Engagé dans un bras de fer syndical avec l’ASP Tuyau, l’inspecteur Jaylall Boojhawon garde la tête sur les épaules. Connu pour sa franchise et son dévouement pour le bien-être des membres de la force policière, il espère pouvoir compter sur le soutien de ses pairs dans son inlassable combat pour la mise sur pied d’un syndicat de police. Il nous raconte, dans ce qui suit, son parcours et relate une tranche de sa vie…
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L’inspecteur Jaylall Boojhawon fait partie des policiers les plus populaires à Maurice. Connu pour son combat afin que les policiers puissent avoir le droit de se syndiquer, il a connu une petite victoire le 30 novembre dernier quand le parlement a voté unanimement le Police (Membership of Trade Union) Bill.
Comptant 26 ans de service, il a eu l’occasion de travailler dans divers postes de police à travers le pays, à l’ERS, à l’Enquiry Panel, à la Special Mobile Force, à la brigade criminelle, entre autres. Promu au rang d’inspecteur en mars dernier, il agit actuellement comme procureur en cour intermédiaire. En août 2006, il est recruté par l’ICAC comme enquêteur et après 3 ans, il retourne aux casernes centrales pour diriger la ‘Police Federation’. « Tout est parti de là. En décembre 2010, j’ai constitué mon équipe de la Police Officers Solidarity Group (POSG) et brigue les suffrages aux élections. Je me souviens que nous avions remporté les élections par 16-2. La masse s’était ralliée derrière nous parce que dans notre manifeste pré-électoral, j’avais promis à mes collègues que j’allais saisir la Cour suprême afin que les policiers puissent avoir le droit de se syndiquer », nous raconte-t-il.
Ainsi, après avoir remporté les élections, l’inspecteur Boojhawon tente de faire bouger les choses en faveur de ses collègues, mais nous dit s’être heurté à une hiérarchie très complexe. « On m’avait empêché de parler à la presse mais je n’ai jamais abdiqué. Comme promis, en septembre 2012, j’ai saisi la Cour suprême pour un syndicat de police avec l’aide des avocats Rama Valayden, Neelkanth Dulloo et Kaviraj Bhukoree. Mais, c’est le début d’un calvaire. J’ai été harcelé par mes supérieurs afin que je retire l’affaire en cour. J’ai dû même faire face à des comités disciplinaires. Mais j’ai tout le temps résisté », soutient l’inspecteur de police.
Le POSG au service des policiers
En décembre 2013, son équipe de la POSG brigue encore les suffrages contre le groupe de l’inspecteur Ranjit Jokhoo. Cette fois-ci, la victoire est nette et sans bavure avec un cinglant 18-0. « C’était la première fois qu’une équipe remporte un deuxième mandat de suite aux élections de la Police Federation. Je devais sa réélection à une proximité avec mes collègues et un bilan favorable », dit-il. Son équipe de la POSG organise souvent des événements pour ses membres et leurs proches.
À titre d’exemple, l’inspecteur nous dira que le 13 mars dernier, quelque 300 familles des policiers s’étaient réunies au « Dora Farmhouse » pour un « Independence and Family Day », où diverses activités étaient organisées. « C’était un franc succès. Cette année, le POSG organise un ‘X-Mas & End of Year Party’ le mercredi 28 décembre, avec au programme des spectacles de magie, des cadeaux pour les enfants et ceux qui ont réussi aux examens du CPE, une tombola et un orchestre composé exclusivement des policiers. Toutes les activités sont placées sous un même thème : la solidarité », souligne-t-il.
Faire avancer les différentes causes
Désormais, l’inspecteur Jaylall Boojhawon attend avec impatience la promulgation de la Police (Membership of Trade Union) Act, pour constituer son équipe qu’il va lui-même présider. Il dit croire fermement que la majorité des membres se rallieront derrière lui pour un syndicat de police unique, solidaire et fort afin de faire bouger les choses à vitesse grand V dans l’intérêt de ses 13,000 collègues.
« La Police Federation a ses limites. Par exemple, ses règlements sont faits par le commissaire lui-même et les items à être discutés devaient obligatoirement avoir son approbation. Aussi, la fédération roule sans le moindre sou et n’a pas le droit de tenir une assemblée des membres et ne peut revendiquer ses droits. Mais, maintenant avec le syndicat, il sera plus facile de faire avancer les différentes causes en faveur des policiers. Mon équipe a une liste de priorités pour toutes les unités de la force policière et on travaille déjà sur une assurance médicale pour nos membres et leurs proches », nous fait savoir l’inspecteur Boojhawon.
Sportif, intello et mélomane…
Jaylall Boojhawon, appelé affectueusement Sanjeev par ses proches, est né le 15 mars 1969 à Mahebourg, d’un père laboureur et d’une mère femme au foyer. Il connut la misère d’une famille modeste. Le jeune Jaylall a fréquenté l’école RCA du village avant de poursuivre ses études secondaire au collège Hamilton, où il rafle tous les prix lors des concours des Chiffres et des Lettres et brille aussi sur le plan sportif. Il rafle même un « Best Actor Award » lors des compétitions inter-collèges.
En 1988, il décroche brillamment 12 unités au School Certificate (SC), soit le meilleur résultat de la région. Il entame son HSC à la Sookdeo Bissoondoyal SSS à Rose-Belle. « Je me souviens encore d’une anecdote lors de ma dernière année du HSC. J’accompagnais mon ami Pierre à la Public Service Commission (PSC) à Curepipe où il devait se munir d’un formulaire afin d’intégrer la force policière. Il m’avait dit de remplir un formulaire également mais je n’y tenais pas vraiment. Sur son insistance, j’ai envoyé ma candidature sans grande conviction. J’ai finalement eu une réponse favorable et c’est ainsi que j’ai intégré la police », se souvient-il. En janvier 1990, il reçoit sa « Letter of Appointment » et il intègre la force policière le 1er février 1990. « C’était un jeudi et c’est aussi le jour où on célèbre l’abolition de l’esclavage. C’est très symbolique dans la mesure où j’ai toujours lutté pour alléger les souffrances de mes collègues », dit-il encore.
Par ailleurs, il est bon de souligner que l’inspecteur Boojhawon est titulaire d’une licence en ‘Police Studies’, d’un LLB et fait actuellement des études pour une maîtrise en droit. Aussi, il a été un sportif hors pair au sein de la force policière, que ce soit en athlétisme, en football ou en volleyball. Il a été pendant plusieurs années médaillé d’or en différentes catégories (800 m, 1500 m et le cross-country). Depuis 22 ans, il préside le Mahebourg National YC, un club sportif de sa région, qui a même joué en Division 2 et où il agit en tant qu’entraîneur.
En dehors du cadre professionnel, Jaylall Boojhawon aime chanter et lors des mariages de ses amis ou un membre de la famille, il n’hésite pas à mettre ses talents de mélomane en avant et ce, pour le plus grand plaisir des invités. Il connaît plusieurs chansons de Bollywood par cœur et accompagne ses chants par quelques pas de danse. « Une fois, j’ai commencé à chanter dans un mariage où j’étais invité et les gens n’ont pas voulu que j’arrête. Zot dire mo kone mette l’ambiance », dit-il avec un large sourire.
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