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Inondations : appel à une planification territoriale responsable

L’accumulation d’eau à la suite des pluies torrentielles a provoqué l’effondrement d’une partie du mur d’enceinte du cimetière de Saint-Jean, mercredi dernier.

Le Metro Express est fréquemment mis en cause à chaque montée des eaux, comme cela a été le cas lors des dernières inondations à Saint-Jean. La question se pose de savoir si ce projet d’infrastructure routière a été mal réfléchi et comment éviter de telles situations.

Les premières étapes du Metro Express, reliant Curepipe à Port-Louis, ont été dispensées d’une Environmental Impact Assessment (EIA). En effet, à l’entame des travaux en 2017, le gouvernement s’était lancé dans une course effrénée pour rendre le Metro Express opérationnel avant les élections générales de 2019. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si cette hâte a entraîné des conséquences néfastes et si le pays risque de voir d’autres inondations dans les zones traversées par le Metro Express. 

Divers observateurs et experts environnementaux soulignent l’importance cruciale pour le gouvernement d’apprendre des erreurs passées et d’adopter une approche plus rigoureuse en ce qui concerne le respect des conditions environnementales pour les futures extensions du Metro Express. Initialement, le gouvernement s’est fixé pour objectif d’étendre le Metro Express jusqu’à l’Aapravasi Ghat à Port-Louis. À Curepipe, l’extension est prévue jusqu’à La Vigie, tandis qu’à Rose-Hill, elle sera reliée jusqu’à St-Pierre. 

En sus de ces extensions, le gouvernement envisage de connecter le Metro Express à travers tout le pays, ce qui suggère une possible expansion vers les régions côtières. Ces régions côtières sont particulièrement délicates, étant exposées aux risques d’inondations et confrontées à d’autres problèmes environnementaux comme l’érosion. Selon de nombreux experts, cela implique la nécessité de prendre des précautions accrues afin de minimiser les impacts négatifs potentiels sur l’environnement. 

L’océanographe et environnementaliste Vassen Kauppaymuthoo, qui refuse d’établir tout lien direct entre la construction du Metro Express et les récents cas d’inondations, notamment survenus à St-Jean, fait ressortir que « là où passe le Metro Express, la surface imperméable accrue due à la présence de bitume favorise le ruissellement. La préoccupation majeure réside dans la prise en compte des considérations de drainage des terres lors de la conception du Metro Express », ajoute-t-il. 

Il met également en avant le fait que de nombreux développements ont été réalisés sans prendre en compte le drainage des terres. « La planification territoriale à Maurice semble avoir été négligée, tout comme la construction de plusieurs lotissements qui ont omis l’installation de systèmes de drainage adéquats », dit Vassen Kauppaymuthoo, qui suggère qu’une étude commandée par Metro Express Limited (MEL) pourrait mettre un terme définitif au débat sur les éventuelles conséquences du Metro Express sur les inondations. Si le gouvernement et MEL rejettent fermement cet argument et que l’opposition maintient avec conviction que c’est le cas, cette étude permettra de clarifier l’impact réel du Metro Express. 

Selon Vassen Kauppaymuthoo, il est évident que pour les nouvelles extensions du Metro Express, des consultations plus étendues seront nécessaires. Il souligne que lors des phases précédentes, le Metro Express a bénéficié d’exemptions trop rapides, ne permettant pas au public d’exprimer son avis. « Cette approche aurait pu éviter bien des difficultés environnementales aujourd’hui », affirme-t-il.

Avis de la population

Un ancien technicien, ayant travaillé à la fois pour le ministère de l’Environnement et celui des Infrastructures publiques, partage l’opinion selon laquelle il est impératif d’impliquer davantage le public, en particulier ceux directement concernés par des développements majeurs touchant leurs régions. Il considère comme « dépassé et archaïque » le fait qu’un gouvernement « prétend pouvoir concevoir des projets de manière opaque, sans consulter la population ». Bien qu’il soit conscient de la facilité avec laquelle le gouvernement et les autorités compétentes contournent les processus de consultations publiques, il souligne que « la population peut recourir à des injonctions en justice pour faire entendre ses préoccupations concernant un projet ».

Cette source souligne que « l’objectif d’une injonction n’est pas seulement d’arrêter un projet, mais surtout de permettre une approche participative ». Selon l’ex-fonctionnaire, avec les suggestions du public, un projet peut être mieux conçu, évitant ainsi de nombreuses contestations ultérieures. Il estime que « recourir à de telles voies légales est beaucoup plus constructif que de manifester, car dans de nombreux cas, une fois la manifestation terminée, rien ne change et le projet se poursuit ».

 

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