Economie

Introduit en janvier 2018 : ces 102 entreprises qui font fi du salaire minimal

salaire minimal

Le salaire minimal est l’une des mesures phares sous cette présente mandature. Si la grande majorité des entreprises pratiquent le salaire recommandé, une centaine de compagnies ne sont toujours pas en règle avec la loi. Bilan d’une mesure introduite en janvier dernier et qui continue à faire couler beaucoup d’encre.

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Les chiffres

  • 165 814 employés ont obtenu le salaire minimal, qui est de Rs 9 000, cette année.
  • 102 entreprises n’ont toujours pas payé le salaire minimal à leurs employés.
  • 4 cas relatifs au non-paiement du salaire minimal ont été logés en Cour industrielle de janvier 2018 à octobre 2018.
  • 12 cas comportant 34 chefs d’accusation sont en voie d’être logés en Cour.
  • 2 entreprises qui ont dû payer une amende. L’une a payé Rs 5 500 et l’autre Rs 2 000.

Source : Ministère du Travail


Ce que dit la loi

En vertu de la Section 22 de la National Wage Consultative Council Act 2016 (Act No 6 of 2016), toute personne qui ne respecte pas le paiement du salaire minimal commet une offense et, est, par conséquent, passible d’une amende ne dépassant pas Rs 50 000.


Ces catégories d’employés qui ne touchent toujours pas de salaire minimal

  • Certains gens de maison
  • Certains employés d'Organisations non-gouvernementales (ONG)
  • Certains employés dans le commerce et la distribution (magasin, supermarché, etc.)
  • Certains agents de sécurité
  • Certains ‘cleaners’
  • Certains  ‘educators’

Un manque de financement…

c’est la raison principale avancée par certaines entreprises pour ne pas payer le salaire minimal.


Revu chaque 5 ans

Le montant du salaire minimal est appelé à être revu périodiquement. «La révision du prochain National Minimum Wages se fera au plus tard en 2020 et subséquemment chaque 5 ans », indique-t-on au ministère du Travail.


Les astuces de certains employeurs

Diminuer les heures de travail de leurs employés
Certains employeurs ont réduit les heures de travail de leurs employés afin de ne pas leur payer le salaire minimal. « C’est surtout très fréquent dans les magasins. Ils disent aux employés de rentrer à 10 heures au lieu de 9 heures », explique le syndicaliste Reeaz Chuttoo. Et Jane Ragoo d’ajouter : «Ces employeurs expliquent à leurs employés qu’ils ne sont pas concernés par le salaire minimal, car ils travaillent à temps partiel. Le drame c'est que ces employeurs exigent la même quantité de travail alors qu’ils ont, pourtant, réduit le temps de travail ».

Mettre à la porte les employés pour les reprendre sur contrat
« Quand le salaire minimal a été introduit, certains employeurs ont mis des employés, qui comptaient peu d’années de service, à la porte. Ils les ont ensuite repris sur contrat sur une base mensuelle», indique un Reeaz Chuttoo indigné.

Les divers bonis intégrés au salaire
Autre astuce des employeurs : intégrer le boni de présence et celui de la performance pour gonfler le salaire initial. « Du coup, ces employés, qui auraient dû obtenir le salaire minimal ainsi que les divers bonis, se retrouvent avec des salaires inchangés.», martèle Jane Ragoo.


Amar Deerpalsing : «Il faut savoir pourquoi ces entreprises ne paient pas»

Amar Deerpalsing, le président de la Fédération des PME, est catégorique. « C’est une obligation légale de payer le salaire minimal. Ceux qui ne paient pas sont en infraction et sont passibles de poursuites. Il reste, toutefois, à déterminer pourquoi ces 102 entreprises ne paient pas la compensation. C’est peut-être possiblement dû au fait qu’elles étaient déjà en difficulté financière avant l’introduction du salaire minimal », avance Amar Deerpalsing. Est-il possible que certaines de ces entreprises fassent preuve de mauvaise foi ? « C’est difficile à dire ! Si l’entreprise évolue dans un secteur qui fait bien et si elle réalise des bons chiffres, mais qu’elle refuse de payer, c’est un cas de mauvaise conduite. Il faudra enquêter pour savoir si c’est le cas », conclut notre interlocuteur.

Nalini : «J’attends toujours le salaire minimal»

Nalini, âgée de 38 ans, est ‘educator’ dans une école maternelle. Elle ne touche que Rs 8 000 par mois alors qu’elle assume aussi parallèlement le poste de directrice au sein de cette école et qu’elle compte près de 15 ans d’expérience. « Mes collègues sont dans la même situation que moi. Il y en a qui ne touchent que Rs 5 000. Nous attendons toujours le salaire minimal », déplore-t-elle. Elle évoque aussi la crainte des employés à dénoncer leur employeur. « Il est courant à Maurice que l’employé se retrouve à la porte quand il fait une plainte au ministère du Travail alors qu’il ne fait que se battre pour son droit. Il n’est pas protégé. D’où sa réticence à aller de l’avant. L’employé est toujours perdant », ajoute-t-elle avec un brin de défaitisme dans la voix.

Jane Ragoo : «Certains employeurs préfèrent payer l’amende»

Jane Ragoo ne cache pas sa colère. « C’est inadmissible que certains patrons à Maurice, mais aussi à Rodrigues, ne paient toujours pas de salaire minimal à leurs employés. Il y a toujours des salariés qui touchent Rs 5 000 ou Rs 6 000 dans le pays », déplore la syndicaliste. Le comble, ajoute-t-elle, c’est que certains employeurs préfèrent payer l’amende plutôt que le salaire minimal. « Comme c’est un paiement ‘one off’, ils préfèrent payer l’amende et continuer, par la suite, à rester dans l’illégalité. Au préalable, ils se vengent des employés qui les ont dénoncés au ministère en les mettant à la porte », explique Jane Ragoo. Pour la syndicaliste, il y a plusieurs cas de non-paiement du salaire minimal qui ne sont pas connus. « Les employés, par peur de perdre leur emploi, ne revendiquent pas leurs droits », souligne-t-elle. D’où sa requête pour que la Mauritius Revenue Authority accorde de l’effectif au ministère du Travail pour faire des inspections dans les entreprises. « Je lance aussi un appel aux patrons pour qu’ils fassent un effort. Ce n’est pas la mer à boire. Les gens doivent vivre décemment, surtout que le pays ambitionne de devenir une économie à haut revenu», conclut-elle.

 

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