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Jack Bizlall: « Une crise sociale si… »

L’observateur politique Jack Bizlall revient sur le retour aux affaires de Pravind Jugnauth, leader du MSM. Pravind Jugnauth a remporté son procès en appel dans l’affaire MedPoint. À quels changements faut-il s’attendre ? Il est effectivement blanchi par la justice. L’on voit déjà des affiches le présentant comme le Premier ministre du pays. Je crois que c’est aller vite en besogne. Nous devons tous comprendre qu’il y a un problème moral à ce qu’il devienne Premier ministre durant ce mandat, sans passer par des élections. On peut aspirer à diriger le pays, mais pour être effectivement aux commandes, il faut briguer les suffrages. Puis, comme l’a dit Pravind Jugnauth lui-même, le Directeur des poursuites publiques est en train d’étudier le jugement. On ne sait pas s’il fera appel. En tout cas, il n’y aura plus de bisbilles au sein du MSM... Tous les membres du MSM sont d’une loyauté extrême envers la famille Jugnauth, même si un groupe peut préférer le père et l’autre le fils. Il n’y a que Roshi Bhadain qui posait problème. Il pensait récupérer les Finances, qui est passé à Pravind Jugnauth. Le différend entre Lutchmeenaraidoo et Bhadain concernant le ministère des Finances est effectivement réglé. Que peut faire le nouveau grand argentier ? On ne peut tout mettre sur le dos du gouvernement. Le monde entier connaît une stagnation économique. L’Europe arrive difficilement à sortir de sa non-croissance. Certes, les états-Unis vont beaucoup mieux. Cependant, une fracture sociale se profile à l’horizon, car beaucoup de gens tombent dans la précarité. Même la Chine connaît une décroissance. À l’exception du Bhutan, qui est une économie que je qualifie de naturelle, c’est la crise partout. Maurice, niché dans l’océan Indien, est en décalage économique. Jusque-là, notre économie a tenu le coup artificiellement. Mais le nouveau gouvernement a commis l’erreur de s’attaquer aux secteurs informels, qui jusqu’ici ont soutenu notre économie. Sans compter qu’il oppose les secteurs hors production aux secteurs de production. Puis, il n’y a pas assez de soutien à l’agriculture ou au secteur manufacturier. Certains évoquent un regain de popularité du PTr. Est-ce le cas ? Le PTr doit rester là où il est aussi longtemps que Navin Ramgoolam sera à sa tête. Il dilapide ce que les autres ont construit. Ses proches collaborateurs et lui doivent partir et laisser la place aux vrais travaillistes. Qu’en est-il du MMM ? Force est de constater que les mauves remontent la pente. Il y a, au moins, des commentaires positifs. Le MMM reste expert dans l’art du hara-kiri. Sa seule chance, c’est de repenser son idéologie en se construisant sur le travaillisme et le militantisme. Attendons voir ! Avec le retour de Pravind Jugnauth au Conseil des ministres, le gouvernement a trois ans pour se refaire une santé politique... Le problème de l’Alliance Lepep, c’est qu’elle a obtenu l’adhésion de la population par défaut. Celle-ci rejetait le projet de bricolage de la Constitution par Ramgoolam et Bérenger. Elle capitalise sur l’absence de clarté sur le plan politique, ainsi qu’une alternance crédible. Jusqu’à quand peut-elle se permettre d’avoir plusieurs ministres qui ne maîtrisent pas leurs dossiers ? Puis, l’Alliance Lepep comprend trop d’extrêmes, qui monopolisent le débat et empêchent le gouvernement de réfléchir et de débattre des sujets sensibles. Que faut-il attendre du prochain budget ? Il s’agit simplement d’un exercice de comptabilité entre les revenus et les dépenses. Il faut un ministère du Budget et du Plan. Actuellement, le budget est un costume trop large ou trop serré qu’on essaie de rafistoler pour le rendre présentable. Cependant, la population suffoque. Une grosse crise sociale est à prévoir, si le gouvernement ne lâche pas un peu de lest.
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