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Israël menacé d'une grave crise politique après l'annonce du renvoi du chef de l'agence de la sécurité intérieure

'' Le patron du Shin Bet, Ronen Bar

Le limogeage annoncé du chef de l'agence de la sécurité intérieure par Benjamin Netanyahu et le bras de fer entre le gouvernement et la procureure générale d'Israël menacent de replonger le pays dans une grave crise politique à un moment critique des négociations de trêve à Gaza avec le Hamas.

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Le Premier ministre israélien a annoncé dimanche son intention de relever de son poste le patron du Shin Bet, Ronen Bar (photo), affirmant ne plus lui accorder sa confiance.

M. Bar avait déjà laissé entendre qu'il démissionnerait avant la fin de son mandat, prévu pour fin 2026, en assumant la responsabilité de l'échec de son agence à prévenir l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d'Israël.

Dimanche, il a suggéré que le "manque de confiance" de M. Netanyahu venait de son refus de se plier aux demandes de "loyauté personnelle" du chef de l'exécutif.

La procureure générale du pays et conseillère juridique de l'exécutif, Gali Baharav-Miara, a informé dès dimanche soir M. Netanyahu qu'il n'était "pas possible de débuter ce processus avant que les fondements factuels et juridiques" de cette décision n'auront pas été détaillés. Elle a observé qu'il s'agissait d'une décision sans précédent dans l'histoire d'Israël.

Cette farouche défenseure de l'indépendance de la justice est elle-même sous la menace d'une procédure de limogeage depuis que le ministre de la Justice, Yariv Levin, a entamé les démarches en vue d'un vote de défiance du gouvernement. M. Levin lui a notamment reproché ses réserves concernant la légalité de plusieurs décisions ou projets du gouvernement.

Réforme judiciaire 

Ces deux procédures promettent d'être longues, l'opposition ayant déjà annoncé des recours judiciaires, et devraient aller jusqu'à la Cour suprême, elle aussi dans le viseur de M. Netanyahu.

Début 2023, un projet de réforme visant à réduire l'emprise de la plus haute instance juridique nationale sur la vie politique avait profondément fracturé le pays, donnant naissance à un des mouvements de contestation les plus importants de l'histoire d'Israël.

La guerre déclenchée par l'attaque du 7-Octobre a interrompu la réforme.

Le collectif Force Kaplan, qui avait mené la lutte contre le projet de réforme, a annoncé lundi un rassemblement pour protester contre la révocation du chef du Shin Bet mardi à Tel-Aviv.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions intervient en outre à un moment critique des négociations avec le Hamas, actuellement dans l'impasse, sur la poursuite de la trêve à Gaza en vigueur depuis le 19 janvier.

Depuis l'attaque du Hamas, M. Netanyahu a limogé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, et plusieurs hauts responsables de l'armée ont démissionné, notamment son chef, Herzi Halevi. M. Gallant, en désaccord avec M. Netanyahu sur la façon de mener la guerre, avait fermement critiqué la réforme de la justice en 2023.

"Démocratie en danger" 

"Le limogeage, pour des raisons politiques et personnelles, du chef du Shin Bet est une atteinte directe à la sécurité de l'Etat et à l'unité de la société israélienne", a dénoncé l'ex-ministre de la Défense, Benny Gantz, un des chefs de l'opposition.

L'ancienne présidente de la Cour suprême, Dorit Beinish, a également dénoncé à la radio publique Kan "un processus dangereux pour la société".

Pour les alliés du Premier ministre au contraire, la décision est une prérogative du chef du gouvernement.
"Dans quel pays normal faut-il une raison particulière pour limoger le chef d'un service de renseignement qui est personnellement responsable d'un échec terrible du renseignement, qui a conduit à la plus grande catastrophe de l'histoire de l'Etat d'Israël?" a feint de s'interroger le ministre des Finances et figure de l'extrême droite, Bezalel Smotrich, dans une référence au 7-Octobre.

Nahum Barnea, éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot (centre-droit), s'alarme lundi qu'un "Premier ministre qui n'a plus de freins gouvernera comme il l'entend, et (que) son gouvernement défaillant suivra".

"Le conflit entre (Netanyahu et Bar) est dangereux. Il nous rapproche progressivement d'une forme de guerre civile", estime M. Barnea.

"La démocratie israélienne est en grave danger", écrit l'éditorialiste Amir Tibon, en première page du quotidien de gauche Haaretz. "Le peuple devra décider s'il accepte de laisser faire un putsch de cette sorte et sinon, jusqu'où aller pour l'éviter", ajoute-t-il.

Le chef de la principale formation de gauche "Les Démocrates", Yaïr Golan, a donné une raison plus prosaïque à la révocation de Ronen Bar. Elle serait liée aux enquêtes menées par le Shin Bet visant, selon les médias, des proches du Premier ministre, soupçonnés "d'espionnage et de divulgation de secrets d'Etat".

© Agence France-Presse

 

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