
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde dimanche contre un "cycle sans issue de représailles", après les frappes américaines contre l'Iran que l'ambassadeur iranien a qualifiées de "guerre" contre son pays sous des prétextes "absurdes".
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"J'ai de façon répétée condamné toute escalade militaire au Moyen-Orient. Les populations de la région ne peuvent pas subir un nouveau cycle de destruction. Et malgré tout, nous risquons de nous engouffrer dans un cycle sans issue de représailles après représailles", a déclaré Antonio Guterres lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité demandée par Téhéran.
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi s'est lui aussi inquiété du risque d'"expansion du conflit", appelant "à la retenue maximale".
"Nous avons une fenêtre d'opportunité pour retourner au dialogue et à la diplomatie. Si cette fenêtre se ferme, la violence et la destruction pourraient atteindre des niveaux impensables et le régime de non prolifération nucléaire tel que nous le connaissons pourrait s'effriter et tomber", a-t-il déclaré lors d'une intervention par vidéo devant le Conseil.
Concernant l'impact des frappes américaines, il a noté que des "cratères sont visibles sur le site de Fordo, principal lieu pour l'enrichissement d'uranium à 60% en Iran, indiquant l'utilisation par les Etats-Unis de munitions pénétrantes".
Mais "à l'heure actuelle, personne, y compris l'AIEA, n'est en position d'évaluer les dommages sous-terrains à Fordo", a-t-il noté.
"Des attaques armées contre des installations nucléaires ne devraient jamais avoir lieu", a-t-il insisté, s'inquiétant des risques de rejets radioactifs.
Dans ce contexte, la Russie, la Chine et le Pakistan ont fait circuler dimanche auprès des autres membres du Conseil un projet de résolution appelant notamment à un "cessez-le-feu".
Le texte, vu par l'AFP, "condamne" également "dans les termes les plus forts les attaques contre les sites et installations nucléaires pacifiques" en Iran.
Un projet qui en l'état n'a aucune chance de passer, en raison notamment du droit de veto des Etats-Unis.
Mais le Conseil est plus largement divisé sur ce dossier. Si certains pays comme la Chine et la Russie ont clairement condamné les frappes américaines, d'autres se sont montrés plus prudents.
Ainsi, la France et le Royaume-Uni, tout en soulignant n'avoir pas participé à ces opérations, ont surtout appelé l'Iran à la retenue.
"Les Etats-Unis et Israël ne méritent aucune condamnation mais au contraire une expression de reconnaissance et gratitude pour rendre le monde plus sûr", a commenté de son côté l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon dans un communiqué dénonçant le projet de résolution.
Son homologue iranien Amir Saeid Iravani a lui appelé le Conseil à "condamner fermement les agressions flagrantes, les violations et les crimes abominables commis contre la République islamique d'Iran", à prendre des "mesures" contre les "agresseurs" pour qu'Israël et les Etats-Unis soient tenus pour "entièrement responsables".
Les Etats-Unis "ont encore une fois eu recours à la force illégale, ont lancé une guerre contre mon pays, sous des prétextes absurdes et inventés: empêcher l'Iran d'acquérir des armes nucléaires", a-t-il lancé, accusant Israël d'avoir entraîné Washington "dans une autre guerre coûteuse et injustifiée".

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