Jaffar Houssain Sobha: une vie dédiée à la photographie

Chaque jour a été marqué par la photographie : une passion qui ne l’a jamais quitté. Cette année, Jaffar Houssain Sobha – Tibaye pour ses proches – fête ses 50 ans de carrière. Il revient sur ses albums qui font revivre l’île Maurice d’antan. « J’ai vécu en noir et blanc », souligne fièrement le photographe. Et c’est avec beaucoup d’émotions qu’il revient sur ce demi-siècle voué à la photographie. Tout a commencé dès son enfance. « Mon père s’était engagé dans l’armée et après la Seconde Guerre mondiale, il est revenu avec une caméra, la Leica M2. J’étais fasciné par cet appareil photo, mais je n’avais que 7 ans. C’est à 13 ans qu’il m’a autorisé à manipuler l’appareil. J’ai eu mon premier appareil photo à l’âge de 17 ans », se remémore Jaffar Houssain Sobha. Depuis, il a toujours un appareil photo sur lui. Il les collectionne même. Aujourd’hui, il a 300 caméras qu’il conserve jalousement dans sa maison devenue un musée de la photographie à Baie-du-Tombeau. Ses milliers de photos sont réparties par catégorie. « Chacune raconte une histoire différente et avec l’évolution, j’ai vu les choses se transformer autour de moi. Je voulais immortaliser ces souvenirs que les jeunes n’allaient jamais connaître. Ainsi, j’ai pu réaliser toute une collection de photos du Port-Louis d’antan, du temps des charrettes », raconte le photographe avec nostalgie.

Nouvelles technologies

Cette vie fait partie du passé. Idem pour la photographie qui n’a pas cessé d’évoluer, poursuit Jaffar Houssain Sobha. Il a pu continuer, tout en s’adaptant aux nouvelles technologies. « Tout est plus facile. Les appareils sont de plus en plus intelligents, il suffit de photographier une image sans trop d’efforts alors qu’auparavant, il fallait travailler pour trouver la meilleure composition et surtout, la lumière parfaite pour une photo réussie », ajoute-t-il. De plus, il fallait réussir toutes les photos car on utilisait des pellicules photographiques. « De nos jours, on peut faire 500 photos et en choisir les 10 meilleures. Auparavant, on n’avait pas droit à l’erreur et on se devait d’être de meilleurs photographes », estime Tibaye. Autre regret : désormais, les photos ne sont plus imprimées. « Chaque maison avait ses albums. Maintenant, les clichés sont transférés sur ordinateur. On collectionne 500 photos d’un anniversaire sur pendrive. Les souvenirs sont plus tangibles quand on a les photos entre les mains », dit-il. C’est avec un mélange de fierté et de nostalgie qu’il a récemment proposé une exposition sur son passé et sa carrière. Intitulée « J’ai vécu en noir et blanc », l’expo, qui s’est tenue au centre commercial Cascavelle du 6 au 13 février, retraçait les 50 dernières années de sa vie dédiées à la photographie. En attendant d’organiser une autre exposition, Jaffar Houssain Sobha continue d’immortaliser les instantanés de la vie et les imprime afin que les images d’aujourd’hui ne soient pas que de vagues souvenirs pour ses petits-enfants…