
Les promesses de méritocratie du gouvernement se heurtent aux critiques d’ingérence politique et de manque de transparence. Experts et observateurs appellent à la création urgente de l’Appointments Committee, annoncé comme un garde-fou mais toujours inexistant dix mois après les élections.
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La méritocratie est-elle menacée, notamment à la lumière des récentes nominations à des postes de responsabilité au sein d’instances gouvernementales ? C’est autour de cette question que Patrick Hilbert et ses invités ont débattu dans l’émission Au Cœur de l’Info du lundi 25 août.
« Des nominations politiques, il y en a toujours eu depuis l’Indépendance », a rappelé Harish Chundunsing, observateur et ancien journaliste. Toutefois, selon lui, les nominations actuelles suscitent davantage de polémiques car le gouvernement en place avait promis la mise en place d’un Appointments Committee.
« Ce gouvernement s’est pris à son propre piège. S’il avait agi comme l’ancien régime, il n’y aurait pas eu une telle réaction. Mais en ayant parlé de ce comité et surtout en ayant promis la méritocratie pour toutes les grandes nominations pendant la campagne électorale, il a créé des attentes », a-t-il ajouté, soulignant que près de dix mois plus tard, le comité n’a toujours pas vu le jour. « Cela prend trop de temps et les gens commencent à poser des questions », a-t-il insisté. Et une fois toutes les nominations faites, ce comité sera caduc et n’aura pas sa raison d’être, selon lui.
De son côté, Laura Jaymangal, directrice exécutive de Transparency Mauritius, estime que ces polémiques traduisent surtout l’émergence d’une conscience démocratique dans le pays.
« Durant les 10 dernières années, Maurice a connu un développement sur le plan des infrastructures, mais a aussi régressé en matière de démocratie. De nombreux rapports le soulignent et plusieurs institutions internationales l’ont relevé », a-t-elle expliqué. Elle a ajouté qu’avec les promesses du nouveau gouvernement, la population ne restera pas passive. « Dès qu’il y a perception de conflit d’intérêts ou d’abus de pouvoir, le peuple continuera à réagir et à jouer le rôle d’une opposition », a-t-elle souligné.
Absence de transparence
Experte en recrutement et fondatrice de Compliance HR Mauritius, Jessyca Joyekurun a, pour sa part, estimé que ces polémiques découlent d’un manque de transparence. « Les gens réagissent parce que le gouvernement ne vient pas expliquer comment ces personnes nommées ont été choisies », a-t-elle fait ressortir. En matière de solutions de recrutement, elle a mis en avant l’importance d’intégrer des outils technologiques.
« Je ne comprends pas qu’en 2025, on continue de se reposer sur des comités humains, souvent biaisés et sujets à des conflits d’intérêts. Il serait utopique de croire que l’ingérence politique peut être totalement éliminée, mais on peut mettre en place des outils et des processus pour la réduire », a-t-elle proposé, suggérant également que les institutions publient le « scoring » des personnes sélectionnées.
Toutefois, le cœur du débat est resté centré sur la volonté politique. À ce sujet, Harish Chundunsing a pointé du doigt une mauvaise communication de la part des autorités. « Le gouvernement doit venir de l’avant et expliquer ce qui bloque la concrétisation du projet d’Appointments Committee, une mesure phare qui aurait dû être traitée en priorité », a-t-il insisté.
Cette retranscription n’est qu’une partie de l’émission qui est d’une durée de deux heures. Elle est à voir sur les plateformes de Défi Media et la chaîne YouTube de TéléPlus.

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