Inflation basse vs hausse des prix: le paradoxe expliqué

Les associations des consommateurs et observateurs économiques sont perplexes : comment se fait-il que l'inflation soit si basse, alors que les prix d'une série de produits ont grimpé dans le courant de l'année ? Explications. Dans les grandes surfaces, on est unanime. Plusieurs produits alimentaires et non-alimentaires ont vu leur prix grimper cette année. Ce qui n’empêche pas le taux d’inflation d’être bas cette année. Selon les derniers chiffres publiés par Statistics Mauritius, l’inflation s’élevait à 1,2 % en octobre. Un taux qui étonne Suttyhudeo Tengur, président de l'Association pour la protection de l'environnement et des consommateurs (APEC). « Ces statistiques ne reflètent pas la réalité. 20 à 30 % des consommateurs ont diminué leurs achats cette année de l'ordre de 20 % car le coût de la vie a grimpé. D”autre part, le niveau d’endettement des ménages reste élevé. Or, les gens s'endettent car ils n'ont pas assez de liquidités », fait-il ressortir. Eric Ng, directeur du Cabinet PluriConseil, est tout aussi surpris par ces données. « C'est incompréhensible que l'inflation soit si basse alors que la roupie s'est dépréciée de l'ordre de 20 % cette année », soutient-il. Une des explications derrière ce paradoxe, serait selon l’économiste, que « Statistics Mauritius ait choisi dans son panier des produits et des services de qualité inférieure car leurs prix sont les moins chers ». « Or, les Mauriciens misent aujourd'hui de plus en plus sur la qualité de produits », fait-il ressortir. Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) a une autre théorie. « Le panier de la ménagère est composé de produits et services de différents groupes de revenus. Ainsi, le taux d'inflation actuel ne reflète pas réellement l'inflation qu'ont subi les gens au bas de l'échelle dans la mesure où le panier est composé d'un certain nombre de produits et services qu'ils ne consommeront pas comme le billet d'avion et autres produits de luxe. Il y a donc un déséquilibre qui se fait au dépend de ceux au bas de l'échelle », analyse-t-il. Du côté de Statistics Mauritius, on a d’autres arguments. « Il y a deux méthodes de calcul pour l'inflation. D'abord, la 'headline inflation' qui est calculée sur une moyenne de 12 mois et le 'year on year inflation' qui est calculée pendant un mois avec en comparaison le taux d'inflation enregistré durant le même mois de l'année dernière. Lors de nos relevés de prix, nous avons enregistré certaines hausses de prix, mais également plusieurs baisses de prix comme le lait, le riz ou encore des produits pétroliers. Ce qui fait que le niveau des prix est resté bas cette année », nous indique un statisticien. Quoi qu’il en soit, Jayen Chellum insiste pour qu’il y ait deux paniers de la ménagère dont un uniquement basé sur les produits que consomment ceux au bas de l'échelle. « Ce qui serait à leur avantage quand il faudra faire des révisions salariales », avance-t-il. Quant à Eric Ng, il estime qu’il faut revoir la pondération (poids) de chaque item et service dans le panier de la ménagère. Sutthydudeo Tengur abonde dans le même sens. « Le panier utilisé pour calculer l'inflation a fait son temps. Il n'est plus représentatif de la vie d'aujourd'hui. Il est essentiel de revoir la composition et le poids de certains produits et services dans le panier de la ménagère », préconise-t-il.  

Composition du panier de la ménagère

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VITE DIT

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7 700 prix relevés chaque mois

Chaque mois, les officiers de Statistics Mauritius relèvent 7 700 prix dans environ 500 commerces (supermarchés, hypermarchés, boutiques du coin, pharmacies,...) répartis dans tous les districts à Maurice et à Rodrigues. Ces chiffres sont utilisés pour calculer l'indice des prix à la consommation. Ce relevé des prix se fait, toutefois, à deux niveaux. Pour les produits périssables comme les légumes, les fruits, la viande (fraîche), les prix sont enregistrés toutes les semaines. Pour les autres produits, notamment ceux qui sont en vente dans les grandes surfaces, les prix sont relevés entre le 12 et le 20 de chaque mois.  

Le panier de la ménagère date de 2013

Le dernier panier de la ménagère date d'avril 2013. Il a été calculé à partir du dernier Household Budget Survey de 2012. Ainsi, le panier est revu chaque cinq ans, soit après chaque publication du Household Budget Survey.  

180 items dans le panier de la ménagère

Le panier de la ménagère est composé de 180 items de consommation et d’un milier d'indicateurs. A titre d'exemple, le lait en poudre constitue un item de consommation qui comprend à lui seul quatre à cinq indicateurs, c’est-à-dire quatre à cinq les marques les plus populaires. Le panier est également composé de certains frais et services comme la facture d'eau, d'électricité, de téléphone, entre autres.