Interview

Jean-Michel Pitot, Chief Executive Officer du groupe Attitude : «Le tourisme mauricien devrait se réinventer au niveau du produit»

Dans cet entretien réalisé le jeudi 29 juin, lors des célébrations marquant les 25 ans du Paradise Cove Boutique Hotel, le CEO du groupe Attitude, qui regroupe des établissements 3-étoiles et 4-étoiles, fait le bilan des six premiers mois de l’année.

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Quel état des lieux faites-vous pour le premier semestre 2017?
Ce serait inadéquat d’être négatif aujourd’hui. Il faut essayer de voir le verre à moitié plein. Nous pouvons toujours craindre que le Brexit ait un impact négatif. Nous avons beaucoup de signaux positifs. Les hôteliers ont demandé et obtenu un accès aérien plus libre et ouvert. Il y a un nombre plus important de sièges sur la destination mauricienne. Les arrivées touristiques sont en hausse. Nous devons nous en réjouir. Nous avons pu remplir les hôtels correctement.

Le nombre de touristes est en croissance. N’empêche que les dépenses par visiteur n’augmentent pas. Quelle analyse faites-vous de cette situation?
Je suis assez pragmatique sur la question. Un million de visiteurs dépensent un montant X. Aujourd’hui, le pays accueille plus de 1,2 million de touristes. L’élément de volume entre en jeu. De nouveaux clients comme les Chinois et les Indiens n’ont pas le même pouvoir d’achat qu’un touriste allemand ne fréquentant que le Royal Palm, par exemple. Il y a quand même une démocratisation de l’industrie. Je ne suis pas étonné du fait que les dépenses diminuent. C’est le modèle de demain. Il faut être assez réaliste à ce sujet.

Quels sont les défis majeurs auxquels la destination mauricienne est confrontée? La région est-elle une menace?
Il y a 20 ans, Maurice était la seule destination dans l’océan Indien. Désormais, il faut compter avec les Maldives, les Seychelles et le Sri Lanka. Ces destinations ont de beaux sites et de bons hôtels. À  Maurice, on devrait se réinventer, au niveau du produit. Je déplore certaines rigidités, telles que la construction des hôtels uniquement à partir de 30 mètres du point de la marée haute. Il y a réflexions à faire. Des sites devraient pouvoir accueillir des choses beaucoup plus révolutionnaires, à la maldivienne ou à la seychelloise.

Ce faisant, est-ce qu’on ne court pas le risque de perdre notre identité?
Notre force de frappe, c’est l’humain. Le jour où les employés (d’hôtel) au service des touristes seront des étrangers, Maurice perdra son identité forte.

 

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