Interview

Jayen Chellum : «Protéger les consommateurs n’est pas la priorité des autorités»

Jayen Chellum

Le secrétaire-général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), Jayen Chellum, dresse un bilan de la protection des consommateurs en 2018.  Il regrette l’absence d’une nouvelle loi y relative.

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Quel regard jetez-vous sur la situation des consommateurs en 2018 ?
Je suis très déçu, depuis quatre ans nous attendons l’adoption d’une loi sur la protection des consommateurs.  Une ébauche de loi a été préparée sous l’ancien régime, à l’arrivée de l’actuel gouvernement au pouvoir en 2014, un comité ministériel a été mis sur pied.  Hélas, la nouvelle loi se fait attendre.  Le National Price Consumer Council ne fonctionne pas non plus à merveille. Les suggestions des associations de consommateurs ne sont pas prises en considération. Nous avions proposé l’institution d’une instance comprenant des membres du ministère de la Santé, celui du Commerce et de l’Agro-industrie pour veiller sur la qualité des produits vendus dans le commerce, là aussi, on attend toujours. J’ai l’impression que la protection des consommateurs n’est pas une priorité du gouvernement.

Qu’attendez-vous d’une nouvelle loi sur la protection des consommateurs ?
Le monde du commerce est en constante évolution en raison des nouvelles technologies. Il faut de nouveaux règlements pour assurer une meilleure protection des consommateurs. Les achats en ligne sont devenus monnaie courante et il faut un cadre  légal pour protéger les consommateurs. Idem pour les paiements effectués via son cellulaire ou à travers des cartes de crédit pour des achats de l’étranger.

Je connais des personnes qui ont perdu leur argent à cause d’une simple erreur de touche. Il serait préférable qu’on introduise le système de double click pour effectuer une transaction en ligne et la possibilité de retourner un article acheté en ligne dans un délai raisonnable. Il importe d’instaurer un système de rétractabilité pour éviter que les gens se fassent arnaquer.  Les autorités doivent mener des campagnes de sensibilisation au niveau national pour assurer l’éducation du public sur les achats en ligne. 

N’est-ce pas aussi le rôle des associations de consommateurs ?
Nous faisons le maximum avec nos moyens de bord.  Je souhaite que le gouvernement nous accorde plus de facilités afin que nous aidions davantage les consommateurs.

En 2018, le gouvernement a introduit le salaire minimal, l’impôt négatif, et récemment Rs 400 en guise de compensation pour la perte du pouvoir d’achat. N’est-ce pas une façon de protéger les consommateurs ?
Je ne dis pas le contraire.  Toutefois, le salaire minimal et l’impôt négatif visaient les salariés se trouvant au plus bas de l’échelle et qui représentent   100 000 personnes sur une population active de 550 000. Certes, le gouvernement a fait un effort, mais il faut reconnaître qu’une grande partie vivent toujours à la limite de la misère.  Pour moi, une personne est pauvre si elle n’a pas accès à des produits de consommation de qualité. Combien de personnes ne peuvent acheter des produits de premier choix?   Ceux de la classe moyenne n’ont pratiquement rien reçu, à part de petits ajustements sur l’impôt sur les revenus. Outre les hausses successives des prix, ils sont écrasés par le prix des carburants et autres.

2018 a aussi été marquée par une série de manifestations menée par l’Acim, notamment contre la hausse des prix des produits pétroliers, la privatisation de la Central Water Authority (CWA) et le métro léger. Il semble que le gros de la population ne s’est pas rallié derrière vous. Êtes-vous déçu ?
Notre combat n’a pas cessé pour autant et nous continuerons à lutter pour assurer une meilleure justice sociale.  Certes, pour une raison ou une autre, on n’a pas attiré la grosse foule, mais on est satisfait du résultat lorsqu’on écoute les interventions du public sur les ondes des radios privées.

 

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