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Itinéraire d’un entrepreneur - Sanjay Khurug : un ouvrier polyvalent et avisé

Une carrière linéaire, du jeune âge à une retraite bien méritée ? Le parcours de Sanjay Khurug, directeur de Takdon Tent Contracting Limited, est à l’opposé de cet adage. Avant de s’engager à plein temps dans le business de la location de tentes, cet habitant de Sainte-Croix a été, tour à tour, marmiton, ouvrier du textile, maçon et poseur de carreaux.

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Aujourd’hui, âgé de 53 ans, Sanjay Khurug est de ceux qui ne rechignent pas à parler des difficultés de la vie. Car il se jette dans le monde du travail à un moment où le maître-mot est le chômage. Nous sommes alors au début des années 80. « 80 000 Mauriciens sans travail ». s’empresse-t-il de préciser. à pareille époque, à 17 ans, avec un School Certificate en poche ne lui permettait pas de décrocher un emploi assorti d’un salaire décent.

Quand on est au pied du mur, il n’y a pas de sot métier. C’est ainsi qu’il est employé chez Bombay Sweets, enseigne situé rue Rémy Ollier, à Port-Louis, connue pour ses friandises indiennes. Il n’y fera qu’un bref passage. Il tâte le terrain dans ce créneau avec le soutien d’un ex-collègue. L’aventure sera de courte durée. Mais la graine de l’entrepreneuriat est semée.

Inspiration

Vient ensuite l’inspiration pour se lancer dans le secteur de location de tentes, accessoires et services annexes. Nous sommes en 1985. Il est recruté comme homme à tout faire chez Laxmanbhai & Company, groupe connu dans le secteur de la construction. Le fait qu’il peut converser en hindi constitue un certain atout. Ainsi se retrouve-t-il à Quatre-Bornes pour l’aménagement d’une salle verte en prélude à un événement. L’enregistrement sur cassette vidéo est une nouveauté. Le terrain est balisé déjà.

Il ne suffit pas de rêver. Il faut travailler. Vient ensuite un détour dans le textile, afin de décrocher un emploi en tant que machiniste au sein de Crystal Textiles. Avec la fermeture et la délocalisation dans l’air, Sanjay Khurug et un groupe d’employés se joignent alors à City Knitwear. Sept ans dans une industrie où la routine est de rigueur,  un changement d’air s’impose. Trois mois à galérer en tant que chômeur. Il répond à l’appel d’un ami qui cherche une personne avec qui il s’entendrait sur le chantier.

La construction sera sa dernière étape avant le grand envol. En tant que maçon et poseur de carreaux, toujours soucieux des moindres détails, incluant la symétrie, il se fait un nom et se constitue un groupe de clients qui fait appel à ses services pour construction et autres travaux. Le déclic final vers la location de salles vertes intervient quand il rencontre un client qui est dans le même créneau.

« L’investissement initial pour me lancer dans ce business a été de Rs 68 000 sous forme d’un prêt de la Development Bank of Mauritius. Je venais de me marier. L’argent venant de mon travail de maçon servait à couvrir les dépenses et les dettes obtenues de proches et amis pour financer le mariage. Dans la famille, nous n’avons jamais contracté de dettes auprès d’une institution financière », affirme Sanjay Khurug, père de deux filles. « Au début, j’étais sceptique. En fin de compte, je me suis dit qu’il fallait bien se lancer. […] J’ai bénéficié du soutien de mon oncle maternel et de mon beau-frère. Ils se sont, au début de cette nouvelle aventure, – tous deux se prénomment Deepak –, portés garants pour moi auprès de la DBM. »

En jours de semaine, Sanjay Khurug  est donc engagé dans la construction. Le week-end et pendant ses moments libres, son équipe et lui installent des salles vertes à travers le pays. Son entreprise, Takdon Tent Contracting Limited, est incorporée en 2012. Il travaille pour le compte de divers ministères à partir de contrats obtenus par appels d’offres, précise-t-il. Qui plus est, c’est son souci du détail qui l’aide à se démarquer. Pour lui, l’alignement de « poteaux » doit être parfait. Aucune raison de déléguer la supervision à quelqu’un d’autre. « Je suis très méticuleux. Le client doit voir que tout est bien aligné. »

Aujourd’hui, le travail n’a plus la même popularité qu’auparavant. Les Mauriciens sont plus friands de réceptions et de mariages dans des salles de fêtes. « Les familles préfèrent partir ailleurs au lieu de créer du désordre dans leur cour », fait ressortir Sanjay Khurug. Mais l’entrepreneur ne se désarme pas. Il y aura encore du boulot au cours des cinq prochaines années.

 

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