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Ismaël Rawat, père d'Asfaq Sourd-Muet : « Mon fils a le sentiment d’être rejeté » 

Ashfaq en compagnie de son père.
  • Le jeune homme de 26 ans peine à trouver de l’emploi 

Un jeune sourd-muet de 26 ans se désespère de pouvoir enfin trouver sa place dans le monde du travail. Son père confie qu’il a le sentiment d’être rejeté et que, depuis qu’il a perdu son travail, sa joie de vivre a disparu.

«Je suis handicapé, mais je suis gentil. Vous, les personnes normales, vous êtes parfois méchantes… » Cette méchanceté, Ashfaq Rawat, sourd-muet de 26 ans, en a témoigné toutes ces fois où on lui a refusé du travail. En septembre 2020, son contrat comme attendant au sein d’une importante compagnie sise à Ébène n’a pas été renouvelé... pour la seconde fois. Depuis, déprimé et découragé, il ne sort presque plus de chez lui.

La seule chose qui permettrait à Ashraf de reprendre sa vie en main c’est qu’il retrouve son travail " 

Une situation qui désespère son père, Ismaël Rawat. Il explique qu’après avoir fréquenté l’école des sourds-muets de Beau-Bassin jusqu’à l’âge de 18 ans, son fils a intégré la compagnie en question, sous la TEDPA (Training and Employment of Disabled Persons Act 1996). C’était en 2014 ; il était alors la troisième personne en situation de handicap à y prendre de l’emploi.

C’est un nouveau monde que découvre Ashfaq Rawat et il est heureux. Très enthousiasmé par son travail, il s’y rend très tôt, avant même que les portes ne s’ouvrent ! Un an après, on l’informe que l’on n’a plus besoin de lui ; son contrat n’est pas renouvelé. C’est un gros coup dur pour le jeune homme. 

Ismaël Rawat multiplie les démarches pour que son fils retrouve son job. Ce n’est qu’en 2018 qu’Ashfaq réintègre son poste. Son contrat est renouvelé pour une période d’un an par la suite. En septembre 2020, tout s’arrête pour lui avec le non-renouvellement de son contrat.

 

Ashfaq Rawat au temps du bonheur.
Ashfaq Rawat au temps du bonheur.

Pourquoi pas moi ? Ne suis-je pas un être humain moi aussi ? "

Langage des signes

Ismaël Rawat demande l’introduction de la langue des signes durant le journal télévisé sur la chaîne nationale. « Mon fils n’arrive pas à comprendre les infos essentielles, surtout en rapport avec la Covid-19 », avance-t-il. Son épouse, révèle-t-il, a appris le langage des signes pour être en mesure de mieux communiquer avec leur fils.

Le jeune homme ne comprend pas cette décision, qu’il impute à son handicap. « Ils disent que je suis un bon garçon, que je travaille bien. Alors, pourquoi me mettent-ils à la porte à chaque fois ? Est-ce parce que je suis sourd-muet ? » fait-il comprendre à son père. 

Selon Ismaël Rawat, son fils a traversé une période difficile : « Il avait le sentiment d’être rejeté parce qu’il est sourd-muet. » Un sentiment exacerbé lorsqu’il a été témoin du recrutement d’un groupe de jeunes. À son père, il a confié : « Pourquoi pas moi ? Ne suis-je pas un être humain moi aussi ? » 

Mon fils était un ‘attendant’ qui touchait Rs 10 000. Est-ce que cela pesait trop lourd pour qu’on mette fin ainsi à son travail ? "

Ismaël Rawat déclare que son fils a même lancé un appel au chef du gouvernement, Pravind Jugnauth : « Que le Premier ministre ouvre son cœur et soit gentil envers moi aussi. » Ismaël Rawat en appelle, lui aussi, au Premier ministre pour que le quota prévu pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail soit respecté. « Mon fils était un attendant qui touchait Rs 10 000. Est-ce que cela pesait trop lourd pour qu’on mette fin ainsi à son travail ? » 

« Il a perdu goût à la vie »

Depuis que son fils a perdu son travail, confie Ismaël Rawat, il semble avoir perdu goût à la vie : « Il est stressé, a souvent des maux de tête. Rien ou presque ne semble l’intéresser. »

Le jeune homme, dit-il, se confine à sa chambre, à l’étage. « Il ne descend que pour manger ou s’il a besoin de quelque chose. Il nous regarde, sa mère et moi, nous caresse les cheveux pour nous montrer qu’il nous aime, puis repart se réfugier dans sa chambre. Tout cela ne dure que quelques minutes à peine… C’est son quotidien. »

Ismaël Rawat se dit attristé de voir son fils mener une telle existence. Certes, il est entouré de sa famille. « Nous faisons de notre mieux, sa mère, son frère et moi, pour lui montrer que nous l’aimons. Ses cousins et cousines viennent le voir. » Mais rien n’y fait. Pour le père de famille, la seule chose qui permettrait à Ashraf de reprendre sa vie en main, « c’est qu’il retrouve son travail ».

3 % des postes pour les personnes en situation de handicap 

La TEDPA stipule que 3 % des postes dans une entreprise doivent être réservés pour les personnes porteuses d’un handicap. Cette loi est-elle vraiment respectée ? C’est la question que se pose Ismaël Rawat. Il fait valoir qu’il y a plusieurs postes qui pourraient être confiés aux personnes en situation de handicap. Ce qui, dit-il, leur permettrait de se sentir valorisées et utiles à la société.

Son fils, poursuit-il, a son permis de conduire. « Allez dans certains bureaux et vous verrez plusieurs personnes assises à ne rien faire. Alors qu’il y en a d’autres qui, bien qu’en situation de handicap, veulent travailler. »

 

 

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