Il s’en va-t-en guerre contre celui qu’il considère comme un faux travailliste. Pour Jack Bizlall, ferrailler avec Arvin Boolell est un moyen de terrasser Navin Ramgoolam lors de la partielle au no 18.
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Vous venez de publier un livre. Cet ouvrage porte-t-il un message particulier à vos lecteurs ?
Le livre s’intitule Auto-initiation à la philosophie et à la connaissance. Il réunit deux textes, un ayant trait à la philosophie de la vie de conciliation et l’autre à la philosophie et la vie. Nous sommes tous philosophes, car nous modulons notre vie selon les questions que nous nous posons sur notre existence matérielle. Chacun trace sa voie selon son choix, même si cela peut paraître réducteur. Karl Marx a dit : « Quittons le domaine de la pensée et entrons dans celui de la vie ». Il a réduit l’humain à sa réalité animale. Politiquement parlant, il a analysé le capitalisme et est arrivé à la conclusion que sans une révolution sociale, le monde finira dans la barbarie. Dans ce livre, je ne fais que raconter ma voie, je juxtapose ce que j’ai vécu.
Sont-ce des pistes pour mieux vous cerner en tant que personnage ?
Je demande à mon lecteur de comprendre que rien n’est monolithique, de ne pas se contenter des dualités, Dieu-Diable, mais de se plonger dans le multidimensionnel. On doit se demander si ce qu’on fait est raisonnable ou pas.
Le lumpenprolétariat comprendra-t-il ce message qui paraît presque codé ?
Je ne crois pas dans la notion de surhomme et de sous-homme. Et Hitler et Nietzche sont racistes, car ils ont pratiqué la différenciation hiérarchisée qui a produit des fondamentalistes et des intégristes (…).
Le livre se vend-il ? Vous avez dit que vous comptiez utiliser les recettes pour financer votre campagne à la partielle au no 18…
Des 1 000 copies publiées, j’en ai écoulé 350 et un deuxième ouvrage sort fin novembre. Il s’intitulera Une auto-initiation à l’être, au réel de la vie à l’espace-temps. Il y sera question de Dieu. Dieu étant un rien de l’esprit pour les religions révélées, le rien n’étant pas le néant, mais un produit de chair et d’os qui a créé l’univers, selon la voie religieuse. J’estime que la vente de mes livres suffira pour financer ma campagne, selon ce que me permet la loi. Je fais ici appel à l’intelligence de l’électorat du no 18, de manière respectueuse, pour qu’il fasse un choix judicieux.
Vous faites aussi appel aux électeurs pour qu’ils se rendent aux urnes pour éviter un fort taux d’abstention ?
À travers mes écrits et mes interventions publiques, les gens savent qui je suis, mais ils ne savent pas ce que je pense. Souvent, les électeurs se font leurrer par des candidats qui cachent leur vie privée. Moi, je suis comme un livre ouvert, je n’ai rien à cacher.
Votre principal thème de campagne ?
Après avoir combattu l’instauration d’une république présidentielle du tandem Ramgoolam/Bérenger, je m’attaquerai à une dynastie et à cette pratique de la monarchie qui veut qu’elle ne s’occupe que de ses intérêts et de ceux de son inner circle. Je m’attaquerai aussi aux partis qui ont construit cette dynastie, à savoir le Mouvement militant mauricien (MMM), le Parti Travailliste (PTr) et le Parti mauricien social-démocrate.
Arvin Boolell est-il le candidat à battre ?
D’abord, Navin Ramgoolam n’est pas un Travailliste dans le vrai sens du terme, contrairement à son père. Il ne sait même pas ce qu’est le travaillisme. Je lui ai, plusieurs fois, demandé de quitter la politique. Qui est Navin Ramgoolam ? Un hédoniste dans le sens large du terme. Navin Ramgoolam doit libérer le PTr. Il est un handicap pour ce parti.
Vous éludez la question sur la présence d’Arvin Boolell au no 18…
Voter Arvin Boolell, c’est voter Navin Ramgoolam. Je me bats contre Arvin Boolell pour que Ramgoolam ne revienne pas.
Le secteur informel, comme les marchands ambulants, brasse un chiffre d’affaires de Rs 50 milliards par an»
Et Roshi Bhadain ?
