Le président de la Commission des droits des personnes handicapées de DIS-MOI, Jean-François Favory, annonce le lancement d’un ambitieux projet avec la collaboration de la National CSR Foundation, samedi, à l’hôtel Hennesy Park, Ébène. L’objectif : se focaliser sur les aptitudes et talents des ces personnes handicapées et rendre possible et légitime leur indépendance.
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Jean-François Favory, parlez-nous de votre parcours personnel et professionnel.
Je me suis retrouvé en situation de handicap suite à une erreur médicale en 1989. J’étais alors âgé de 7 ans. Malgré les obstacles, j’ai poursuivi mes études primaires et secondaires avec succès. Je travaille depuis 19 ans maintenant, conduisant ma propre voiture tous les jours de manière indépendante.
Je joue du basketball en fauteuil roulant, j’ai été boursier de la Mandela Washington en 2017 et je suis responsable de la Commission pour les droits des personnes handicapées chez DIS-MOI depuis janvier 2018.
Vous êtes donc le responsable de la Commission des personnes en situation de handicap au sein de l’ONG DIS-MOI. Pourquoi cet engagement ?
DIS-MOI, qui milite pour les droits de tout être humain comme vous le savez, a su croire en moi et m’a accordé la chance de prouver que je pouvais apporter une valeur ajoutée au combat pour les droits des personnes en situation de handicap. Je suis convaincu que l’île Maurice a besoin d’une vision différente du « handicap »
Il n’y a pas de personne « normale »; tout le monde est différent physiquement et mentalement avec des capacités, des aptitudes et des façons de penser différentes. Vous devez faire face à vos propres barrières, vos peurs et vos préjugés. Être en situation de handicap ne veut pas dire être malade. La société mauricienne doit combattre cette peur du «handicap», de la différence. Le caractère d’une personne ne se mesure pas par rapport à son handicap. Le handicap n’est pas contagieux. La plupart des personnes handicapées veulent promouvoir la compréhension. Les personnes handicapées préféreraient se concentrer sur leurs forces plutôt que sur leurs faiblesses, sur leurs ambitions et objectifs afin de réussir leur vie en toute indépendance.
Les personnes handicapées veulent promouvoir la compréhension. Elles préféreraient se concentrer sur leurs forces plutôt que sur leurs faiblesses, sur leurs ambitions et objectifs pour réussir leur vie en toute indépendance»
Puisque vous êtes concerné directement par les droits des personnes en situation de handicap, quel est votre point de vue sur la situation et le respect de vos droits à Maurice ?
La République de Maurice a ratifié divers instruments qui rappellent le contenu et le caractère des droits de l’homme. Parce qu’ils sont axés sur la dignité intrinsèque à tous les êtres humains, toute personne doit pouvoir jouir de ces droits, y compris les personnes en situation de handicap, sans discrimination aucune. Toutefois, reconnaissant qu’en dépit des divers instruments et engagements assurant une protection générale des droits de l’homme, les personnes handicapées continuent d’être confrontées à des obstacles à leur participation indépendante dans notre société.
Malgré ces progrès, les personnes handicapées sont toujours confrontées à des défis et des obstacles importants qui sont :
– Le manque de logements accessibles ;
– Certaines installations et équipements médicaux inaccessibles ;
– Pas de transport adapté accessible (y compris nos semi-low floor buses);
– Pas d’accès à l’éducation inclusive ;
– Taux de chômage plus élevé que le reste de la population.
Le handicap est un club où règne l’inégalité des chances - n’importe qui, n’importe quand peut s’y joindre!
n Vous faites partie aujourd’hui des rares personnes en situation de handicap dans l’île qui soient indépendantes dans la vie de tous les jours et également dans la vie professionnelle. Comment faites- vous ? Quel genre de mentalité faut-il avoir pour y arriver ?
Je vis ma vie comme je le veux, le plus normalement possible! Beaucoup de personnes handicapées sont capables et travaillent dans différents secteurs financiers, économiques et éducatifs. Ils font du sport et savent s’amuser. Ils sont parents et ont une vie pleine et satisfaisante.
Mes parents sont une des raisons principales de ce que je suis devenu aujourd’hui. Ils m’ont appris à m’accepter tel que je suis, en tant que personne avec des capacités physiques et intellectuelles. C’est ce qui a forgé mon caractère de battant.
Quel est votre souhait ? Comment voyez-vous l’avenir ?
Je voudrai vous faire découvrir aujourd’hui le monde du handicap. Les personnes en situation de handicap sont avant tout des personnes comme vous, avec des qualités, des talents et des compétences. Une telle personne avec un handicap physique n’est pas une personne malade, mais une personne qui peut apprendre, travailler, faire du sport et participer à la vie active dans la société mauricienne.
Ma vision : c’est d’aider autant de personnes handicapées que possible à accéder à une éducation, à un travail, à un sport et à des loisirs appropriés en les encourageant à développer leur potentiel.
Vos rêves donc ?
Pour 2019, la Commission des droits des personnes en situation de handicap de DIS-MOI Maurice, en collaboration avec la National CSR Foundation, se focalisera sur le fait de rendre possible et légitime l’indépendance des personnes en situation de handicap dans leur vie quotidienne, professionnelle, sociale et en tant que citoyens… libres.
Pour ce faire, nous commencerons par sensibiliser et informer ces personnes en question sur leurs droits. Étudier et identifier leurs besoins afin de les conseiller et de leur venir en aide autant que possible.
Pour la réussite du projet, nous serons accompagnés par des spécialistes et des professionnels en la matière, comme un physiothérapeute et un coach de sport adapté, sachant que certains intervenants (et moi-même) sommes des personnes en situation de handicap, indépendantes dans la vie quotidienne et professionnelle.
Le lancement officiel de ce projet se fera samedi à l’hôtel Hennesy Park, Ébène.
Propos recueillis par Holy Rakotomanana
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