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Jason Adu : la traversée d'un orphelin

association sin-fat L'association Sin-Fat s'engage pour le bien-être communautaire.
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Il n’avait que quelques jours lorsqu’une lettre est arrivée à Maurice, indiquant que son père est décédé des suites d’une crise cardiaque en Angleterre. Alors qu'il n'a que trois ans, sa mère, lasse des problèmes familiaux, commet l’irréparable. « Cette vulnérabilité aurait pu mal tourner », confie Jason Adu (28 ans), qui est aujourd’hui cadre dans une banque commerciale.

La réalité imposée est étouffante : le décès de son père et la mort tragique de sa mère alors qu’il n’était qu’un enfant.  «Mon père était ingénieur, il était en mission à Maurice. Lors de son passage, il a rencontré ma mère. De cette union, je suis né. »

Son père était Nigérien. Jason confie que son souhait est de retracer un jour son arbre généalogique. Toutefois, en attendant, il parle aujourd’hui d’un sujet douloureux : une enfance difficile. Débuter dans la vie dans de telles circonstances peut laisser des séquelles, soutient Jason Adu. Ce dernier ajoute que cette blessure intime guérira une fois qu’il aura fait le deuil de ses parents. Il aurait tellement voulu les avoir à ses côtés, mais, hélas, les deux sont décédés.

Jason Adu a grandi avec sa grand-mère Nadège à Sin Fat, un quartier de Grand Gaube. À la fois père et mère, cette dame au cœur de velours, aujourd’hui âgée de 70 ans, a été la bonne fée qui a rempli de magie la vie de son petit-fils Jason. Elle a veillé à ce qu’il ne manque de rien, tant sur le plan émotionnel que matériel.  

Jason Adu a perdu ses parents alors qu'il n'était qu'un enfant
Jason Adu a perdu ses parents alors qu'il n'était qu'un enfant.

Un grand merci à ma grand-mère 

Au fil des années, grâce au soutien indéfectible de sa grand-mère et de quelques bons samaritains, Jason a pu, avec de la détermination, surmonter cette épreuve douloureuse. « Ma grand-mère a pris en charge ma scolarité. Elle m’a donné les clefs pour mon avenir. Je lui voue une éternelle reconnaissance pour ce qu’elle a fait pour moi. »

Jason Adu a effectué son Certificate of Primary School à l’école Jean Eon RCA School et le secondaire au collège Bujhoharry. Il est passionné par le droit, mais il n’a pu poursuivre des études dans ce domaine. Toutefois, il compte bien les reprendre un jour. Ce projet fait partie de l’un de ses objectifs à atteindre.

Entre-temps, il se dévoue à changer la vie de ses pairs. « J’ai pu rendre le cours de ma vie différente et, depuis six ans, je suis chargé de clientèle dans une banque, après avoir passé deux ans dans des centres d’appels. Maintenant, c’est à mon tour de donner ce que j’ai reçu aux habitants de Sin-Fat », dit Jason Adu.

S’engager pour le bien-être communautaire 

Le quartier de Sin-Fat puise son nom d’une ancienne boutique chinoise. Quelque 538 personnes y vivent, selon les statistiques de 2017, explique Jason Adu. Il indique que la majorité des habitants sont des retraités, tandis que les autres gagnent leur vie en tant que pêcheurs, maçons et ouvriers de travaux manuels, entre autres. Certains jeunes travaillent dans des bureaux, mais Jason Adu est, toutefois, le seul à travailler dans une banque.
Jason Adu avait 20 ans lorsqu’il a rejoint l'Association de Sin-Fat en tant que président. Ensuite, il s’est dit pourquoi ne pas œuvrer dans le social. C’est ainsi qu’il travaille au sein de cette association qui œuvre pour le développement communautaire. Cette initiative débute avec le soutien des sponsors, dont le Rotary Club de Grand-Baie, pour la construction de 19 toilettes dans la localité.  Cependant, il affirme que ce n’est qu’après une restructuration en 2017 que l’Association de Sin-Fat a redéployé ses ailes pour l’organisation d’activités sur une base fréquente pour ses habitants.

Les priorités de l’Association Sin-Fat

jason adu

Les axes prioritaires de cette association à but non-lucratif sont l’éducation, le logement, l’infrastructure, l’environnement, le combat contre la drogue et le transport. « Nous œuvrons par rapport aux besoins des habitants de la localité. On recueille leurs suggestions et leurs doléances. Ensuite, un comité central fait une évaluation des sous-comités comprenant des habitants en s’assurant de l’exécution du déroulement des activités par rapport aux axes prioritaires ». 

 

Jason Adu, le président de l’Association Sin-Fat, est reconnu pour sa force de caractère. Il avoue en éclatant de rire : « Je n’hésite pas à donner des coups de bâton pour que le travail soit fait correctement, ce, dans l’intérêt des habitants. Il y a bien sûr des choses réalisables et non-réalisables. La divergence d’opinion est inévitable, mais nous œuvrons en accord avec la communauté. On les inonde avec une multitude d’activités pour une meilleure participation de leur part. »

Journées de nettoyage du quartier, accompagnement de la jeunesse, des cours d’alphabétisation pour les adultes, l’amélioration des infrastructures publiques et bien d’autres activités sont à l’agenda de l’association de Sin-Fat qui a pour mission la valorisation de ses habitants. Pour le jeune habitant de Sin-Fat, c’est son devoir en tant que citoyen.

« Le quartier est dépourvu et on peut uniquement faire une différence si ses habitants y mettent du sien. On n’est pas dans l’assistanat, mais nous favorisons l’engagement de chacun d’entre nous ». 

 

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