Le regard vif et espiègle, le rire franc et contagieux, Jean Claude est une vraie boule d’énergie qui respire la joie de vivre. Et pourtant, la vie ne l’a pas gâté. Portrait d’un homme que l’on dit « handicapé » mais dont le parcours est avant tout extraordinaire.
Publicité
«J ean est mon prénom et Claude est mon nom. » C’est en riant de bon cœur qu’il souligne ce détail. S’ensuivent des anecdotes, les unes plus drôles que les autres, au sujet de son nom, qui effectivement peut prêter à confusion. Le ton est donné.
C’est dans la bonne humeur, sans gêne ni complexe que Jean Claude raconte sa vie d’handicapé. Il est né en 1951 à Mahébourg et est victime de la polio à l’âge de trois ans. Il en garde des séquelles au niveau de la motricité de ses membres.
Malgré son handicap, il suit une scolarité normale jusqu’au School Certificate. « Je dois saluer mes parents qui ont vu dans l’éducation une voie de sortie pour l’enfant que j’étais », dit le sportif.
C’est justement dans l’éducation que Jean Claude fera carrière, comme enseignant puis maître d’école. Plus de 40 ans dans l’enseignement, deux mariages, quatre enfants et cinq petits-enfants… Jean Claude aurait pu s’en contenter, mais c’était sans compter sur sa fibre sociale et son envie de changer le monde.
Et pour ce faire, il n’a pas choisi la facilité mais l’effort. « Le sport m’a permis de voir le monde. Autrement, je n’aurais jamais pu visiter autant de pays : l’Australie, le Singapour, Madagascar, La Réunion, l’Algérie, l’Afrique du Sud... C’est ce qui m’a aidé à mener mon combat pour l’intégration des handicapés. » En effet, avec un ami du village, Jean Claude fonde la Dolphin Wheelchair Association de Mahébourg, dans les années 80.
Tout commence en 1979 quand il rencontre un autre handicapé, très connu à Maurice, Jacques Lim Kee. « J’avais 28 ans, j’étais en instance de divorce et au creux de la vague. Cet homme allait me tirer vers le haut. » Déjà membre de la première et unique association de Maurice pour les handicapés et les malades, il embarquera Jean Claude dans l’aventure du handisport. « L’événement de ma vie de sportif, c’est ma médaille de bronze aux Jeux d’Afrique en Afrique du Sud en 1999. Un moment très fort. Je m’en souviens comme si c’était hier. » Une émotion tellement forte et bouleversante qu’il décide d’abandonner la compétition et de se consacrer à la formation.
Scoutisme
C’est ainsi qu’il devient coach de natation aussi bien pour les handicapés que les gens sans handicap. « Nous avons aussi lancé le basket-ball en fauteuil roulant et plus récemment, le tennis »,lance-t-il fièrement. Parallèlement, pour inculquer à ses écoliers le sens de la discipline, Jean Claude lance un groupe de scout à Mahébourg. Pour un meilleur accompagnement, il prêtera même serment à l’âge de 60 ans. En fait, pour la bonne cause, Jean-Claude ne recule devant rien. Il a appris à lire et à écrire la musique pour la transmettre à ses élèves du club de musique lancé à l’école de Vieux Grand-Port.
L’enseignement et le travail social pour Jean sont indissociables. C’est ainsi qu’en 2010, il s’est lancé un énorme défi pour venir en aide à un petit écolier atteint de leucémie. Il a traversé à la nage la baie de Mahébourg, de l’île-aux-Fouquets à la Pointe-des-Régates. « J’ai nagé neuf kilomètres non-stop pour recueillir des fonds et le petit garçon a pu se rendre en Inde pour se faire soigner. Malheureusement il est décédé par la suite. Mais en m’engageant pour cet enfant, je me suis rendu compte qu’il y a quelque chose qui ne tournait pas rond dans notre société. C’est terrible pour des parents de devoir avoir recours à des levées de fonds pour faire soigner leurs enfants. Cela devrait relever de la responsabilité de l’État », dit-il.
Ainsi, pour alerter l’opinion publique et conscientiser les Mauriciens à la cause des maladies inopérables dans l’île, il se lance un an après dans une folle aventure : le tour de l’île en trois jours en fauteuil roulant.
Aujourd’hui à 66 ans, Jean se dit fier de tout ce qu’il a accompli et souhaite que la relève soit assurée. « Mon handicap n’a pas été un obstacle. Bien au contraire. J’ai pu faire tout ce dont j’ai rêvé et même plus. » Ainsi son souhait le plus cher est que les jeunes handicapés inactifs prennent conscience de leur aptitudes et se lancent dans la pratique du sport. « Il y a beaucoup de perspectives et je voudrais qu’ils les découvrent. Le sport est ‘LE’ moyen d’intégration pour nous. Le sport m’a sorti de mon isolement et m’a permis de vivre pleinement ! » renchérit-il, plein d’optimisme.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !