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Insécurité : 1 075 accidents de travail en cinq ans

Insécurité Ceux qui travaillent dans le secteur de la construction sont les plus exposés.

Une moyenne annuelle de neuf accidents fatals et 206 accidents qui n’ont pas provoqué de morts d’hommes sur le lieu du travail sur les cinq dernières années. Un document déposé à l’Assemblée nationale révèle ces chiffres contestés par plusieurs syndicalistes estimant qu’ils sont loin de la réalité.

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44 accidents fatals et 1 031 accidents qui n’ont toutefois pas causé mort d’homme, entre 2013 et 2017. Un document déposé à l’Assemblée nationale indique qu’il y a eu 17 accidents fatals en 2013, sept en 2014, sept  en 2015, quatre  en 2016 et six en 2017. En ce qu’il s’agit des accidents sur le lieu du travail, mais qui n’ont toutefois résulté à aucune mort d’hommes, les chiffres sont comme suit : 234 en 2013, 215 en 2014, 180 en 2015, 188 en 2016 et 214 en 2017. Le document ne s’en tient qu’à ces détails sans donner la moindre indication sur les secteurs qui sont les plus exposés aux accidents de travail.

Dayanand Kurrumchand, président de l’Institute of Occupational Safety and Health Management (OSHM), explique que ce sont les secteurs de la construction et de l’agriculture qui sont les plus concernés. « Dans le secteur agricole, par exemple, les travailleurs sont souvent appelés à manier des équipements sans avoir eu droit à une véritable formation », soutient-il. Pour ce qui est du secteur de la construction, Dayanand Kurrumchand explique que le problème se pose surtout avec les petites entreprises qui ont tendance à faire fi des procédures de Health and Safety. « On note par exemple que beaucoup de ces petites unités ne disposent pas des services d’un Health and Safety Officer, ce qui est un grave manquement », fait ressortir le président de l’OSHM.

Ce dernier ajoute aussi avoir remarqué que le Construction Industry Development Board a, au cours de ces dernières années, délivré beaucoup de permis aux petites compagnies. « Émettre des permis, c’est une chose, mais s’assurer à ce que ces entreprises opèrent dans les conditions structurées, c’est une autre paire de manche », ajoute-t-il. Dayanand  Kurrumchand tient toutefois à faire ressortir qu’il ne suffit pas d’avoir un Health and Safety Officer sur le lieu du travail. Il soutient que le superviseur joue un rôle tout aussi important, sinon plus. « Ce sont les superviseurs qui sont en première ligne et il leur incombe de procéder à une risk assessment au quotidien, afin d’assurer une atmosphère de travail saine aux employés », dit-il.

Souffrir en silence

Ces chiffres publiés par le ministère du Travail sont à prendre avec des pincettes, déclare, pour sa part, Reaz Chuttoo, l’un des dirigeants de la Confédération des travailleurs du secteur privé. Le syndicaliste est d’avis que ces chiffres ne reflètent pas la réalité, car le nombre d’accidents sur le lieu de travail qui ne sont pas rapportés serait,  selon lui, en hausse. Il s’agit, dit-il, d’une des conséquences directes de la précarisation de l’emploi à Maurice. « Nous sommes à une époque où de plus en plus de personnes sont embauchées sur des bases contractuelles », tient à souligner le syndicaliste.

Il chiffre à 15 000 le nombre de contractuels dans le secteur agricole. « Du coup, lorsqu’ils subissent des blessures sur le lieu du travail, ils préfèrent souffrir en silence sans alerter leurs superviseurs ou les autorités compétentes », ajoute-t-il. La situation est, selon le syndicaliste, encore plus effrayante au niveau des travailleurs étrangers. « Ils ne connaissent même pas leurs droits et à qui rapporter lorsqu’ils sont blessés. Ils ignorent par exemple le fait qu’ils ont droit à 15 jours d’Injury Leaves lorsqu’ils ont été blessés sur leur lieu de travail », avance-t-il. Le syndicaliste, Fayzal Ally Beegun abonde dans le même sens. Il trouve affligeant l’ignorance des travailleurs étrangers concernant leurs droits fondamentaux. « Ils ignorent par exemple qu’il y existe une Special Migrant Workers’ Unit au ministère du Travail ».

Le syndicaliste appelle ainsi les employeurs devant leurs responsabilités et demande au gouvernement d’obliger les employeurs d’offrir une assurance médicale aux travailleurs étrangers.

 

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