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Ivan Collendavelloo : «Megh Pillay s’est lui-même tranché la tête»

Le n°4 du gouvernement estime que la révocation du Chief Executive Officer d’Air Mauritius s’est faite en toute légalité.

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Quelle est votre opinion quant à la résiliation du contrat de Megh Pillay ? 
Les motifs de désaccord entre le CEO et les membres du board ne sont pas clairs. En tant que citoyen, je suis affligé qu’une querelle de pâturage vienne assombrir l’image de notre compagnie nationale d’aviation. Dès l’entrée en fonction du présent conseil d’administration, les chiffres d’Air Mauritius n’ont cessé de grimper. Ce n’est pas le fruit du travail d’un seul homme. Le nouveau Chairman Arjoon Suddhoo a su imprimer un leadership et un sens de direction à Air Mauritius. En tant que ministre, je ne peux que noter les faits, car je ne peux m’ingérer dans les affaires d’Air Mauritius.

Le board d’Air Mauritius n’aurait pas agi sans le feu vert du gouvernement...
Je ne sais pas. J’ai l’impression qu’il y a eu de sérieux différends entre le CEO et le Chairman, tous deux étant de fortes personnalités.

Marc Hein, membre du board, a exprimé les sentiments mitigés de Xavier-Luc Duval face à cette mise à pied. Vous êtes-vous entretenu avec ce dernier ?
Xavier-Luc Duval est en Europe. Par contre, Marc Hein pose un sérieux problème de gouvernance. Sous la Companies Act, un directeur doit agir de bonne foi et dans l’intérêt de la compagnie. Or, que voyons-nous ? Des directeurs qui se concertent entre eux et décident de ne pas agir. Ils auraient dû, même par téléphone, exprimer leur position face à cette motion de révocation. L’agenda était dûment émis : si ces directeurs estimaient cette affaire aussi sérieuse, pourquoi ne se sont-ils rendus à la réunion ? 

Roshi Bhadain estime que les règles de bonne gouvernance n’ont pas été respectées. Votre avis ?
Je ne suis pas d’accord. Air Mauritius est régie par la Companies Act et ses statuts. Les règles de bonne gouvernance, indiquées dans le Code of Corporate Governance, n’interdisent pas la réunion d’un conseil d’administration dans les conditions mentionnées vendredi dernier. C’est une simple question de droit.

Vous avez représenté Air Mauritius à maintes reprises dans le passé. Megh Pillay a-t-il des chances de renverser la décision du board?
Je ne crois pas que le Company Secretary,  Me Nooraully, aurait permis aux directeurs d’agir illégalement. Le CEO a de grands obstacles à surmonter. La lettre qu’il a publiée aggrave encore plus son cas. Le CEO se trouvait à côté et avait été dûment convoqué pour la réunion fixée à 16 heures. Il ne s’y est pas présenté car, dit-il, il avait un comité disciplinaire à 16 h 30. Les faits parlent d’eux-mêmes.

La réunion a été appelée 30 minutes avant le comité disciplinaire contre Mike Seetaramadoo. Était-ce pour le « sauver » ?
Il m’est difficile de chercher des motivations quand je vois le calibre des directeurs présents, dont un Financial Secretary et le Secretary to Cabinet. On imagine mal qu’ils aient agi dans le but de sauver un employé. C’est un débat dans lequel je ne veux pas m’engager, n’ayant pas suffisamment d’éléments d’information à ma disposition.

Qui a réclamé la tête de Megh Pillay ? 
J’ai l’impression que Megh Pillay s’est lui-même tranché la tête.

Est-ce possible que le chef de gouvernement ne sait pas ce qui se passe au sein d’une compagnie sous sa tutelle ?  
Je ne comprends pas le tintouin qu’on fait sur ce point. Les directeurs ont pris une décision. Il est clair qu’ils n’ont pas informé le Premier ministre. Devaient-ils le faire ? Je note que des directeurs ont choisi de ne pas voler au secours de Megh Pillay qui pensait que sa révocation était contraire aux intérêts de la compagnie. 

Cette abstention me dérange, venant de personnes ayant une grande expérience du monde des affaires. Pourquoi tout ce beau monde a-t-il refusé de voler au secours du CEO et le fait maintenant à travers la presse ?

Est-il vrai que vous auriez mis votre veto à la nomination de Megh Pillay chez Air Mauritius… 
Ce sont des affabulations ! On affirme que j’aurais dit qu’il a fait campagne contre moi : c’est faux ! Je n’ai jamais mis de veto à sa nomination qui s’est faite selon les règles de la bonne gouvernance. Sa révocation également.

Est-il normal que Mike Seetaramadoo, licencié à la suite d’un rapport d’audit, soit réembauché ? 
Ce n’est pas à moi de m’exprimer. Les personnes qui prennent ces décisions savent ce qu’elles font. Les jugements de valeur sont inappropriés venant de tierces personnes non informées.

Doit-on s’attendre à une réintégration de Megh Pillay ?
Je ne crois pas que la question soit sur le tapis. Comment des directeurs qui ont refusé de voler à son secours pourraient-ils le sauver ?

 

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