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Jayen Chellum : «La diminution de l’inflation n’équivaut pas à une baisse de prix»

Le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’Ile Maurice (ACIM), Jayen Chellum, insiste sur le contrôle des prix ou sur un maximum mark-up, en vue d’une baisse des prix dans le commerce.

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En dépit de l’annonce d’une baisse de l’inflation, on constate que les prix continuent de grimper dans le commerce. Comment expliquez-vous cette situation ?
Il faut comprendre qu’on parle d’une baisse dans le pourcentage de l’inflation et que les prix ne vont pas baisser dans le commerce. En fait, de mars 2023 à mars 2024, le taux de l’inflation a enregistré une hausse de 5,8 % contre 11,1 % pour la période de douze mois se terminant à mars 2023. 

Quel est le constat de l’ACIM concernant la hausse des prix dans le commerce ?
Nous avons entrepris diverses études dans différents commerces. Et malheureusement, on a constaté que les prix des produits alimentaires, des médicaments et des services ont augmenté considérablement. 

Par rapport aux légumes, je n’hésiterais pas à parler des hausses de prix abusives. Certes, on doit comprendre que des plantations ont subi des dégâts. Mais comment expliquer cette grande différence entre les prix des légumes vendus en gros et au détail ? 
Je profite aussi de l’occasion pour dénoncer les médecins qui pratiquent dans le privé et qui réclament les mêmes honoraires à un patient lors de chaque visite médicale. Je m’explique, pour la première consultation, auparavant le médecin réclamait une certaine somme à son patient. Celle-ci diminuait par la suite pour les autres rendez-vous. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Ce qui finalement coûte aux patients les yeux de la tête. De plus, les prix des médicaments dans les pharmacies privées sont élevés. J’ai soulevé la question avec le ministre des Finances lors des dernières consultations budgétaires et il s’est montré très compréhensif. Je souhaite maintenant qu’il va prendre des mesures dans son prochain budget pour assainir la situation. 

Selon vous, que doit faire le gouvernement pour faire baisser les prix ?
D’abord, la Banque de Maurice doit intervenir pour freiner la dépréciation de la roupie vis-à-vis des principales devises et en particulier du dollar américain. Dans la matinée de lundi, en consultant les taux de change, j’ai constaté qu’un dollar coûtait Rs 46,79, alors que quelques jours auparavant, il était à Rs 45. Ce qui est néfaste pour nos importations. Maurice importe plus de 70 % de son alimentation. Lors de ma rencontre avec le ministre des Finances, j’ai aussi plaidé pour que le gouvernement enlève la taxe sur les produits alimentaires en boite de conserve. Ils sont grandement utilisés par les plus pauvres. Je cite entre autres les conserves de pommes d’amour. 

Je souhaite aussi que le gouvernement impose un contrôle des prix ou un maximum-mark-up sur les œufs, les viandes, le poulet et les autres produits qui sont en situation de monopole à Maurice. Il doit aussi veiller à ce que les réductions du prix du fret se répercutent sur les prix des produits importés. Malheureusement, les commerçants usent de toutes sortes d’astuces pour ne pas baisser leurs prix de vente au détail. 

On constate aussi que les prix des farathas, dholl puris et des beignets, entre autres, sont restés inchangés, en dépit de la baisse du prix de l’huile comestible…
Comme vous le savez, l’ACIM ne cesse de dénoncer le fait que les marchands des farathas, dholl puris, des beignets et même des petits restaurants ne cessent de faire la pluie et le beau temps. Ce sont principalement les salariés qui consomment leurs produits à l’heure du déjeuner qui en font les frais. Suivant la hausse des prix de l’huile, une paire de dholl puris est passé de Rs 10 à Rs 20 et malheureusement, les marchands n’ont pas revu leurs prix à la baisse quand le prix de l’huile a baissé. Cependant, je connais des marchands qui vendent toujours leurs beignets à Rs 2,50 et leurs farathas et dholl puris à Rs 10-12 et qui me disent qu’ils font toujours des profits. J’espère que le gouvernement va ouvrir les yeux sur ce commerce lucratif et prendre des mesures correctives pour prévenir ces abus dans le secteur de la restauration rapide.

Quid des produits pétroliers ?
L’ACIM maintient que les prix de l’essence et du diesel sont excessivement élevés à Maurice, en raison d’une surtaxation imposée par le gouvernement. On constate que les prix sont relativement stables, malgré la situation au Moyen-Orient. Ce matin, le prix du Brent est à 89,50 dollars le baril. J’ai eu l’occasion de soulever la question avec le ministre des Finances et j’espère qu’il va prendre des mesures dans son prochain budget pour faire baisser les prix des produits pétroliers. Au niveau de l’ACIM, nous étudions de près la situation et nous n’écartons pas des manifestations de rue pour maintenir la pression sur le gouvernement. 

 

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