Bhadain veut imposer l’étatisme avec, pour référence Singapour. Il est dangereux, car sa vision, c’est de concentrer les pouvoirs entre les mains d’une technocratie.
Et les poulains du MMM, du Mouvement Patriotique et de Rezistans ek Alternativ ?
Ils sont très jeunes et n’ont pas de passé politique. Ils souffrent du complexe d’Œdipe.
Venons-en aux négociations pour mettre fin à la grève de la faim des ‘cleaners’. Pot de terre contre pot de fer ?
Il faut savoir qu’il y a deux groupes d’employés qui sont concernés. Le premier concerne 299 femmes cleaners qui s’occupent des toilettes. 137 parmi elles ont été employées, 148 attendent une dérogation du conseil des ministres, car elles sont âgées de plus de 48 ans et 14 auront une compensation parce qu’elles sont âgées de plus de 65 ans. Elles ont toutes un salaire mensuel de Rs 8 500, car elles sont rémunérées par les Parent Teachers’ Associations.
Et la seconde catégorie ?
Elle concerne 333 yard cleaners employées par quatre contracteurs. Celles-ci travaillent à la tâche pour Rs 1 500 comme salaire mensuel. Elles réclament la parité.
Que s’est-il passé lors de la rencontre avec les cadres du ministère du Travail vendredi ?
J’ai fait ressortir que la question n’était pas juridique, mais politique. Est-ce qu’on a encore du cœur ? Peut-on vivre avec Rs 1 500 par mois ? J’ai fait trois propositions : définir le salaire, l’emploi permanent pour ne plus être casual et l’emploi au niveau permanent dans une institution du gouvernement. J’ai déjà une idée où on pourrait les caser. Ce dimanche, il y a une réunion au centre social Marie Reine de la Paix, à Port-Louis. Le but est de faire comprendre qu’il ne faut ne pas usurper le combat de la Confédération des travailleurs du secteur privé. Qu’on arrête la guéguerre syndicale et gardons-nous d’exclure ceux qui veulent se joindre à notre combat.
Comment en est-on arrivé à ces bas salaires ?
Maurice a une économie particulière, avec un secteur privé actif dans certains domaines, un secteur étatique qui emploie des milliers de fonctionnaires, ce qui nous amène à 415 000 employés. Sans oublier d’autres secteurs comme les Petites et moyennes entreprises, les artisans et le secteur informel, notamment les marchands ambulants, qui brasse un chiffre d’affaires de Rs 50 milliards annuellement. Il y a aussi des secteurs qui traînent la patte et qui méritent d’être cross-financed. Donc, nous n’avons pas une économie monolithique.
Les débats sur le salaire minimal traînent. Pourquoi ?
Je siègeais au sein du comité constitué pour établir le salaire minimal, mais je l’ai quitté. Ses membres ne comprennent pas que le salaire minimal doit être de Rs 8 500. Il faut adopter ce principe et travailler sur l’accompagnement, soit les services offerts à travers l’État providence. Ce barème est appelé à évoluer.
Navin Ramgoolam a été formellement accusé vendredi par le Directeur des poursuites publiques (DPP) concernant les Rs 200 millions retrouvées dans ses coffres-forts. Votre analyse ?
Je ne suis pas d’accord sur deux choses avec le DPP : les Rs 220 millions ne sont que le bout de l’iceberg, il fallait demander l’aide d’Interpol pour enquêter sur l’argent que Navin Ramgoolam a déposé dans des banques étrangères et découvrir qui sont ceux qui en ont bénéficié. Deuxièmement, on n’a pas dévoilé les sources de cet argent. Qui sont les ‘donateurs’ et qui sont ceux qui ont obtenu quelque chose en retour ?
Sur quel point êtes-vous d’accord avec le DPP ?
Sur le fait que la justice pourra prendre des dispositions pénales contre quelqu’un qui s’est enrichi en bafouant les lois locales et internationales. Entre la Financial Intelligence Unit des États-Unis, celle de la Grande-Bretagne et celle de Maurice, il ne devrait pas être compliqué de tout savoir sur la circulation de cette masse d’argent. Sur ce point précis, je dis merci au DPP.
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