Au lendemain des inondations qui ont frappé le nord du pays, particulièrement le village de Fond-du-Sac, les habitants et les commerçants qui ont presque tout perdu essayent de sauver les meubles. Ils ont cependant pu compter sur l’aide de leurs voisins, de volontaires, des hôtels et des politiciens.
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Les habitants de ce village ont touché le fond pour la troisième fois depuis les premières inondations de 2013. Ils ont du mal à survivre dans de telles conditions. Ils ont une fois de plus tout perdu, matelas, machines à laver, réfrigérateurs, téléviseurs et meubles. Ils devront donc tout remettre en état, petit à petit.
Les habitants sont d’ailleurs désemparés par les circonstances, « qui auraient pu être évitées, si les autorités avaient accordé priorité à la construction de drains », explique Anil Naiko. Ce dernier et son épouse Mala racontent qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer. « Nous pouvons, dans l’immédiat, compter sur nos voisins, sur des membres de la famille ou des amis », affirme le mari. « Ils nous offriront le gîte pendant quelques jours jusqu’à ce que l’eau qui s’est infiltrée dans notre maison s’assèche », ajoute Anil Naiko. Il salue aussi ceux qui leur ont offert à manger dans la journée du mercredi 10 avril. « Nos provisions ont été abîmées par l’eau », dit-il. La famille Naiko est anéantie.
C’est le même constat chez Shailesh Kumar Shewhorak qui a tout perdu. Les yeux fixés sur les dégâts, il n’a pas les mots pour nous expliquer ce qu’il compte faire. Lui aussi va chercher refuge chez un proche qui vit a quelques mètres de chez lui.
Hormis les habitations, plusieurs commerces ont été affectés par cette catastrophe. Salomi Bhaugeerutty, propriétaire d’un magasin
d’articles divers, ne cache pas sa colère. Elle explique qu’elle a dû contracter des dettes pour financer son commerce à la suite des précédentes inondations. « Je dois rembourser Rs 400 000 à la banque, sans compter l’argent que j’ai emprunté de mes proches », affirme-t-elle, alors qu’elle s’affairait à nettoyer ce qui pouvait encore être sauvé de son commerce. Elle affirme qu’elle devra s’endetter davantage pour pouvoir continuer à travailler.
Elle est aidée dans ce nettoyage par Nasirah Joomun, propriétaire d’un salon de coiffure situé à côté. « J’ai beaucoup perdu lors de ces inondations, plusieurs appareils neufs ont été détruits. J’ai déjà nettoyé le salon, maintenant j’aide ma voisine », affirme-t-elle.
Il faudra compter plusieurs jours avant que les choses ne retournent à la normale. Entre-temps, les habitants de Fond-du-Sac espèrent qu’il n’y aura pas de pluies torrentielles dans les jours qui viennent, surtout avec le début de la construction des drains annoncé dans trois mois, par le ministre Ashit Gungah.
Les politiciens en force
Le calvaire des habitants de Fond-du-Sac a fait bouger les politiciens, à la fois de l’opposition, notamment du Parti travailliste, et de la majorité gouvernementale. La situation a même donné lieu à une trêve entre les deux camps. « Dans un moment pareil, nous devons collaborer pour le bien des habitants, pour leur apporter un soulagement », affirme le député Sangeet Fowdar, du Muvman Liberater, qui se tenait près d’une tente dressée par des sympathisants travaillistes. Les politiques ont également réuni des volontaires pour préparer des repas pour les sinistrés. Certains hôtels ont également participé à cette action de solidarité.
Vasant Jogoo, urbaniste : «L’aménagement du territoire n’a jamais été une priorité du GM»
L’émission Au Cœur de l’Info de Radio Plus abordait le thème des inondations ayant provoqué la colère des habitants du village de Fond-du-Sac. Vasant Jogoo, spécialiste en développement durable et urbaniste, a déclaré sans détour que ces inondations sont occasionnées, entre autres, « par le non-respect du plan d’aménagement du territoire à Maurice ».
L’émission, animée, le mercredi 10 avril par Jane Lutchmaya et Eshan Dinally, a réuni plusieurs participants. Outre Vasant Jogoo présent sur le le plateau, les autres intervenants ont eu l’occasion de répondre aux questions au téléphone. On a ainsi entendu : le député Zouberr Joomaye et l’hydrologue Farook Mawlabaccus.
Il y a bien eu un plan d’aménagement qui remonte à 2013, mais jamais aucun gouvernement ne s’est vraiment soucié, selon Vasant Jogoo, de le mettre en pratique. « La situation a évolué pour le pire. On a eu droit à un développement sauvage où les gens construisent n’importe comment. » Vasant Jogoo a remarqué qu’« aucun gouvernement n’a fait de l’aménagement du territoire sa priorité. »
L’intervenant devait aussi parler du plan d’aménagement du territoire préparé dans les années 70 par la Mission française d’Aménagement du territoire de l’île Maurice (MATIM). « Si ce plan avait été appliqué nous n’aurions pas eu à endurer les difficultés qui se présentent aujourd’hui », dit-il..
L’émission a permis par ailleurs à l’Officer-in-Charge du Land Drainage Committee, Shiv Seewoo Baduth d’annoncer des mesures de redressement avec la mise en pratique des recommandations contenues dans le Land Draining Master Plan attendu en 2020.
Farook Mawlabaccus s’en est pris à ceux qui font des constructions en obstruant des drains et en érigeant des murs autour de leur propriété et cela en toute impunité. « Il y a un manque d’effectifs au niveau des départements des administrations régionales pour exercer le contrôle nécessaire avant de délivrer les permis de construction », dit-il.
Zouberr Joomaye a, pour sa part, montré du doigt certains contracteurs non performants qui décrochent toujours des contrats alors qu’ils devraient être ‘black listed’, selon lui. Il recommande des « mesures urgentes » pour les empêcher de nuire.
Enfin, à l’heure des questions des auditeurs, les intervenants ont insisté sur le fait que le problème des inondations ne devrait pas attendre 2020 pour être résolu, « mais immédiatement ».
Aide aux victimes : AK Gourmet distribue 1 500 repas
Le restaurant AK Gourmet, sis à Grand-Baie, a consacré sa journée du mercredi 10 avril à préparer 1 500 repas pour être distribués aux victimes d’inondations, a affirmé Akarshan Koonjoo, directeur du restaurant sur la page Facebook.
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