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Israël intensifie son offensive dans le sud de Gaza, les civils attendent l'aide

L'armée israélienne a encore accentué sa pression mardi sur le Hamas, désormais à "son point de rupture", selon elle, dans la bande de Gaza assiégée, où la population civile tente d'échapper aux bombes dans des conditions humanitaires chaque jour plus désespérées.

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Depuis plusieurs jours, les combats terrestres accompagnés de frappes aériennes font rage entre soldats israéliens et combattants islamistes dans le secteur de Khan Younès, la grande ville du sud, où s'étaient réfugiés des centaines de milliers de civils après avoir fui la guerre dans le nord du territoire palestinien.

Poussés à fuir à nouveau, des dizaines de milliers d'entre eux s'abritent à présent dans des camps de fortune dans la ville voisine de Rafah, à la frontière avec l'Egypte, où la nourriture se fait rare malgré des distributions limitées d'aide humanitaire.

Dans le nord du territoire, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé que l'armée avait lancé mardi une attaque contre l'hôpital Kamal Adwan, après l'avoir "assiégé et bombardé" depuis plusieurs jours.

Plusieurs hôpitaux de Gaza ont été pris dans les combats depuis le début de la guerre le 7 octobre, Israël accusant le Hamas d'y avoir installé des infrastructures et d'utiliser ainsi des civils comme des "boucliers humains".

La situation dans la bande de Gaza est "apocalyptique", a averti lundi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, estimant que le niveau de destruction dans le territoire était "plus ou moins, voire supérieur" à celui de l'Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale.

Après de nombreuses frappes israéliennes lundi sur Khan Younès et sur Rafah, un raid israélien a fait 12 morts et des dizaines de blessés dans la nuit à Rafah, selon l'agence de presse palestinienne Wafa.

- "Arrêter les bombardements" -
Mardi matin à Rafah, comme chaque jour, des survivants fouillaient les ruines à mains nues dans le quartier de Zorob après une frappe nocturne, selon des images de l'AFP.

"Il reste des gens sous les décombres. La Défense civile nous aide mais nous n'avons pas assez d'équipement pour les sortir", témoignait Abu Jazar, un homme de 23 ans, en implorant: "Nous appelons le monde arabe et le monde entier à mettre la pression pour arrêter les bombardements sur Gaza".

Le Hamas a également fait état de combats dans le centre du territoire.

"Le Hamas est à son point de rupture, l'armée israélienne reprend ses derniers bastions", a déclaré lundi soir le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

"Le fait que des personnes se rendent (...) vient accélérer notre réussite et c'est ce que nous voulons: avancer rapidement", a déclaré à Khan Younès le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, en précisant que l'armée "intensifiait" ses opérations dans le sud tout en consolidant sa présence au nord.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 18.200 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, en grande majorité des femmes et des moins de 18 ans, par les bombardements israéliens déclenchés par l'attaque sanglante menée par le mouvement contre Israël le 7 octobre.

En Israël, cette attaque a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment.

En parallèle à sa campagne de frappes aériennes dévastatrices, l'armée mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le Hamas, concentrée dans un premier temps dans le nord de Gaza puis étendue à l'ensemble du territoire. L'armée a indiqué lundi que 104 soldats étaient morts depuis le début des combats au sol à Gaza.

Une trêve de sept jours, du 24 novembre au 1er décembre, a permis de libérer 105 otages aux mains du Hamas et de groupes affiliés, tandis que 137 otages restent détenus à Gaza.

- "Pas d'hygiène, pas d'eau" -
Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans la bande de Gaza, où 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population.

Rafah s'est transformée en un gigantesque camp où des centaines de tentes ont été montées à la hâte avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.

"De plus en plus de personnes n'ont pas mangé depuis un jour, deux jours, trois jours... Les gens manquent de tout", a déclaré lundi le directeur de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

"Il n'y a pas d'hygiène, pas de nourriture, pas d'eau... Nous n'avons pas accès à des serviettes hygiéniques, nous devons utiliser des chiffons", déplore une femme de 18 ans, Samar Shalhoub.

Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza. Les arrivées depuis l'Egypte de vivres, médicaments et carburant restent très insuffisantes selon l'ONU, et l'aide ne parvient pas à être acheminée au-delà de Rafah, les accès au nord étant coupés par les combats.

L'ONU et des organisations humanitaires ont exhorté Israël, qui contrôle l'entrée de l'aide humanitaire, à laisser passer davantage de camions dans le territoire.

Lundi soir, l'armée israélienne a annoncé la mise en place d'un point de contrôle supplémentaire pour l'inspection des camions avant leur entrée à Gaza par le poste-frontière de Rafah, une mesure qui devrait "doubler" selon elle la quantité d'aide entrant dans le territoire palestinien.

Cette mesure intervient avant une réunion spéciale, mardi, de l'Assemblée générale de l'ONU sur la situation humanitaire à Gaza après le veto américain, vendredi, à une résolution du Conseil de sécurité qui appelait à un "cessez-le-feu humanitaire".

L'Assemblée, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, pourrait à nouveau se prononcer sur une résolution appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et à la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages.

"Nous ne soutenons toujours pas un cessez-le-feu car cela laisserait le Hamas contrôler Gaza, mais nous soutenons absolument des pauses humanitaires supplémentaires", a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

- Attaque en mer Rouge -
La guerre à Gaza continue d'accroître les tensions dans la région. Mardi, les rebelles Houthis du Yémen ont revendiqué un tir de missile en mer Rouge qui a touché la veille un pétrolier battant pavillon norvégien.

Les Houthis avaient menacé samedi d'attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas une aide d'urgence.

Après de nouveaux échanges de tirs lundi à la frontière libanaise entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, s'est entretenu avec le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, des "attaques croissantes" du mouvement chiite libanais et de la nécessité pour Israël "d'éliminer cette menace".

En parallèle, le gouvernement américain s'est dit "préoccupé" par des informations du Washington Post selon lesquelles Israël a utilisé des munitions au phosphore blanc de fabrication américaine lors de frappes au Liban en octobre.

© Agence France-Presse

 

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