Jean-Clément Crouche (conseiller légal) : «Il faut s’attendre à une flambée des prix des appartements»

Le conseiller légal soutient que la décision du gouvernement d’autoriser les étrangers à acheter des appartements viendra certes éponger le surplus d’offres sur le marché, mais devrait aussi influer sur les prix. Ce membre exécutif de l’Association des agents immobiliers à Maurice prévoit une reprise dans le secteur de l’immobilier dans les prochains mois.

Les étrangers pourront dorénavant acheter un appartement à Maurice. Quelles seront les implications d’une telle mesure sur le secteur ?
Nous ne pouvons qu’accueillir favorablement une telle mesure. D’autant plus qu’il y a actuellement sur le marché un surplus d’appartements. Ces projets valent entre Rs 5 millions et Rs 10 millions, voire plus. Des prix qui ne sont pas à la portée de tous les Mauriciens. Cette mesure va relancer l’investissement dans ce créneau d’activité, qui est en stagnation depuis ces deux dernières années.

Toutefois, cette mesure n’est pas sans condition…
En effet ! Les achats effectués par les étrangers sont sujets à des permis. Ce sera également le cas pour cette mesure où les étrangers devront avoir au préalable l’accord du Board of Investment. Une des conditions d’achat est que l’étranger doit acheter un appartement limité à un immeuble de deux étages. Le gouvernement a, certes, ouvert le robinet aux étrangers, mais il a toujours un certain contrôle. C’est bien qu’il y ait de telles conditions.

Doit-on craindre une flambée des prix des appartements ?
Tout va dépendre de l’offre et de la demande. Dans un premier temps, il y aura suffisamment d’offres pour que les prix restent stables. Toutefois, à un moment donné, s’il y a plus de demande que d’offres, il faudra s’attendre à une flambée des prix. C’est la loi de l’économie. Il va également sans dire que les promoteurs préféreront vendre des appartements à des étrangers où ils pourront obtenir un meilleur prix plutôt que de les vendre aux Mauriciens. Ils sont d’ailleurs très peu à investir dans des appartements. De manière générale, les Mauriciens préfèrent acheter des terrains et entamer leur propre construction. Toutefois, les projets de lotissement entre Rs 1 million et Rs 5 millions resteront toujours à la portée des Mauriciens.

«On ressentira les effets positifs des mesures prises dans le secteur immobilier qu’au début de 2017 voire au milieu de l’année prochaine.»

Pour les neuf premiers mois de l’année, Maurice a obtenu Rs 7,6 milliards  d’investissements directs étrangers dans le secteur immobilier. Autre chiffre : 111 projets de villas de luxe regroupant 1 966 acquéreurs ont été approuvés par le Board of Investment à la fin du troisième trimestre de 2016. Est-ce une indication que le secteur reprend du poil de la bête ?
Définitivement ! Ce qui ne peut qu’être positif pour l’économie.

Après l’annonce des mesures budgétaires, les opérateurs ont noté une certaine reprise dans le secteur. Quelle est la situation actuelle ?
Si on prend l’ensemble de l’année, les activités des agents immobiliers en 2016 ont été très lentes. Il faut dire qu’aujourd’hui, le marché est partagé avec des agences internationales et des groupes sucriers qui ont leur propre département de marketing et de vente. Reprise, il y aura, mais cela prendra du temps. On ressentira les effets positifs des mesures prises dans le secteur qu’au début de 2017 voire au milieu de l’année prochaine.

Parlons des prix des terrains et des biens immobiliers, la spéculation mène-t-elle toujours la danse ?
Cela a toujours été le cas, car Maurice est un petit pays avec un nombre limité de terrains résidentiels, excluant les terrains agricoles. Il ne faudra pas s’attendre à du changement. Les prix continueront à augmenter.

2017 devrait être synonyme du démarrage de plusieurs chantiers. Dans quelle mesure l’immobilier devrait-il en bénéficier ? 
Si les agents immobiliers sont agressifs sur le terrain, ils pourront avoir un peu plus de pain sur la planche.