« Mo pena nanie pou repros mwa », avait déclaré l’officier de police, en juin dernier, après son audition dans le cadre de l’enquête sur la clé USB remise par l’avocat Rama Valayden.
Mercredi, il a reçu une lettre lui demandant de se retirer de la force policière après 34 années de service. L’ASP Roshan Kokil a jusqu’au 31 août pour y répondre par écrit. Dans cette correspondance officielle, il devra formuler ses explications à la direction de la police. Celle-ci lui reproche d’avoir accordé un traitement de faveur à des policiers qui, maintenant, sont suspectés d’avoir commis des actes de brutalité et de torture sur des suspects.
Trois éléments qui étaient affectés à la Criminal Investigation Division (CID) de Terre-Rouge ont été arrêtés le 30 mai dernier, inculpés, puis libérés sous caution. L’affaire avait éclaté dans le courant du mois quand des vidéos montrant des policiers en train de maltraiter des suspects avaient été diffusées sur les réseaux sociaux. Ces scènes auraient été filmées en 2019. Dès 2020, Roshan Kokil aurait eu entre ses mains une clé USB contenant certaines de ces vidéos, après une rencontre entre l’avocat Rama Valayden et l’ancien commissaire de police Khemraj Servansingh. L’inaction dont il aurait fait preuve à l’époque, alors qu’il aurait été chargé d’enquêter à ce sujet, lui vaut aujourd’hui de s’attirer les foudres de l’actuel commissaire, Anil Kumar Dip, qui a demandé l’ouverture d’une enquête spéciale sur la remise du fameux « pendrive » par Me Valayden.
C’est dans ce cadre qu’en juin dernier, l’ASP Kokil a été convoqué par le Central Criminal Investigation Department (CCID). Après son audition, il s’était exprimé face aux journalistes devant les Casernes centrales. « Je suis une personne intègre. Il est vrai que mon nom a été cité sur plusieurs plateformes. Mo pena nanie pou repros mwa. Monn fer seki bizin fer, kan bizin fer ek kouma bizin fer », avait-il déclaré. Il avait, dans le même temps, été muté à la CID de l’Ouest.
Selon la loi, le chef de la police est en droit de réclamer des explications à un subordonné devant un comité disciplinaire. En cas d’explication non satisfaisante de la part du policier convoqué, ce dernier peut faire l’objet d’une demande de renvoi de la force policière. Sollicité ce vendredi par Le Défi Plus, l’ASP a répondu qu’il préférait s’abstenir de tout commentaire à ce stade pour le bon déroulement de l’enquête. Dans son entourage, on affirme que Roshan Kokil « dira tout ce qu’il faudra devant les institutions concernées ».
Par ailleurs, ses collègues proches le décrivent comme un officier intègre et rigoureux dans son travail : « Li finn fer boukou gran ‘case’, Wakashio, réseaux de prostitution infantile, entres autres. » Ils affirment que s’il était démontré que Roshan Kokil avait commis une erreur dans l’affaire « pendrive », ce serait l’unique tache dans son parcours professionnel.
Le plus jeune sergent de l’histoire de la police
Roshan Kokil s’est illustré en diverses occasions au cours de ses 34 ans de carrière. À 22 ans, il est devenu le plus jeune sergent de l’histoire de la police mauricienne, qu’il avait intégrée trois ans auparavant, le 19 mai 1988, sous l’ère du commissaire Bhimsen Kowlessur. À cette époque, après trois années de service, les jeunes policiers pouvaient s’inscrire aux examens pour devenir sergent. Coup d’essai, coup de maître pour ce fils de laboureur qui, par la suite, a réussi d’autres examens jusqu’à atteindre le rang de chef inspecteur, puis être nommé assistant surintendant de police. « Zame linn gagn promosion automatik, ni okenn ‘adverse report’ par so bann sef », souligne-t-on dans son entourage. Détenteur d'un BSc en Police Science et d’un master en Business Studies, Roshan Kokil est aussi chargé de cours à l’université de Maurice depuis cinq ans. Il dispense également des formations au sein de la police.
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