Infestation de rats, insalubrité… : Curepipe, entre modernisation et malaise urbain

L’appel d’offres pour la création d’un terminal urbain à Curepipe a été lancé fin février dernier. Cette infrastructure, qui sera construite à La Vigie, est destinée à accueillir un développement mixte. Entre-temps, la ville lumière continue de perdre de son éclat.

La construction de l’Urban Terminal à La Vigie, Curepipe, dont l’appel d’offres a été lancé le 28 février dernier par le ministère des Collectivités locales, soulève plusieurs questions. Alors que le gouvernement et la municipalité de Curepipe fondent de grands espoirs dans ce projet pour moderniser la ville et lui redonner son attrait, celle-ci souffre depuis plusieurs années d’un état de délabrement croissant. 

De nombreux marchands et commerçants opérant autour du marché central déplorent la présence envahissante de rats, de plus en plus visibles depuis l’aménagement d’une grande poubelle juste en face du marché central. De plus, l’installation de nouvelles toilettes à proximité, accompagnée d’une odeur nauséabonde, pose de sérieux problèmes d’hygiène. 

La principale préoccupation des marchands et des autres opérateurs du centre-ville est de savoir quelles mesures seront prises en attendant la construction de l’Urban Terminal. Effectivement, compte tenu des difficultés rencontrées avec les appels d’offres lancés pour les autres Urban Terminals des villes telles que Quatre-Bornes et Rose-Hill, une première interrogation surgit : ce premier appel d’offres lancé pour Curepipe ne connaîtra-t-il pas des complications similaires, retardant ainsi la mise en œuvre de mesures concrètes pour le centre-ville ?

Selon Dev Rampersad, qui travaille au marché central de Curepipe, la situation actuelle ne peut pas attendre le développement de l’Urban Terminal. « L’invasion des rats est très grave, car les légumes, fruits et autres produits alimentaires sont constamment exposés à ces bêtes, ce qui pose un énorme problème pour la santé publique », déplore le marchand. 

Les commerçants des magasins situés dans des centres commerciaux tels que l’Arcade Salafa, dénoncent également cette situation. Ils notent une augmentation alarmante de la présence de ces rongeurs nuisibles dans les zones commerciales, ce qui pose de sérieux problèmes d’hygiène et de salubrité. « Ces rats peuvent non seulement endommager les stocks de marchandises, mais ils représentent également une menace pour la santé publique en raison des maladies qu’ils peuvent transmettre », font-ils ressortir.

Ces derniers expriment leurs préoccupations quant à l’impact négatif de cette infestation sur l’image et la réputation des centres commerciaux, ainsi que sur la sécurité et le bien-être des clients et du personnel. Ils appellent les autorités compétentes à prendre des mesures urgentes pour éradiquer cette menace et garantir des normes d’hygiène adéquates dans ces espaces commerciaux essentiels de Curepipe.

Par ailleurs, un plan directeur présenté par le no 2 du gouvernement, Steven Obeegadoo, également député de la circonscription Curepipe/Midlands (n° 17), prévoit la transformation de la gare Ian Palach Sud, située à proximité du marché central, en un grand jardin qui servirait d’extension au jardin municipal. Cependant, cette proposition suscite à son tour de nombreuses interrogations. Combien de temps faudra-t-il pour réaliser toute cette rénovation du centre-ville ? Est-ce que ces aménagements résoudront le problème d’insalubrité et d’invasion des rats ? Ces rénovations seront-elles entreprises simultanément avec la construction de l’Urban Terminal ou après ? Ce qui est certain, c’est que tout semble indiquer que le marché central de Curepipe et tous les acteurs économiques qui gravitent autour devront continuer à composer avec la présence des rats pendant encore plusieurs années, selon Alan Gino, un marchand de gâteaux.

Nathalie Goppe, élue municipale de Curepipe du Parti mauricien social démocrate (PMSD), soulève une question centrale. Elle se demande si avec la décision de construire l’Urban Terminal à La Vigie, loin du centre-ville, on ne risque pas de créer une ville dans la ville. Bien qu’elle reconnaisse que les infrastructures liées à l’Urban Terminal seront certainement modernes, elle se demande si les autorités ne sont pas en train de privilégier une approche de développement moderne à La Vigie, tandis que le centre-ville serait complètement abandonné et laissé à l’état de décrépitude. 

Selon Sammy Chellen, conseiller municipal du Mouvement socialiste militant (MSM), la construction de l’Urban Terminal à La Vigie ne se fera pas au détriment du centre-ville. Il affirme qu’un nouveau marché est prévu dans le cadre de ce projet. Il reconnaît que le marché central actuel a atteint ses limites et prévoit la construction d’un nouveau bâtiment adapté aux besoins modernes. Les infrastructures actuelles ne proposent tout simplement plus la capacité nécessaire pour accueillir les marchands, ce qui contribue aux problèmes d’hygiène actuels, explique-t-il.