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Interdiction du tabac et de la circulation d’argent en milieu carcéral : prisons sous haute tension

prison centrale

L’interdiction de la consommation de cigarettes en prison, la réduction de la liste des produits de consommation dans la cantine et l’interdiction des parents à verser de l’argent sur les comptes des détenus sont vivement contestés par des prisonniers depuis la mise en application de ces règlements le vendredi 1er février. La situation a dégénéré, lundi matin, à la prison des femmes lorsque des détenues, au nombre d’une cinquantaine, ont refusé de prendre le thé et ont exprimé leur mécontentement à haute voix forçant l’administration de la prison et le service Welfare d’ouvrir une négociation avec les protestataires.

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Des prisons «sous surveillance stricte»

Les autorités ont su gérer cette situation et ont évité de justesse une agitation. La situation est retournée à la normale peu après même si une atmosphère lourde prévaut dans les prisons.  Depuis cet incident les autorités sont en état d’alerte. Des mesures ont été prises pour que le Groupe d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) et éléments de la Special Supporting Unit (SSU) et de la Special Mobile Force (SMF) interviennent si besoin est. Les forces de l’ordre pourraient intervenir par hélicoptère à n’importe quelle heure.

Selon des recoupements, les autorités des prisons sont en présence de renseignements que des meneurs auraient lancé un « mot d’ordre demandant aux prisonniers d’exprimer leur mécontentement de diverses manières ». Les officiers des prisons redoutent une cabale dans trois centres pénitenciers, à savoir la prison centrale de Beau-Bassin, la prison des femmes et l’Eastern High Security Prison de Melrose. Depuis le 1er février toutes les prisons du pays sont « sous surveillance stricte » et les gardiens n’ont pas été autorisés à prendre des congés jusqu’au 15 février. Ils restent mobilisés et parés à intervenir à n’importe quel moment en vue d’écraser tout mouvement de protestation dans les prisons.

« Les nouvelles mesures introduites dans les prisons prison depuis le 1er février n’enchantent guère les détenus (es). Pour démontrer leurs grognes, ces derniers entameront une multitude de protestations telles que le refus de prendre la nourriture, entre autres, dans le but de créer un sentiment de tension parmi les détenus. Mais la prison est parée à toute éventualité en cas de dérapage. Un soutien aérien a été sollicité en cas de dérapage », affirme un cadre de l’administration carcéral.

«Situation sous contrôle»

Le commissaire des prisons, Vinod Appadoo, a confirmé, lundi,  que les nouvelles mesures ont fait des mécontents parmi la population carcérale. Il a souligné toutefois qu’il n’a fait que mettre en œuvre les recommandations de la commission d’enquête sur la drogue. « Les prisons étaient tranquilles ces trois derniers jours, le vendredi 1er, le samedi 2 et dimanche 3 février. C’est la déclaration d’un politicien qui est à l’origine du ‘turmoil’. Mais sachez que trois prisons sont des zones non-fumeurs depuis leur ouverture », dit-il.

Vinod Appadoo souligne également que la prison agissait « contre la loi » dans le sens que les détenus étaient rémunérés sous forme de cigarettes au détail après leur semaine de travail. « Cette pratique a perduré depuis des années. La prison est un espace où il doit y avoir des restrictions. Un détenu ne peut pas tout avoir. Les nouvelles mesures ont provoqué des mécontentements lundi. Certains ont refusé de se nourrir. Mais la situation est sous contrôle », termine-t-il.

famille

Témoignages :

  • Vidwantee, la mère d’un détenu, affirme qu’elle est ressortie de la prison en larmes lundi matin. « Les gardiens n’ont pas voulu prendre l’argent qu’elle avait apporté pour son fils », dit-elle.
  • Michelle, un autre parent, dit soutenir la mesure stricte de la prison. « Mais je suis contre la fermeture de la cantine ! », précise-t-elle.
  • D’autres parents qui sont allés voir leurs proches, après 15 jours (Ndlr : conformément aux nouvelles lois) ont été confrontés aux nouveaux règlements. Certains n’écartent pas la possibilité d’avoir recours à la Cour suprême.

Nouvelles mesures introduites depuis le 1er février

La consommation de cigarettes en prison, que ce soit pour les détenus mais aussi pour les officiers, est chose du passé. L’administration carcérale a appliqué la méthode dure à partir du vendredi 1er février. Dans la pratique, les détenus ne seront plus autorisés à apporter des cigarettes lors de leur admission en prison. Leurs proches ne seront plus autorisés à débiter de l’argent sur leur compte ‘Private cash’ afin que ces derniers puissent acheter de la nourriture. Si les détenus, ou gardiens, sont pris en flagrant délit de consommation de tabac ils seront sévèrement sanctionnés. L’interdiction de la cigarette en prison est toutefois l’une des recommandations de la commission Paul Lam Shang Leen sur la drogue. Pour éviter tout trafic en prison, le rapport Lam Shang Leen demande de mettre un frein à la commercialisation de cigarettes.

 

 

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