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Intenses bombardements dans la bande de Gaza après la fin de la trêve

L'armée israélienne bombarde samedi la bande de Gaza pour une deuxième journée consécutive depuis l'expiration d'une trêve avec le mouvement palestinien Hamas qui avait permis la libération d'otages et l'acheminement d'une aide d'urgence.

Le ministère de la Santé du Hamas, mouvement au pouvoir dans ce territoire palestinien assiégé, a fait état de près de 200 morts dans ces frappes israéliennes vendredi.

"Nous frappons actuellement des cibles militaires du Hamas à travers l'ensemble de la bande de Gaza", a déclaré tôt samedi Jonathan Conricus, un porte-parole de l'armée israélienne.

Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve, qui a permis la libération d'une centaine d'otages en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l'accélération de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Le Hamas a dit avoir "proposé un échange de prisonniers et de personnes âgées" parmi les otages, ainsi que la remise à Israël des corps de captifs "morts dans les bombardements israéliens".

L'armée israélienne a d'ailleurs confirmé tard vendredi la mort de cinq otages dans la bande de Gaza, en donnant leurs noms, ajoutant avoir "informé les familles de leur décès".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, accusé le mouvement palestinien d'avoir "violé l'accord" et "tiré des roquettes" vers Israël. Et son gouvernement a promis au Hamas "la pire des raclées".

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dit "regretter profondément" la reprise des affrontements à Gaza qui ne "fait que montrer combien il est important d'avoir un véritable cessez-le-feu humanitaire".

Hamas et Hezbollah 
A la frontière nord d'Israël, les échanges de tirs ont repris entre l'armée israélienne et le mouvement libanais Hezbollah, un allié du Hamas. Le Hezbollah a déploré la mort de deux de ses membres du fait de bombardements israéliens dans le sud du Liban, où un civil a également été tué. Le Hezbollah a revendiqué des attaques contre Israël.

Israël a mené des frappes aériennes samedi près de la capitale syrienne Damas, a indiqué le ministère syrien de la Défense sans faire état dans l'immédiat de victimes. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté ces informations.

Selon Rami Abdel Rahman, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, l'aviation israélienne a frappé dans le sud de Damas, des "cibles du Hezbollah".

Et, selon l'agence palestinienne Wafa, les forces israéliennes ont mené des opérations nocturnes dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée, où le Hamas compte aussi des soutiens.

La guerre Israël/Hamas a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par le Hamas en Israël le 7 octobre, qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

En représailles, Israël a mené des bombardements dévastateurs contre le territoire palestinien et lancé le 27 octobre une offensive terrestre. D'après le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes, dont plus de 6.150 de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes depuis le 7 octobre.

"Si les violences reprennent à cette ampleur et cette intensité, nous pouvons supposer que des centaines d'enfants de plus seront tués et blessés chaque jour", a déclaré la directrice exécutive de l'Unicef, Catherine Russell.

"A tous, à notre pays" 
Après la libération de 110 otages depuis le début du conflit, dont 105 pendant la trêve, en majorité des femmes et des mineurs, il reste 136 otages à Gaza aux mains du Hamas et d'autres groupes affiliés, ont indiqué les autorités israéliennes.

Vendredi, des parents et des soutiens des otages se sont rassemblés sur une place de Tel-Aviv, désormais connue comme la Place des Otages, avec des rouleaux de la Torah, représentant le nombre d'otages restant à Gaza.

"On nous a fait entrevoir une chance que les gens sortent, nous rejoignent et reprennent leur vie d'avant", a témoigné, ému, Ilan Zecharya, l'oncle de l'otage Eden Yerushalmi, âgée d'une vingtaine d'années. "A tous, à notre pays, nous demandons un nouveau dispositif" pour la "libération de tout le monde", a-t-il imploré.

Au lendemain d'une visite en Israël, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a dit que les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, restaient "focalisés" sur la libération des otages.

"Nous continuons de travailler avec Israël, l'Egypte et le Qatar afin de remettre la trêve sur les rails", a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Le Qatar, émirat qui avait annoncé la trêve, a appelé la communauté internationale à agir car la reprise des bombardements "exacerbe la catastrophe humanitaire" à Gaza.

"Des êtres humains" 
La trêve avait offert un répit aux habitants de Gaza et permis une accélération de l'aide humanitaire, mais ce flot, pourtant qualifié de très insuffisant par l'ONU, s'est désormais tari.

"Aucun camion d'aide n'est entré depuis la reprise des bombardements israéliens mais des préparatifs sont en cours pour l'évacuation de plusieurs blessés" a affirmé à l'AFP Waël Abou Omar, chef de la communication du terminal de Rafah (sud), point de passage entre Gaza et l'Egypte.

Les besoins sont immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien, où plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits et 1,7 million de personnes ont été déplacées par la guerre d'après l'ONU.

La situation sanitaire se détériore, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) décrivant 111.000 cas d'infection respiratoire aiguë et 36.000 cas de diarrhée chez des enfants de moins de cinq ans parmi les déplacés à Gaza.

"Il y a des bombardements partout, nous n'avons ni nourriture, ni eau, ni vêtements. Les magasins sont vides, il fait froid, le poste-frontière est fermé" avec l'Egypte, se désespère Marwa Saleh, 47 ans, arrivée à Khan Younès (sud) après avoir été déplacée de la ville de Gaza (nord).

Et d'ajouter: "quand est-ce que le monde va nous voir comme des êtres humains? Ma famille et moi, on est des civils, on n'a rien à voir avec cette guerre".

© Agence France-Presse

 

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