ma vie. Je me souviens toujours du premier jour où elle m’avait appelée ‘mama’. Je ne suis pas près d’oublier cette tragédie. Cet accident me rend folle. Ki sann-la pou dir mwa ‘mama vinn zwe avek mwa, vinn pegn mo seve’ », lâche Prema, les larmes aux yeux, assise sur une chaise sous la salle verte, entourée de ses proches.

Avinash Chummun est tout aussi ravagé par le chagrin. L’homme confie en sanglots : « Jhanvi croquait la vie à pleines dents. Elle aimait chanter et danser. Quand elle rentrait à la maison, elle nous racontait sa journée à l’école. Elle était comme une petite maman. C’était ma princesse. »

Interrogé sur l’accident, Avinash Chummun explique qu’il apporte tout son soutien à son épouse, précisant qu’il ne croit pas les images des caméras de surveillance. « J’ai demandé à ma femme ce qui s’est passé. Elle m’a dit qu’elle n’était pas en tort. Je la crois. Elle venait d’acheter sa moto il y a deux mois. Jhanvi et elle allaient se promener partout. »

La tante de Jhanvi, qui s’occupait également d’elle, n’en revient pas. « Jhanvi était mon trésor. Elle me demandait toujours de lui raconter des histoires et elle était très attentive », raconte-t-elle.

La police reconstitue peu à peu le puzzle

Plusieurs questions ont surgi après le décès tragique de la petite Jhanvi. Est-ce que c’est le camion-conteneur qui a frôlé le scooter sur lequel se trouvaient Prema Chummun et sa fille ? Ou l’enfant a-t-elle été fauchée après avoir fait une chute ? La police reconstitue peu à peu le puzzle. Afin d’avoir des éléments de réponses, les enquêteurs basés au poste de police des Line Barracks ont interrogé plusieurs personnes. La principale concernée, Prema Chummun, n’a pas encore été entendue par les enquêteurs. Ils attendent qu’elle se remette.

Quant au chauffeur du camion, Sutish J., il a été interrogé mercredi soir par le sergent Bonomally, chargé de l’enquête. L’alcootest qu’il a subi s’est révélé négatif. Sutish J. a été traduit en Cour jeudi. Inculpé d’homicide involontaire, il a été remis en liberté conditionnelle après avoir fourni une caution de
Rs 25 000.

L’habitant de Curepipe de 59 ans a expliqué aux enquêteurs qu’il se dirigeait vers Grand-Rivière-Nord-Ouest quand le drame a eu lieu. Il a raconté qu’après avoir traversé la passerelle de la rue Brabant à Bell-Village, il a constaté la présence d’une motocyclette au sol à côté de son camion. Il dit avoir alors arrêté le poids-lourd.

Son aide-chauffeur a abondé dans son sens. « Nous allions en direction de Grande-Rivière-Nord-Ouest quand, en arrivant à hauteur de la passerelle, j'ai vu une motocyclette sur notre gauche. Lorsque nous sommes arrivés près d’Albert Trading, j’ai vu la motocyclette au sol. On a arrêté le camion », a-t-il dit aux enquêteurs.

Les enregistrements de vidéosurveillance examinés 

À aucun moment les occupants du camion-conteneur n’ont mentionné que leur camion a percuté ou renversé la motocyclette des Chummun. Un témoin indépendant a, quant à lui, raconté à la police qu’alors qu’il se trouvait au volant de son véhicule aux abords du fly-over de Venus, il a vu une femme sur le côté de la route qui hurlait : « Ayo mo zanfan. » Il affirme avoir par la suite vu le camion à côté du scooter.

Après avoir enregistré ces témoignages, les enquêteurs ont visionné les enregistrements des caméras CCTV.  Les images semblent indiquer que le poids-lourd se trouvait sur la voie de gauche en direction de Grande-Rivière-Nord-Ouest. À l’arrière du camion, il y avait deux motocyclettes sur la gauche. Le scooter que pilotait Prema Chummun les a ensuite dépassés et s’est retrouvé juste derrière le camion.

Les vidéos montrent aussi la motocyclette qui tentait de doubler le camion-conteneur sur la gauche. Peu de temps après, le poids-lourd s’est immobilisé.

Mais impossible de dire ce qui s’est passé par la suite car le conteneur était trop haut et barrait le champ de vision des des caméras.

Selon le Forensic Scientific Officer, Prema Chummun aurait perdu le contrôle du scooter quand celui-ci a roulé sur des plaques d’égout. Sa fille et elle sont ensuite tombées de la moto. La roue arrière du camion est ensuite passée sur l’écolière.