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Initiative de Think Mauritius : quatre ex-ministres décortiquent le système éducatif

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Les membres du groupe de réflexion Think Mauritius ne digèrent pas le manque d’intérêt du gouvernement et des institutions éducatives pour une refonte complète du système éducatif à Maurice. 

Ils avaient pourtant invité la ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun, le Mauritius Institute of Education (MIE), ainsi que l’université à un atelier de travail à Ébène, le samedi 4 mai 2019. « Ils n’ont pas voulu participer. Aurons-nous un parti politique qui voudra bien nous écouter ? Toutefois, nous avons fait notre devoir de citoyen et de patriote », affirme Faizal Jeeroburkhan, qui réitère qu’il « n’y a rien de politique dans leur démarche ».

Faizal Jeeroburkhan
Faizal Jeeroburkhan

Quatre anciens ministres de l’Éducation ont répondu présents pour ce débat. Ce sont Dharam Gokhool, Steven Obeegadoo, Vasant Bunwaree et Armoogum Parsuramen. Ces anciens ministres ont fait ressortir quelques manquements dans le document de Think Mauritius, qu’il faudrait revoir. Parmi, l’absence de l’opinion des parents et des étudiants, ainsi que d’autres parties prenantes. Sinon, les anciens ministres,  qui s’accordent sur le réel besoin de réformer complètement notre système éducatif, sont d’avis que le document de Think Mauritius est une initiative louable.

Ce document de 65 pages revient sur les forces et les lacunes du système éducatif mauricien, qui ne font qu’accroître le taux d’échec dans le système actuel. Le document, intitulé Rethinking the education system in Mauritius, pointe principalement du doigt le cursus scolaire, qui est dépassé de plusieurs années, mais également la nécessité des leçons particulières. Faizal Jeeroburkhan regrette aussi l’indiscipline, les actes de violence, ainsi que la présence de drogue dans les établissements scolaires de l’île. Il propose la mise sur pied d’un centre national pour le développement et la recherche des cursus scolaires actuels proposés.

L’ancien formateur du Mauritius Institute of Education (MIE) affirme également que l’institution n’a plus les compétences requises pour la formation des enseignants, par rapport aux normes prévalant dans la société mauricienne d’aujourd’hui. Le rapport recommande aussi que des solutions alternatives soient trouvées aux examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate de Cambridge (HSC).

Contactée au sujet du débat organisé par Think Mauritius, la cellule de communication du ministère de l’Éducation affirme ne pas être au courant.

Dharam Gookool : «Le problème de promotion automatique demeure»

Dharam Gookool

« L’implémentation du Nine-Year Schooling n’a pas été faite d’une manière professionnelle. » C’est ce qu’a soutenu l’ancien ministre de l’Éducation élu sous la bannière travailliste. Dharam Gokhool affirme qu’il faut beaucoup de temps et de travail pour trouver un cursus scolaire idéal. « Malheureusement, ils ont pris seulement une année pour le faire et c’est pour cette raison qu’une des propositions de Think Mauritius pour un centre spécialisé pour le curriculum est intéressante. Il faudra plus de consultations et encourager la participation des citoyens dans un domaine aussi important que l’éducation », soutient Dharam Gookhool. L’ancien ministre met aussi l’accent sur le problème de promotion automatique. « Les enfants qui éprouvent des difficultés en Grade 2 ou Grade 3 ne pourront pas rattraper leur retard. Arrivés en Grade 9 ou au niveau du SC ou du HSC, ils éprouveront d’énormes difficultés pour réussir. C’est une des choses à revoir dans le Nine-Year Schooling. »

Steven Obeegadoo : «Il faut mettre l’accent sur le pré-primaire»

Steven Obeegadoo

L’ancien ministre de l’Éducation élu sous la bannière du MMM fait, lui, état d’un manquement majeur. L’Early Education est toujours mis en second plan, alors qu’en fait, c’est la priorité. « L’Unicef a mené campagne sur les besoins d’un enfant de moins de trois ans issu d’une famille défavorisée. S’il est mal nourri, il y aura un retard sur son développement, surtout cognitif, car le moment le plus critique est au stade 0 - 3 ans. On ne peut pas avoir un plan pour une réforme de l’éducation sans avoir une approche intersectorielle », explique Steven Obeegadoo. « Si les personnes et les autorités qui s’occupent de la petite enfance et de la santé maternelle avant la naissance ne sont pas partie prenante dans une refonte, il sera impossible d’appliquer une bonne réforme. C’est la base de tout », conclut l’ancien ministre.

Vasant Bunwaree : «La compétition est toujours présente»

Vasant Bunwaree

L’ancien ministre rouge Vasant Bunwaree se dit intéressé par le document de Think Mauritius. Cependant, il y a quelques propositions à revoir. « On n’est pas d’accord avec toutes les propositions », explique Vasant Bunwaree. Ce dernier estime qu’il faut, à présent, organiser plus de discussions et de débats qui englobent toutes les parties prenantes pour « faire un pas en avant » afin que le prochain gouvernement puisse utiliser ce document comme fondation pour une réforme. En ce qui concerne le Nine-Year Schooling, il déplore les changements faits au projet initial. « Ces changements ont tout bloqué, ce qui fait que la compétition est toujours omniprésente », soutient l’ancien ministre, qui constate que la situation s’empire. « Les leçons particulières commencent en troisième maintenant. Dans ce cas, pourquoi faire passer un examen en cinquième ? » se demande-t-il.

Armoogum Parsuramen : «Il faut un intérêt politique»

Armoogum Parsuramen

Il faut une action continue et l’ONG doit pouvoir convaincre tous les partis politiques, estime l’ancien ministre du MSM. « Il ne faut pas généraliser et dire que rien ne va. Il faut continuer avec ce qui est positif et éliminer le négatif », explique Armoogum Parsuramen. Il faut surtout un rapport réaliste, dont les recommandations peuvent être mises en application. « Autrement, le document sera mis dans un tiroir », affirme l’ancien ministre de l’Éducation. Armoogum Parsuramen déplore l’absence, pour l’occasion, de l’actuelle ministre de l’Éducation. « Elle a raté une occasion en or de discuter avec les parties prenantes, la société civile, et de recueillir les propositions qui auraient pu être considérées, dans le cas où elles sont positives pour le pays », soutient-il.

 

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