Qui dit campagne électorale, dit investissement en berne. Qu’en est-il vraiment ? Atteindra-t-on les objectifs fixés cette année.
Le taux d'investissement était à 24 % du Produit Intérieur Brut (PIB) à Maurice en 2023. Lors de cette même année, la progression des investissements du secteur privé était de 21,7 %.
Publicité
L’investissement en pourcentage du Produit Intérieur Brut (PIB) à Maurice devrait atteindre 28 % cette année selon les projections de Statistics Mauritius. Il était de l’ordre de 19,1 % en 2019. Quant à la formation brute de capital fixe (FBCF), elle pourrait s’élever à Rs 203 milliards avec une croissance de 24,2 % en glissement annuel, dont Rs 153 milliards seraient des investissements du secteur privé. Pour Ken Poonoosamy, CEO de l’Economic Development Board (EDB), cela reflète un engagement fort et la confiance des investisseurs tant locaux qu'étrangers.
Quid des investissements du secteur privé, ils ont grimpé de 21,7 %, passant de Rs 90 milliards à Rs 117 milliards en 2023. Ken Poonoosamy explique que les prévisions sont par rapport aux projets concrets qui sont dans le pipeline. L’implémentation de plusieurs projets par l’EDB se poursuit. « Les investisseurs qui ont déjà pris l’engagement vont de l’avant avec leur projet », assure-t-il.
Ainsi, la stabilité politique et économique dont jouit le pays, joue selon Shaktee Ramtohul, consultant en affaires, en sa faveur. « Ces investissements me semblent réalistes dans un élan de soutenabilité, car les investisseurs ont dû analyser notre modèle économique et politique avant d'acheminer leurs fonds. Les élections peuvent avoir un ralentissement minime, mais dans l'ensemble les prévisions sur les investissements me semblent atteignables », dit-il.
« Wait and see »
Les activités se poursuivent au sein des entreprises. Cependant, la posture attentiste venant des investisseurs prend souvent le dessus lors d’une campagne électorale et suivi des élections. Que le gouvernement change ou pas, précise un économiste, la politique économique pourrait être différent lors du prochain mandat. Cela fait dire à Shaktee Ramtohul que le pays est à une étape critique car les élections générales pourraient donner lieu à un changement de régime. Les prétendants au prochain gouvernement pourraient annoncer des mesures pouvant influencer les investisseurs tant au niveau de la fiscalité, des permis ou autres.
La bienséance voudrait que chaque entreprise protège ses acquis. La prévisibilité est importante en entreprise. Si le prochain régime opte pour un système d’imposition plus rigide sur les entreprises, cela pourrait refroidir les investisseurs, confie un observateur. Pour cause, une entreprise base sa trésorerie, ses projets et ses prévisions par rapport au projet économique qui est en place. Les fonds sont mobilisés par rapport à une politique. « Tout changement provoquera un débalancement », avance-t-il.
Investisseurs étrangers
Par ailleurs, Maurice possède l'un des plus grands marchés de la région africaine. Cela s’est traduit par une capitalisation boursière de 8,3 milliards de dollars en août 2024. D’ailleurs, le nombre de cotation de nouveaux titres attiré depuis 2009 par la Bourse de Maurice est de 241. Parmi, 117 provenaient d'émetteurs internationaux et 39 d'émetteurs axés sur l'Afrique. Au total, près de 7 milliards de dollars ont été levés sur la plateforme de la Bourse de Maurice depuis 2009, dont 5 milliards de dollars par des émetteurs internationaux.
Dans un magazine publié par Mauritius Finance ce mois-ci, Sheena Bobeechun, Head of Business Develoment chez AXYS Capital Markets, souligne que Maurice doit se positionner avec la bonne proposition de valeur afin de devenir la juridiction de prédilection de l'Afrique. « Il est important pour la juridiction de construire un centre de connaissances qui agisse comme un dépositaire d'informations pour le continent », fait-elle ressortir.
L’évolution des investissements en 2023
Statistics Mauritius avait révisé à la hausse ses prévisions d'investissement pour 2023, passant de Rs 142,14 milliards dans ses estimations de septembre à Rs 142,17 milliards dans ses estimations de décembre. L'investissement du secteur privé devrait maintenant atteindre Rs 109,34 milliards (+0,36 milliards par rapport aux estimations de septembre) tandis que l'investissement du secteur public devrait atteindre Rs 32,84 milliards.
En chiffres
Prévisions de Maurice Stratégie
- Pour 2024, la croissance nominale devrait être de 12,4 %.
I. L’investissement privé devrait contribuer de 1,9 %
II. La contribution de l’investissement publié devrait être de 0,7 %
- L'investissement privé, y compris l'investissement Direct Étranger (IDE), devrait continuer à croître de 8 % en 2024 et ajouter 1,9 % à la croissance du PIB.
- L'investissement public devrait augmenter de 12 % en 2024, ce qui contribuera à la croissance du PIB à hauteur de 0,7 point de pourcentage.
Ralentissement des investissements mondiaux
Selon les chiffres publiés par l'OCDE, les flux mondiaux d'IDE ont atteint 727 milliards de dollars au premier semestre 2023, mais sont restés 30 % en dessous des niveaux enregistrés au premier semestre 2022. La reprise a été principalement observée au cours du premier trimestre 2023, tandis qu'une baisse substantielle de 44 % des flux mondiaux d'IDE a été enregistrée au cours du deuxième trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent.
Les États-Unis ont été le premier bénéficiaire des IDE dans le monde, suivis du Brésil, le Canada et le Mexique, tous deux classés également au troisième rang des bénéficiaires de l’IDE. Les États-Unis étaient également le principal investisseur au niveau mondial, suivis par la Chine et le Japon.
Investissements directs étrangers à Maurice
Les entrées d'investissements directs étrangers (IDE) dans le pays sont estimées à Rs 13,51 milliards au premier semestre 2023, contre Rs 10,09 milliards au premier semestre 2022. Cela représente une augmentation de 33,9 %.
Le secteur des « activités immobilières “ (Rs 8,66 milliards) a été le principal bénéficiaire des IDE, suivi par le secteur des activités d'hébergement et de restauration » (Rs 1,62 milliards). Les IDE à Maurice provenaient principalement de France (Rs 2,80 milliards) et d'Afrique du Sud (Rs 1,51 milliards).
Selon un économiste, le montant de l’IDE peut être un trompe-l’œil, car il inclut l’investissement dans le secteur financier et l’immobilier. Une bonne partie des fonds ne fait que transiter au sein du secteur financier. « Le montant net pourrait être négligeable par rapport à la somme nette », indique-t-il. Toujours selon lui, les investissements dans le secteur immobilier sont en « one-off ». Ainsi, il n’y a pas de production engendrée à partir du secteur immobilier. « Nous pouvons avoir énormément d’investissements au sein du secteur immobilier, mais cela ne contribue pas au développement économique de Maurice », ajoute l’économiste.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !