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Jean Michel Giraud, ancien président du MTC : «Le PMO m’a poussé vers la sortie»

Un guerrier qui jette les armes. Même s’il a dû courber l’échine, il ne compte pas se taire, car il estime qu’il ne doit rien à personne. Jean Michel Giraud croit fermement que le Bureau du Premier ministre (PMO) et un homme d’affaires contre lequel il s’est dressé concernant le dossier des paris hippiques illégaux ont tout fait pour qu’il quitte la présidence du Mauritius Turf Club (MTC). C’est sans langue de bois que l’ancien homme fort du turf mauricien se livre dans l’entretien qui suit.

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Vous avez jeté l’éponge… Pourquoi ?
J’ai des convictions, je n’aime pas transiger. Je peux faire des compromis, mais quand il s’agit de défendre l’intérêt du MTC, je suis intransigeant. Dans la vie, il faut des principes. Surtout quand vous êtes à la tête d’une association qui permet à plusieurs personnes de gagner leur vie. 

Venons-en dans le vif du sujet. La saga du MTC contre la GRA. Videz votre cœur…
Cela faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds au Champ-de-Mars quand, en 2021, on m’a sollicité. Avant de crever, je voulais aider. L’industrie hippique était dans un état catastrophique. La direction du MTC avait capitulé devant l’État. Le Club accusait des pertes de Rs 20 millions en 2020. J’ai engagé des discussions avec la Gambling Regulatory Authority (GRA) et avec le PMO, mais il y a eu un non disclosure agreement. C’est illégal. Certaines écuries avaient des propriétaires factices… Des entraîneurs devenaient des salariés de certains. Moi, je ne peux fermer ma gueule.

Paul Bérenger est un ami, tout comme l’a été sir Anerood Jugnauth»

Est-ce parce qu’on vous considère proche du MMM qu’on vous met des bâtons dans les roues ?
À la tête du MTC, c’était mon job d’établir des contacts avec le gouvernement du jour. Il est vrai qu’on a des atomes crochus avec certains, mais je n’ai jamais fait d’alliance. Paul Bérenger est un ami, tout comme l’a été sir Anerood Jugnauth.

Le secteur privé a financé les partis politiques. Qu’en est-il pour UBP ?
Le montant figure dans nos comptes officiels. Rs 2 millions en tout. Une campagne électorale coûte. UBP n’a rien à cacher.

Le MTC n’est plus organisateur des courses, c’est l’État qui l’est maintenant»

Votre campagne contre les paris illégaux semble avoir allumé certains feux…
Ma prise de position a déplu à certains. C’était mon job en tant que président du MTC. Je reproche à mes prédécesseurs d’avoir été mous. Les courses hippiques ne peuvent favoriser un seul homme d’affaires.

Partez-vous de votre propre gré ou vous a-t-on poussé vers la sortie ? 
Le PMO m’a demandé de partir. J’ai pris mes responsabilités. Si je pars, les courses reprendront. Le PMO m’a poussé vers la sortie.

Je peux faire des compromis, mais quand il s’agit de défendre l’intérêt du MTC, je suis intransigeant»

Comment interprétez-vous cela ?
C’est du harcèlement politique. Ils entraînent mes enfants, ma famille dans cette saga. Le MTC n’est plus organisateur des courses, c’est l’État qui l’est maintenant.

Certaines écuries avaient des propriétaires factices»

Vous avez été un gros bonnet au sein d’UBP. Votre secret ?
J’ai toujours aimé les gens avec lesquels j’ai travaillé. Ce sont les employés qui ont mené UBP. Ils m’ont aidé à faire d’UBP ce qu’elle est devenue. UBP est reconnue pour être une société qui s’occupe de ses employés. les dividendes sont partagés avec eux, car c’est grâce à eux que nous faisons des profits. Ils le méritent amplement.

Et quand j’ai créé Espace Maison, qui sont ceux qui étaient à la tête ?  Cinq directeurs, de même que 60 cadres, étaient des enfants d’ouvriers d’UBP. Nous leur avons donné la chance de s’épanouir. 

Je reproche à mes prédécesseurs d’avoir été mous. Les courses hippiques ne peuvent favoriser un seul homme d’affaires»

Est-ce la Noël, hormis le 13e mois ?
Ce n’est pas la Noël, ils ont leur boni de fin d’année, mais aussi d’autres récompenses basées sur les profits.

On vous surnomme Zorro. Démasquez-vous…
On peut m’affubler de tous les noms. Moi, j’ai toujours eu à cœur les employés. Quand on donne, on reçoit… Les gens vous le rendent. Je sais qu’ils font un travail dur avec le bruit, la poussière, la chaleur… Travailler à UBP n’est pas un cadeau. Mais on ne quitte pas UBP, ce travail qui vous rattache à l’entreprise jusqu’à la mort. 

 

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