Economie

Investissement : le climat politique défavorable

Avec une opposition renforcée, le climat politique s’avère défavorable à l’investissement privé et peu propice à une amélioration de la situation économique.

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«The country is not doing enough in implementing technological changes like its competitors»

1. Selon vous, le pays vit actuellement dans...

La sérénité 3%
L'agitation 43%
L'indifférence 53%

L’indifférence des Mauriciens

Alors que le débat fait rage sur la question de passation de pouvoir entre Jugnauth père et fils, les Mauriciens y restent indifférents, observent 53 % des sondés. Certains parlent de
« lassitude », tant les gens sont « tired of all these politicking ». Pour un économiste, « malgré le mécontentement de la population sur divers sujets, il y a comme un laisser-aller des gens, et cela engendre une certaine indifférence ». Celle-ci se porte plutôt sur « the political situation as generally Mauritians are indifferent ». Du moins en apparence, car 43 % des répondants constatent, eux, que le pays vit dans l’agitation. L’opposition, désormais constituée de trois grands partis et de deux petits partis, fait feu de tout bois, même si c’est chacun de son côté.

2. Comment trouvez-vous le climat politique par rapport à l'investissement privé ?

Climat politique défavorable

Dans un pays où il y a de l'agitation, le climat politique ne peut qu'être défavorable à l'investissement privé. C'est ce que pensent 57 % des personnes interrogées. On voit de « l’ingérence politique qui est toujours présente », et des politiciens qui s’entre-déchirent. De plus, « certain recent nominations and appointments are questionable ». Pendant que « worldwide the investment climate is deteriorating, even in the United States », ici « les tergiversations du gouvernement sont très décourageantes pour l’investissement local et étranger », avec « lots of announcements but no real action ». La saga BAI ne finit pas de frapper les esprits des investisseurs potentiels, de par la manière dont un groupe privé a été dépossédé de ses biens.

3. Pour vous, Roshi Bhadain avec ses dossiers représente pour le gouvernement...privé ?

Une menace 10%
Une nuisance 77%
Aucun danger 13%

Une nuisance pour le gouvernement

L'ex-ministre Roshi Bhadain, qui était un homme à tout faire du gouvernement, affirme détenir des dossiers compromettants contre ce dernier. Il a trop dit, ou pas assez. S'il ne constitue pas encore une menace contre les puissants du jour, il représente à coup sûr une nuisance pour eux, selon la grande majorité des sondés. C'est vrai, « il était déjà une nuisance quand il était ministre », et maintenant « il est prêt à tout pour se refaire une virginité politique ». On suppose que « Bhadain has lots to say and the old guards are worried », d’autant que « a bitter man is usually dangerous ». Mais « if he has something on his former colleagues, he should go to the proper authorities without the immunity offered by parliament ». Sinon, « he has to overcome a big credibility test ».

4. Est-ce une bonne chose pour l’économie que le nouveau Premier ministre garde le ministère des finances ?

Les Finances  à temps partiel

Trois analystes sur cinq estiment que ce serait mieux pour l’économie si le portefeuille des Finances n’était pas entre les mains du nouveau Premier ministre. Car « le poste de Premier ministre est déjà un poste de très grande responsabilité », et ainsi « he may lack time to focus on key financial issues ». On doute qu’il ait le temps de voir tous les dossiers qui tombent directement sous lui. Mais pour 40% des sondés, aucun autre député de la majorité n’a la compétence ou la crédibilité pour être un bon ministre des finances. Le Premier ministre peut maintenir sa stratégie de continuité, faire avancer les nombreux dossiers qui traînent, et assurer la mise en œuvre des projets pour le développement économique du pays.

5. Sous le Premier ministre Pravind Jugnauth, la situation économique va...

S'améliorer  23%
Se détériorer 20%
Rester pareille 57%

Pas d’amélioration économique en vue

Pour 77 % des répondants, la situation économique ne va pas s'améliorer sous le primeministership de Pravind Jugnauth. Au mieux elle restera pareille (57 %), au pire elle se détériorera (20 %). On s'attend certes à un taux de croissance légèrement plus élevé que celui de l'année dernière. Mais « les turbulences politiques sont susceptibles de nuire à l’économie », et « the long term stagnation trend will remain intact ». Il est vrai que « la situation économique de Maurice ne depend pas seulement du Premier ministre ». Il faut aussi tenir compte des « facteurs externes tels que l’effet Trump, les élections en France et la situation avec le Brexit ». Et la stratégie gouvernementale de rapprochement avec l’Inde pourrait déplaire à nos autres partenaires économiques étrangers.

6. Quel est l'état d'esprit de la communauté des affaires par rapport aux développements post-Brexit...

L’effet Brexit déjà ressenti

Quatre sondés sur cinq trouvent anxieuse la communauté des affaires face aux développements liés au Brexit. Le dernier rapport trimestriel de Lux* Resorts, qui dit avoir subi un manque à gagner de 20 % sur ses revenus en livre sterling, est très révélateur de la situation des hôtels qui sont exposés au marché britannique. Ces derniers sont déjà affectés par le Brexit. Si les conditions économiques internationales se détériorent davantage, « les carottes seront cuites pour Maurice ». Même la performance de son secteur offshore sera mal en point « if London becomes a tax haven ». De plus, « the country is not doing enough in implementing technological changes like its competitors ».

7. D'après vous, la politique protectionniste de Donald Trump constitue pour les exportations mauriciennes...

Un avantage 0%
Un inconvénient 17%
Une incertitude 83%

Nul protectionnisme n’est avantageux

Dans une interview de presse, le président de la MEXA déclarait que « Donald Trump’s election will positively impact on the export sector ». Les analystes interrogés ici ne sont pas si sûrs que ça, puisque personne ne croit que le protectionnisme déraisonné du nouveau président américain représente un avantage pour les exportations mauriciennes. L'incertitude règne parce que « nothing is certain whether the AGOA facilities will remain ». Il existe le risque que « Mauritius can get caught in the net ». Aussi, des représailles commerciales auront des conséquences fâcheuses sur la croissance mondiale. En homme d’affaires pragmatique, « Trump cannot afford a tariff war with China, or else he will have to pull the United States out of the World Trade Organisation ».

8. Quelle orientation du Repo Rate prévoyez-vous à la prochaine réunion du comité de politique monétaire ?

Trop tôt pour relever le taux d’intérêt

Le comité de politique monétaire se réunira le mercredi 22 février. Lors de la dernière réunion en novembre, certains membres ont fait ressortir « les limites de la politique monétaire ». Dans des déclarations écrites, le gouverneur de la Banque de Maurice a paru plus prudent sur la question de détente monétaire face aux risques inflationnistes. On spécule désormais sur un revirement de la politique de taux d’intérêt, mais il est très difficile d’envisager que, à peine sept mois après avoir baissé le taux directeur par 40 points de base, le comité décidera de l’augmenter. Neuf analystes sur dix ne peuvent pas se tromper en misant sur le statu quo. Reste que « it is likely that the Repo Rate will increase later this year once inflation picks up ».

 

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