Pour sa seconde grève de la faim après 14 ans, Jane Ragoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé, dit ne pas accepter que des femmes affectées au nettoyage des écoles publiques soient pénalisées au profit des nouvelles, venues de nulle part.
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Quel est le fond du problème qui vous a fait recourir à une grève de la faim ?
En 2014, des employées de nettoyage des établissements pré-scolaires nous avaient contactés. Elles décriaient le salaire de Rs 1 000 par mois qu’elles percevaient. Après discussions, leur paie est passée à Rs 1 500. Cela a été ensuite au tour des cleaners des écoles primaires et secondaires, affectées au nettoyage des toilettes et de la cour, de se tourner vers nous. Leur salaire est de Rs 1 500 par mois depuis 2005. Il y a eu une rencontre avec l’ex-ministre de l’Éducation Vasant Bunwaree . Il avait promis de tout revoir, que ce soit les salaires versés à travers la Parent-Teacher’s Association ou les contractuels. Entre-temps, il y a eu les législatives de 2014.
Sa remplaçante a donc pris la relève...
Leela Devi Dookun-Luchoomun nous a dit que les contractuels étaient là, avant qu’elle n’assume son poste de ministre de l’Éducation et qu’elle ne pouvait rien y faire, mais qu’au niveau de la PTA, elle allait éplucher le dossier. Entre-temps, rien n’a été fait jusqu’à la rencontre avec Vishnu Lutchmeenaraidoo, alors aux Finances et des représentants des ministères du Travail et de l’Éducation. Le ministre des Finances décide alors de rétribuer celles affectées aux toilettes selon la loi, soit Rs 8 500 à chacune des 329 employées. Mais rien pour celles qui sont affectées aux cours. On a alors décidé de nous mettre en grève de la faim dès le 28 août.
On fait appel au bon sens du Premier ministre qui prône le combat contre la pauvreté extrême."
Que s’est-il alors passé ?
Le ministère a alors décidé d’employer les yard cleaners, tout en demandant au ministère de l’Éducation d’avoir une dérogation pour les travailleurs au-delà de 48 ans pour qu’ils puissent être employés dans la Fonction publique. Rien pendant sept semaines jusqu’à ce qu’on apprenne que le ministère a recruté 72 autres personnes avec des salaires de Rs 8 500 par mois rémunérées des fonds que le ministère des Finances avait accepté de payer à nos travailleurs. De même que les contractuels allaient être engagés sous un contrat renouvelable sur une base mensuelle, ce qui fait que les yard cleaners allaient continuer à percevoir Rs 1 500 par mois et pouvaient être remerciés à tout moment.
Le ministère de l’Éducation a parfaitement le droit d’embaucher d’autres personnes ne provenant pas du pool de travailleurs sous contrat avec des contractuels… Vous en conviendrez.
On veut licencier pour embaucher des nouveaux. On ne pouvait accepter une telle injustice. D’où notre démarche de nous mettre en grève de la faim illimitée.
Justement, des reproches sont faits à l’égard de certains syndicalistes d’utiliser ce mode de grève de la faim pour mettre le couteau sous la gorge du gouvernement. Vous sentez-vous visée personnellement, de même que votre collègue Reeaz Chuttoo ?
Une grève de la faim ne se fait pas de gaieté de cœur. La dernière fois que Reeaz Chuttoo et moi-même l’avions fait, c’était en 2003. On ne pouvait accepter que le ministère de l’Éducation renverse une décision collective prise et entérinée par celui des Finances, il y a peu. Pensez-vous que je suis heureuse de ne pouvoir célébrer, en tant que Bahai’e, le bicentenaire de la naissance de notre prophète à la maison avec des proches ? Et de célébrer le Divali en famille ? C’est pour cela qu’on fait appel au bon sens du Premier ministre qui prône le combat contre la pauvreté extrême. Ces travailleurs que nous défendons le sont.
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