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Jayen Chellum : «Le 14e mois ne doit pas devenir une règle générale…»

Le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum, explique la faible mobilisation des citoyens dans les rallyes de protestation. Il aborde aussi d’autres sujets, dont le paiement du 14e mois qui fait débat actuellement. 

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Comment expliquez-vous le silence de l’ACIM dans son combat contre les prix exagérés des produits pétroliers ? Est-ce le calme avant la tempête ? 
Ce silence ne veut nullement dire que nous avons baissé les bras car le prix de l’essence est toujours élevé sur le marché local par rapport au coût du baril de pétrole sur le marché pétrolier. Cela dit, nous travaillons actuellement sur des stratégies dans le but de mobiliser un maximum de personnes lors de nos futures actions sur le terrain. 

Est-ce que cela va comprendre des meetings et autres rassemblements dans les différents quartiers des villes et des villages ?
C’est sûr que nous serons bien plus présents sur le terrain en 2024, qui pourrait coïncider avec la tenue des élections générales. Ce qui explique aussi notre silence, c’est que dans l’éventualité que le pays aille aux urnes l’année prochaine, les différents partis politiques occuperaient déjà le terrain politique et il nous serait difficile de mobiliser les gens à nos manifestations. Donc, suivant l’évolution de la situation dans l’arène politique, l’ACIM fera entendre davantage sa voix sur le terrain dans les mois à venir avec un front élargi. Malgré les divers obstacles, l’ACIM reste la seule organisation à être constamment sur le terrain pour mener le combat contre le prix que je qualifie d’abusif de l’essence. 

On constate que sauf de rares exceptions, il y a une faible mobilisation aux différents rallyes de protestation organisés par l’ACIM. Est-ce là les conséquences d’une société de consommation à outrance ?
On ne peut jeter le blâme uniquement sur la société de consommation. Il y a d’autres facteurs qui ont refroidi les ardeurs de la population, notamment un climat de frayeur qui l’empêche de s’exprimer ouvertement. Je dirais également que dans une société de consommation, plus les gens se sentent dans un confort relatif, plus ils se désintéressent du combat pour une cause commune. 

Il y a aussi le fait que les travailleurs préfèrent effectuer des heures supplémentaires pour pouvoir joindre les deux bouts que de prendre part à des manifestations…
C’est aussi un fait indéniable. Dans une société que je qualifierais de surconsommation, se laissant influencer par le système de vente à tempérament, les consommateurs ont toujours tendance à acheter davantage, quitte à s’endetter, pour jouir d’un certain confort à la maison. En retour, les chefs de famille sont contraints de faire des heures supplémentaires et même de travailler à des heures indues pour payer leurs mensualités auprès des maisons de commerce. Ce qui explique en partie la faible mobilisation dans les manifestations tant au niveau syndical qu’au niveau des associations de consommateurs, entre autres. 

Malheureusement, le gouvernement ne semble pas avoir de volonté politique pour présenter une nouvelle législation pour assurer une meilleure protection des consommateurs. 

D’autres choisissent de subir les effets de l’inflation en silence…

C’est certain et j’espère qu’à mesure que les élections générales approchent, ils sortiront de leur silence pour faire entendre leur voix face à un gouvernement qui semble avoir donné carte blanche aux commerçants pour jouer sur les prix dans le commerce. Malheureusement, le Household Budget Survey, qui devait se faire en 2023, a été renvoyé en 2024 après le dernier exercice qui a eu lieu en 2017. Cela aurait démontré le niveau réel de la perte du pouvoir d’achat, surtout dans la classe moyenne et les plus défavorisés de la société. Je pense que ces derniers dépensent plus de 60 % de leurs revenus dans la consommation en 2023, contre 45 % en 2019. 

Que pensez-vous de la proposition de l’octroi d’un boni de 14e mois ?

J’estime que les compagnies qui ont réalisé de gros profits peuvent offrir un 14e mois à leurs employés. D’ailleurs, certaines entreprises le font déjà et offrent même plus que le 14e mois. Toutefois, je ne pense pas que cela doit devenir la règle générale, afin de ne pas mettre en péril l’existence même des autres sociétés, et particulièrement les petites et moyennes entreprises. 

Cela dit, je trouve que le gouvernement dispose de suffisamment d’argent via les revenus énormes sur la TVA et autres taxes, sans compter les fonds qui ont été votés dans le Budget pour la concrétisation de projets et qui n’ont pas été utilisés ou entièrement utilisés.

 

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