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Itinéraire d’un haut gradé controversé - L’ASP Manoj Luchan : «J'ai un faible pour le MSM»

L'ASP Luchan est aujourd'hui à la tête d'une équipe de 10 policiers à la SSU.

L’ASP Manoj Luchan, l’ex-no 2 des services de l’Immigration, est au centre d’une controverse depuis quelques jours. Il a assisté à une réunion du comité central du MSM samedi et sa présence lui a coûté cher ! Le haut gradé, qui avait fait ses débuts à la SMF, était affecté à la Vipsu pendant une dizaine d’années et a été muté à la SSU depuis jeudi. L’ASP de 52 ans ne dément pas sa proximité avec la famille Jugnauth. Itinéraire d’un flic qui a confondu la neutralité de son métier et son penchant politique.

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Tout fonctionnaire, encore plus les policiers, doivent officiellement se garder loin de la chose politique et ne surtout pas montrer le bout de leur nez dans des réunions politiques, à moins qu’ils ne soient ‘on duty’. Manoj Luchan semble avoir oublié ce principe sacro-saint et il l’a payé cash. De No 2 des services de l’immigration, il a atterri dans les locaux de la SSU depuis le 14 août à la tête d’une équipe de 10 policiers.

Quelle est sa connexion avec le MSM ? Les années que l’ASP Manoj Luchan a passées au sein de la Vipsu auraient-elles fait de lui un « habitué de la famille Jugnauth » ? Le policier, qui a marché pendant des années à trois pas derrière les personnalités politiques du MSM, dont sir Anerood et Pravind Jugnauth ou encore Nando Bodha, ne dément toutefois pas sa proximité avec le parti politique au pouvoir. 

Un faible pour le msm

Au Défi Plus, le haut gradé, qui compte 31 ans de service au sein de la police, confiera qu’il a « un faible pour le MSM » du fait qu’il a travaillé aux côtés de plusieurs ministres de ce parti. « Mais mes relations avec ces hommes politiques ont été purement professionnelles », précise Manoj Luchan.

Rencontré pendant un bref instant dans les locaux de la SSU, Manoj Luchan avance que le transfert dont il a été l'objet « n’est que la continuité » de son devoir de policier. Il souligne qu’il était présent à la réunion du comité central du MSM « pour accompagner un ami ». Le policier a toutefois été réticent à dévoiler si c’était la première fois qu’il se rendait à une telle réunion. 

« J’ai été transféré et je pense que je le serai encore jusqu’à ma retraite comme policier », lâche-t-il. Éprouvez-vous des regrets d'avoir assisté à cette rencontre politique ? « Ma présence à la réunion du comité central du MSM, qui s’est tenue samedi, peut être interprétée de diverses façons. Je m’attendais à un transfert à la suite de la tournure des événements. Ce transfert n’est pas une fatalité », explique le haut gradé qui habite dans la région de Montagne-Longue.
Depuis jeudi, Manoj Luchan est désormais affecté à la SSU. Il dirige une équipe composée d’une dizaine de personnes. Qu’en est-il de son état d’esprit ? « Je serais le responsable d’une équipe à la SSU et mon travail reste le même. Je vais m’adapter aux règlements de ma nouvelle unité. Mon professionnalisme sera mis en avant lors des opérations de l’unité », dit ce père de deux enfants.


Parcours

C'est à  la Special Mobile Force (SMF) que le haut gradé de 52 ans a fait ses débuts dans la force policière en 1987. Il passera deux ans au sein de cette unité spécialisée avant de rejoindre le Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) où il sera promu sergent après des examens. Son rang le propulsera dans la brigade anti-drogue (Adsu) en 1994. Il passera trois ans au sein de l’Adsu avant de rejoindre la Very Important Supporting Unit (Vipsu) en 1997. En 1998, Manoj Luchan devient le garde du corps du ministre du Logement et des Terres d’alors, Satish Faugoo. Le policier renforcera, parallèlement, la garde rapprochée de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. En 2001, il est promu au rang d’inspecteur « à travers des examens ». Il est muté à Port-Louis Nord en 2005 et devient responsable des postes de police de Roche-Bois, Trou-Fanfaron et Abercrombie. De 2008 à 2010, le haut gradé est affecté à la Cour suprême. Dans le courant de 2010, Manoj Luchan réintègre la Vipsu et fait partie de la garde rapprochée de Pravind Jugnauth. Ce dernier était alors vice-Premier ministre et ministre des Finances.  La cassure de l’alliance gouvernementale de l’époque (PTr/PMSD/MSM), survenue en 2011, le pousse une fois de plus à réintégrer à la division de Port-Louis Nord. Le haut gradé sera parallèlement affecté à la garde rapprochée de sir Anerood Jugnauth qui avait quitté son poste de président de la République à la suite de la cassure gouvernementale PTr/MSM. En 2014, Manoj Luchan devient une fois de plus le garde du corps de l’actuel Premier ministre Pravind Jugnauth, alors leader de l’opposition. Le scrutin du 10 décembre 2014, menant à l’élection de l’Alliance Lepep (MSM/PMSD/ML), propulsera le haut gradé à la direction de la Vipsu. Il devient le no 2 de l’organisme. En janvier 2015, Manoj Luchan passe au rang de chef inspecteur. En décembre 2016, il est promu ASP en raison de sa « séniorité » et intègre ensuite les services de l’Immigration en juin 2017. Il y restera jusqu’au mardi 14 août 2018.


« (…) trahi par sa posture »

Des proches du pouvoir ont également commenté le transfert du haut gradé. Selon eux, la controverse « aurait pu être évitée » si le policier s'était tenu autrement lors de la rencontre politique. « C’est un fait. Le haut gradé a été trahi par sa posture. Cette polémique aurait pu être évitée si le policier se tenait debout dans un coin. Mais il était assis derrière Gilles L'Entêté, le directeur de la National Housing Development Company (NHDC) lors de la réunion du comité central de samedi dernier », disent-ils.

« Un mal pour un bien »

Les sentiments sont mitigés du côté des ex-proches collaborateurs de Manoj Luchan. Au Passport and Imigration Office de Port-Louis, des officiers estiment que l’ex-numéro 2 du PIO « était une personne respectable et respectée ». « Le Major Luchan est à l’écoute de tout le monde. Il est un parfait gentleman qui sait comment dire les choses sans vexer autrui », disent les officiers. D’autres policiers qui ont été approchés par Le Défi Plus ne mâchent pas leurs mots. Ils perçoivent le départ du haut gradé comme étant « un mal pour un bien ». « C’est évident que l’ASP Luchan est un protégé politique. Pou ariv enn ran koumsa dan la polis, bizin pros ek gouvernma mem sa ! « L’ASP Manoj Luchan est toutefois connu comme étant un sportif. « Li pou bien dan SSU, laba zis manze bwar ek fer lekzersis », poursuivent nos interlocuteurs.  

 

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