Interview

Jayen Chellum (secrétaire général de l’ACIM): «L’inflation va grimper en 2016»

Les Mauriciens au bas de l’échelle ne verront pas leur pouvoir d’achat augmenter cette année, affirme Jayen Chellum. Compte tenu de l’appréciation du dollar face à la roupie, le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) craint une série d’augmentations des prix dans les mois à venir.
Comment devrait évoluer le pouvoir d’achat du Mauricien en 2016 ? Si on se base sur le dernier ‘Household Budget Survey’ de Statistics Mauritius, il est clair qu’une partie de la population a vu ses revenus grimper par rapport à ceux au bas de l’échelle. Son pouvoir d’achat ne sera donc pas affecté sensiblement. Par contre, le pouvoir d’achat de ceux au bas de l’échelle sera affecté d’autant plus qu’une bonne partie de leurs revenus est utilisé pour l’achat des produits alimentaires.
[blockquote]« Ceux au bas de l’échelle n’ont pas la possibilité d’épargner avec la hausse des prix des produits de consommation » [/blockquote]
[row custom_class=""][/row] Selon la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), les produits alimentaires coûteront plus cher cette année. Partagez-vous le même point de vue ? Nous avons vu une augmentation des prix des produits alimentaires durant les quatre trimestres de l’année 2015 avec exceptionnellement quelques baisses de prix sur le lait. Nous devrions connaître la même tendance cette année. D’une part,  parce que le taux du dollar face à la roupie mauricienne devrait s’apprécier davantage. De l’autre, parce qu’il y a une politique de libéralisation des prix sur la plupart des produits et un manque de volonté du gouvernement d’agir sur la question. N’oublions pas que certaines grosses compagnies importatrices ou productrices dominent le marché. D’une certaine façon, elles dictent la tendance des prix à être pratiqués. 2015 a été caractérisée par un faible taux d’inflation et l’appréciation du dollar vis-à-vis à la roupie. Quelle devrait être la situation en 2016 ? Le taux d’inflation est une moyenne qui est basée sur un panier de produits et services touchant différents groupes de revenus de notre société. Or, quand on considère qu’une bonne partie des ménages touche moins de Rs 14 000 par mois, il est clair que même si l’inflation est faible, cela affectera quand même ceux au bas de l’échelle. Nous pensons qu’avec l’appréciation du dollar face à la roupie, l’inflation sera plus élevée qu’en 2015. Dans les grandes surfaces, les opérateurs ont enregistré une légère hausse de leur chiffre d’affaires fin 2015. Comment interprétez-vous cette donne ? C’est un peu normal que la consommation augmente en fin d’année avec le paiement du boni de fin d’année et le contexte des festivités. Il y a aussi la possibilité que certains produits aient vu leur prix grimper. Ce qui explique en partie la hausse du chiffre d’affaires des grandes surfaces. Généralement parlant, les dépenses sur les produits alimentaires, le transport, le loyer, l’éducation, la santé, l’eau, l’électricité, les boissons alcooliques et le tabac ou encore la communication affichent une certaine constance. Ceux qui ont des revenus raisonnables peuvent dépenser et en même temps économiser. Par contre, ceux au bas de l’échelle doivent réduire leur budget sur les dépenses de moindre importance et n’ont pas la  possibilité d’épargner avec la hausse des prix des produits de consommation. Le salaire de base de 100 000 employés sera revu à la hausse, soit à au moins Rs 6 500 par mois. Devrait-on voir une amélioration du niveau de vie des Mauriciens ? Il y aura certainement une légère amélioration, mais elle sera absorbée dans quelque temps quand on sait que les prix augmentent sensiblement dans l’absence d’une vraie compétition et de l’intervention gouvernementale pour freiner la libéralisation effrénée.
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