De sa forge à Chemin Grenier, sortent des sabres, haches, serpes, des barres à mines, pioches, fouines, bêches, ciseaux à froid, des supports pour l’antenne de télévision et autres outils agricoles. À 66 ans, Jean-Pierre Aimond continue de battre le fer avec une force à faire pâlir les plus jeunes.
Il est forgeron depuis l’âge de 16 ans. C’est son père qui l’a initié à le métier. Ce dernier fabriquait surtout des sabres et des serpes. C’est ainsi qu’après les heures de classe et les jours fériés, il se rendait à l’atelier paternel. Après la classe de sixième, comme son père, il a suivi les traces de Vulcain, le dieu de la forge.
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Par la suite, Jean-Pierre a travaillé pendant une douzaine d’années dans l’industrie sucrière et trouvait la force, après le travail, de battre le fer. Les commandes affluaient et en 1984, il décide de succéder à son père qui, alors âgé de 60 ans, avait décidé de prendre la retraite. La forge se trouve toujours au même endroit. Outre son fils qui fait la livraison, trois autres personnes sont à son service. Contrairement à son père, il va produire d’autres outils.
Une visite à l’intérieur montre que le métier de forgeron n’est pas de tout repos. Dans un coin se trouve un grand brasier de charbon dont le feu est entretenu par un générateur. Parfois, le forgeron utilise du charbon de terre et parfois du charbon de bois. Une barre de fer est placée dans le brasier pour être ramollie à haute température. Après quelques minutes elle est retirée, tout rouge, du four et placée sur une enclume. Là, deux ouvriers la battent simultanément à l’aide d’un gros marteau pour lui donner sa forme. Dans un autre coin de l’atelier, un troisième ouvrier aiguise les couteaux et autres outils alors qu’un autre travailleur s’attelle aux travaux de soudure.
Malgré son âge, Aimond continue de manier le marteau avec une force incroyable. « Le travail ne me fait pas peur », dit-il. Il explique qu’il travaille jusqu’à minuit tous les jours. Il travaille tous les jours de l’année, sauf le 1er janvier, où il prend un jour de congé.
Aimond nous apprend qu’il a des commandes venant de toute l’île. Outre les serpes pour la coupe, il livre aussi des pioches et des barres à mine, entre autres, à l’industrie sucrière.
Les petits planteurs lui passent aussi des commandes. Il explique que malgré la mécanisation, les planteurs ont toujours besoin des barres à mine pour enlever les pierres, car les machines ne peuvent se rendre sur les flancs des montagnes.
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Plus qu’une passion
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Dans la camionnette conduite par son fils, il fait aussi des livraisons aux quincailleries à travers le pays. Les commandes varient des ciseaux à froid, des supports pour antennes de télévision, aux pioches, sabres, serpes, haches et des chariots pour transporter les bonbonnes de gaz, etc. Il avance qu’il livre autour de 3 000 ciseaux à froid chaque mois aux quincailleries.
Le forgeron a aussi des commandes de « sabres service » et samouraï pour les services religieux. Il explique que le sabre religieux est plus long. Des commandes du principal temple tamoul de La Réunion figurent aussi parmi son cahier des charges.
Il est aussi très connu chez les pêcheurs qui lui commandent des fouines pour piquer les ourites et des poissons. « J’ai une commande de 75 fouines », dit-il fièrement.
Aimond achète ses matières premières à Port-Louis. Il achète aussi de la vieille ferraille qu’il utilise pour fabriquer certains objets. Pour le vieil homme, le travail est plus qu’une passion. « Je continuerai à travailler aussi longtemps que Dieu me donne le courage. » Sur les conseils de son père, il a cessé de boire pour mieux contrôler son atelier. Il a aussi cessé de fumer. C’est ce qui lui donne peut-être le courage de travailler encore à cet âge.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !