Dans cet entretien, le Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo répond à des questions sur la situation politique actuelle et les derniers développements survenus au niveau du ministère des Services publics.
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Un courriel de la présidente de la République démontre qu’elle était au courant des demandes de permis faites par l’équipe d’Alvaro Sobrinho. La présidence n’est-elle pas embarrassée ?
À la lecture du mail, il me semble qu’il n’y ait rien à voir avec le business d’Alvaro Sobrinho mais avec des fonds de la Banque mondiale. Il faudrait que j’aie l’occasion de lire, même rapidement, tous ces e-mails pour me faire une opinion. Par contre, je note que nous nous éloignons du débat lancé par les journaux. Sobrinho a-t-il volé ou non ? La conclusion, c’est qu’on veut déstabiliser le gouvernement en utilisant tous les moyens typiques des démagogues. Les attaques contre cette grande dame qu’est la présidente de la République n’est que l’évidence de ce que j’avance.
Selon ces emails, Pravind Jugnauth était en communication avec les hommes de Sobrinho en mai 2015. Étiez-vous au courant ?
« Il est tout à fait justifié d’augmenter les tarifs d’une façon substantielle. »
C’est le travail et le devoir du gouvernement d’attirer les investisseurs. C’est ce que nous faisons lors de nos déplacements à l’étranger. Lorsque des investisseurs viennent prospecter le pays, c’est normal qu’ils veuillent discuter avec nos dirigeants et notre administration. Cependant, dans le cas précis, je ne suis pas au courant des faits.
Comment sont les relations entre le Mouvement socialiste militant (MSM) et le Muvman Liberater (ML) depuis l’affaire Sumputh ?
Je ne comprends pas comment il peut y avoir un froid entre le MSM et le ML. Les deux partenaires s’entendent parfaitement. Le ML est à l’aise avec Pravind Jugnauth comme Premier ministre. On veut faire croire que le départ de Vijaya Sumputh du Cardiac Centre a généré un froid alors que ce n’est qu’une affaire administrative qui n’affecte en rien les relations entre les deux partis.
Comment accueillez-vous les enquêtes ouvertes à plusieurs niveaux ?
C’est normal qu’on mène une enquête lorsque le ministre de la Santé exprime des doutes sur la procédure de cette augmentation salariale. Cette enquête et le départ de Vijaya Sumputh viennent assainir la situation administrative. Maintenant, s’il y a des coupables, la commission anticorruption agira en conséquence. Mais je ne peux anticiper un scénario.
Croyez-vous qu’Anwar Husnoo a bénéficié du soutien du MSM vis-à-vis de son propre parti, le ML ?
Tous les ministres jouissent du soutien du MSM. Certains journalistes tentent de jouer sur la division mais la situation est claire.
Que retenez-vous de la motion de blâme contre la Speaker ?
Les téléspectateurs ont pu voir comment Shakeel Mohamed a été réduit à lire des extraits d’un livre que Navin Ramgoolam lui a donné. Pendant deux heures, il a fait son cinéma sans pouvoir exprimer ses reproches envers la Speaker. Les ministres et députés de la majorité ont, eux, démontré qu’en face d’un tonneau vide, ils avaient des arguments solides.
Votre avis sur le walk-out de l’opposition ?
Paul Bérenger est venu au secours de Shakeel Mohamed. Il a tout fait pour pousser le Deputy Speaker à l’expulser. Épargnant à l’opposition d’avoir à subir les assauts justifiés du gouvernement pendant toute une nuit. La fuite et la capitulation étaient la seule solution. Le leader du MMM, en grand malin, l’a vite compris. Après les deux faibles Private Notice Questions de Xavier-Luc Duval, Bérenger a démontré que c’est lui le véritable chef de l’opposition. Pour la première fois, un Duval a obéi comme un mouton aux ordres de Bérenger. Il a épluché le coq à vif. C’était un coup de maître.
L’Alliance Lepep n’est plus la même depuis décembre 2014 avec ses couacs. Notamment les affaires Medpoint et « Bal Kouler », l’Euroloan de Lutchmeenaraidoo, les départs du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) et de Roshi Bhadain et l’affaire Sobrinho. Quelle en est votre lecture ?
Ce sont des faits malheureux. Mais chaque événement appelle à une analyse différente. Pravind Jugnauth est innocenté. Le Directeur des poursuites publiques fait appel. Attendons les décisions de la justice. Vishnu Lutchmeenaraidoo est innocenté. Il n’y aura même pas de décision, sauf qu’un journal a décidé de faire son procès.
Si on est banquier, on connaît la valeur du secret bancaire. Si on ne l’est pas, on sait que quand on confie ses affaires à une banque, on s’attend à ce que personne ne puisse en dévoiler les détails. Les banquiers sont, à l’instar des prêtres, des médecins ou des avocats, des dépositaires de secrets. Toute personne qui viole ces derniers doit en répondre devant une cour de justice. Encore plus si cette personne est ou a été banquier.
Raj Dayal bénéficiera de la présomption d’innocence. Roshi Bhadain a, lui, fait son travail de ministre. Nous sommes tous appelés à expliquer aux investisseurs les atouts de Maurice. Mais il fait croire que c’était mal de connaître Sobrinho, sous-entendant que lui, il ne l’a jamais rencontré alors que c’est normal qu’il y ait eu des entretiens professionnels. Son Pepsi Party ne vaut même pas la peine qu’on s’y attarde.
Et Xavier-Luc Duval ?
D’abord, le PMSD a décidé, pour des raisons occultes, de quitter le gouvernement. Je le regrette. Je regrette encore plus l’incompétence de Duval au Parlement. Les gens regardent la télé et on ne peut pas les empêcher de comparer Duval à Bérenger. Tout commentaire à ce stade ne serait pas très charitable.
Quel avenir politique pour le ML ?
Le ML continue de réunir les citoyens de la mouvance des militants soucieux d’équité. Nos adversaires réalisent que le ML a fait une formidable montée en puissance. Il faut à tout prix descendre le ML. C’est la stratégie de l’opposition pour atteindre Pravind Jugnauth, mais cela ne marchera pas. Nos partisans nous font confiance et nous sommes un parti inébranlable du gouvernement. Nous formons une formidable équipe avec le MSM. Le MMM est désagrégé. Le PMSD fait étalage de son incompétence. Le Parti travailliste est égal à lui-même avec un leader parlementaire qui ne fait que du cinéma devant les caméras.
Où en êtes-vous dans vos discussions avec la Central Water Authority (CWA) concernant la hausse du tarif de la fourniture d’eau ?
Nous discutons encore des modalités. Il serait prématuré d’avancer un chiffre car c’est un calcul compliqué de par ses implications sociales et économiques. La politique derrière la tarification, c’est d’abord de constater que le progrès dans le travail de la CWA mérite récompense. 80 % de la population est alimentée 24/7. Bientôt, les régions les plus pénalisées, c’est-à-dire une partie de Quatre-Bornes, Rose-Hill, Stanley, Camp-Levieux, Beau-Bassin et Coromandel bénéficieront d’une meilleure fourniture. Il est donc tout à fait justifié d’augmenter les tarifs d’une façon substantielle.
Peut-on dire que le spectre du black-out plane toujours malgré les investissements colossaux du Central Electricity Board (CEB) après ce qui s’est passé le 19 décembre 2016 ?
La panne du 19 décembre résulte d’un accident et le courant a été vite rétabli. Il y a eu des défaillances aux centrales thermiques du Sud et de Savannah. Cela a causé des pertes au CEB et je lui laisse le soin de discuter des conséquences. Depuis que j’ai pris ce ministère, le spectre s’est éloigné et il n’y a plus de risque de black-out à moyen terme.
Le CEB a investi gros et on a relancé l’achat des moteurs de St-Louis. Nous avançons avec précaution dans le domaine des énergies renouvelables. Je demanderai au CEB de revoir le barrage de Sans-Souci et la station de Tamarind Falls. Les deux parcs éoliens, qui peinaient à démarrer sous l’ancien régime, sont en production à Plaine-des-Roches et en construction à Plaine-Sophie. Je suis attentivement les propositions des Australiens sur l’énergie des vagues. La hausse des cours du pétrole aurait inévitablement un impact sur les comptes du CEB. Je veille à ce que le CEB continue sa bonne gestion afin d’éviter autant que possible les hausses des tarif de l’électricité.
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