Les statistiques affichent une baisse, mais la réalité, elle, reste brutale. Les infractions diminuent, la violence, non. Derrière les colonnes de chiffres, des vies brisées, des familles en attente de vérité. Entre douleur, tabous et lenteurs judiciaires, une question s’impose : que vaut la justice quand elle tarde à guérir ?
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Selon Statistics Mauritius, le nombre d’infractions est passé de 58 794 en 2023 à 53 331 l’an dernier, soit une baisse de 9,3 %, principalement liée aux atteintes aux biens. Mais la violence, elle, résiste : 688 cas de violences sexuelles et 26 homicides intentionnels ont été enregistrés, pour un taux de 2,1 pour 100 000 habitants.
En juillet dernier, Nawsheen Chady a été tuée par son mari toxicomane. Elle laisse deux enfants qui vivent désormais entre leurs deux grand-mères. Sa mère, Roziffa Eckburally, parle d’une voix brisée : « Mo zanfan inn ale… Me zordi, se so bann zanfan ki pe soufer. Zot bizin pas zot letan ant enn lakaz ek lot… Zot vinn kot mwa, zot nani dan wikenn. »
Quelques mois plus tôt, en décembre, Priscilla Vencanah tombait sous les coups d’un époux jaloux à Stanley. Sa nièce, Adrianna, espère que justice sera enfin rendue : « On attend une peine sévère pour que cela serve de leçon. Il faut que la justice parle, une fois pour toutes. »
Pour la psychologue Sanjana Gobin, ces familles portent une souffrance souvent tue : « Les tabous autour du suivi psychologique freinent encore beaucoup de proches. » Elle appelle à libérer la parole et à déculpabiliser la demande d’aide.
La criminologue Ashitah Aujayeb Rogbeer va plus loin : « Les retards excessifs dans le traitement des affaires minent la crédibilité du système. » Elle plaide pour une modernisation en profondeur : plus de magistrats, plus de procureurs, et un investissement technologique pour une justice plus rapide et plus humaine.
Nabihah Mooraja
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