Jean-Luc Mootoosamy, directeur de Media Expertise Suisse, place l’enjeu de la campagne électorale sous un angle fondamentalement symbolique et national. Pour lui, cette élection n’est pas seulement une épreuve de force entre partis politiques, mais un véritable test pour redonner au pays l’image de démocratie qu’il incarne sur la scène internationale.
« Il est impératif que nous redevenions ce pays que nous admirons, que le monde admire. Un exemple de démocratie. Que nos dirigeants et nous-mêmes, en soyons dignes », affirme-t-il avec conviction.
Cependant, Jean-Luc Mootoosamy exprime une vision plus sombre du climat politique actuel, estimant que cette campagne a laissé des cicatrices profondes. Selon lui, ce n’est pas le peuple mauricien qui a failli, mais la campagne elle-même, qui a plus divisé qu’unifié. Ce sentiment de fracture est amplifié par le scandale des « Moustass Leaks », un dossier qui a secoué la nation et provoqué un véritable choc parmi la population. Jean-Luc Mootoosamy fait part de l'écœurement généré par ces révélations : « Les Mauriciens ressentent un sentiment de choc, de dégoût, de honte par rapport à tout ce qui a été entendu ».
Il souligne que bien que certains partisans du gouvernement minimisent l'importance de ces enregistrements, en se concentrant sur les progrès économiques, la diffusion de ces écoutes a suscité un réveil chez une partie de la population, poussant même des électeurs indécis à se rendre aux urnes. « La diffusion des écoutes a réveillé une partie de la population qui ne pensait pas aller voter », explique-t-il.
La réaction spontanée de nombreux Mauriciens a été de juger ces révélations, bien avant leur authentification officielle, est-il d’avis. Jean-Luc Mootoosamy déplore également la censure qui a suivi la diffusion des enregistrements, un acte qu’il juge « inacceptable » dans un pays démocratique.
« La censure des réseaux pendant plus de 24 heures est inacceptable dans une démocratie », indique-t-il, soulignant la menace qu’une telle répression représente pour la liberté d’expression.
Au-delà de ce scandale, Jean-Luc Mootoosamy évoque également les autres défis du pays : la question de la drogue, le désespoir des jeunes, la dépréciation de la roupie et les préoccupations liées à l’ordre public. Il note que ces problèmes continuent d’affliger la population mauricienne, mais qu’au moment de se rendre aux urnes, la question cruciale reste celle de la République que les Mauriciens souhaitent construire. « Nous devons nous demander quelle République de Maurice nous voulons maintenant », insiste-t-il.
Pour Jean-Luc Mootoosamy, l’avenir du pays dépendra de la capacité des dirigeants à se réinventer, à ne pas répéter les erreurs du passé et à adopter une nouvelle culture politique. « Cela fait plusieurs jours que notre capacité à tenir bon est testée. Nous avons montré notre amour du pays, ce fil qui nous unit », conclut-il. Il voit dans ces élections une occasion de renouer avec l'espoir et de rétablir la cohésion nationale.
« Je pense que nous pourrons, au lendemain de ces élections, nous regarder comme frères et sœurs d’un destin commun », conclut-il.
POUVOIR D’ACHAT ET 14E MOIS
La cherté de la vie et le pouvoir d'achat dominent la campagne électorale actuelle. Les trois principaux blocs politiques ont mis l'accent sur ce sujet, proposant des mesures telles que la réduction de la TVA, des taxes sur l'essence et des aides spécifiques comme l’allocation de Rs 2 000 pour les ménagères.
Cependant, selon l’économiste Manisha Dookhony, la dévaluation de la roupie, surtout face au dollar, reste « un obstacle majeur ». Elle suggère que des mesures pour diversifier les revenus du gouvernement auraient pu être proposées. Le 14e mois, promis par les différents partis, soulève des interrogations sur son financement. Bien que l’idée soit populaire, Manisha Dookhony avertit que cette mesure pourrait « imposer une pression financière importante sur les entreprises, en particulier les petites ».
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