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Infections respiratoires aiguës : hôpitaux sous pression?

Les divers hôpitaux de l’île, comme A.G. Jeetoo, à Port-Louis, font face à un afflux de patients.

La hausse des infections respiratoires aiguës met les hôpitaux publics à rude épreuve. Le corps médical appelle à plus de prudence, au retour du masque et au respect des gestes barrières. Les enfants et les personnes âgées restent les plus exposés.

Les infections respiratoires aiguës gagnent du terrain, entraînant une hausse des admissions dans les hôpitaux publics. « Il y a un manque de place pour les admissions dans tous les hôpitaux du service public », constate le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA). Selon lui, les variations fréquentes de température et de climat favorisent les infections virales telles que la grippe, la COVID-19 ou encore la gastroentérite. Cette situation explique le nombre croissant de patients nécessitant une admission dans les hôpitaux régionaux, ce qui accentue la pression sur les membres du personnel.

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À cette augmentation des admissions s’ajoute, en effet, un manque chronique de personnel. « Nous sommes habitués, car le manque de travailleurs est une situation permanente dans tous les établissements de santé », souligne le Dr Abeeluck. Malgré ces contraintes, le personnel continue de prodiguer les soins nécessaires. Il rappelle que les hôpitaux doivent également accueillir des patients pour des accidents, des interventions chirurgicales ou des pathologies liées au diabète et à l’hypertension, entraînant régulièrement des accidents vasculaires cérébraux.

Le personnel sous pression

Alors que le ministère de la Santé affirme qu’il n’y a pas de manque de places pour les hospitalisations, le personnel raconte une réalité bien différente. Les employés confient que dans trois des cinq hôpitaux régionaux, les lits restent constamment occupés, car dès qu’un patient part, un autre est déjà admis. Un employé de l’hôpital Dr A.G. Jeetoo explique : « Le lit d’un patient libéré est presque immédiatement réoccupé, à peine les draps changés ». La situation est similaire au SAJ Hospital et à l’hôpital Victoria, confirment d’autres sources.

Plusieurs facteurs expliquent cette tension. D’une part, une hausse du nombre de patients pour diverses pathologies, dont la grippe, contribue à la saturation. D’autre part, certains patients, notamment les personnes âgées, restent plus longtemps à l’hôpital afin d’assurer un suivi médical approprié. « Ceux qui souffrent de bronchites aiguës, par exemple, sont retenus pour un meilleur suivi, surtout s’ils sont sous antibiotiques », précise un membre du personnel du Dr A.G. Jeetoo. Dans d’autres cas, les patients sont renvoyés chez eux avec les médicaments appropriés et invités à revenir si leur état ne s’améliore pas au bout de quelques jours.

Paradoxalement, la Flu Clinic n’accueille pas tant de patients, beaucoup de personnes se dirigeant directement vers le département Casualty de l’établissement. Un membre du personnel de l’hôpital Victoria rapporte que de nombreux patients sont malades. Toutefois, malgré la capacité disponible, le personnel doit gérer la situation avec les moyens dont il dispose.

Dans certaines situations, des patients peuvent être transférés vers d’autres établissements, comme le National Cancer Centre ou le New ENT Hospital. Toutefois, le manque de lits dans les hôpitaux régionaux reste manifeste, mais des arrangements sont toujours trouvés pour accueillir les malades. 

Le Dr Oomesh Toofany, consultant en pédiatrie au SSRN Hospital, confirme que des mesures sont prises afin que chaque patient nécessitant une hospitalisation puisse trouver une place. Contrairement à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, tous les patients du SSRN Hospital passent d’abord par le département Casualty avant d’être dirigés vers le service adapté à leur condition. « Avec tous les centres de santé de la région, ceux qui ont la grippe n’ont pas besoin de se présenter à l’hôpital, mais peuvent se rendre à la Médiclinique ou à l’Area Health Centre le plus proche », précise-t-il.

Les enfants particulièrement vulnérables

Les pédiatres Deven Dowlut (hôpital Dr A.G. Jeetoo) et Oomesh Toofany (hôpital SSRN) confirment une hausse des cas chez les enfants, notamment de bronchites, pharyngites, bronchiolites et états grippaux. Si la majorité des cas ne présentent pas de pathologies graves, certaines complications nécessitent des examens plus poussés, comme une radiographie pulmonaire, et un séjour hospitalier d’un à deux jours. 
Les nourrissons de moins de trois mois sont particulièrement à risque souligne le Dr Toofany. « Un simple rhume ou une bronchiolite peut évoluer vers une pneumonie, surtout si l’enfant a un système immunitaire affaibli », prévient-il. Le pédiatre recommande une hydratation régulière et la consultation rapide d’un médecin en cas de symptômes sévères.

Appel à la prudence

Dans le secteur privé, le Dr Roma Dewan observe aussi cette recrudescence de consultations pour infections respiratoires aiguës. Les patients présentent des maux de tête, de la fièvre, des courbatures, des maux de gorge ou, dans certains cas, des bronchites. « Ceux qui sont asthmatiques rencontrent plus de difficultés respiratoires, car leurs bronches sont plus serrées », explique-t-elle. 

Elle attribue cette hausse à la période prolongée de froid. Après une brève accalmie, les consultations repartent à la hausse, avec des cas de rhume, de sinusite, d’influenza et d’asthme aggravé. Ces infections respiratoires « pa get figir » et touchent tous les âges et se propagent facilement au sein d’une même famille, note-t-elle. Mais le traitement reste essentiellement symptomatique.

Face à cette recrudescence, les médecins invitent la population à renouer avec les gestes barrières et le port du masque pour se protéger et limiter la propagation des virus. La vigilance est particulièrement recommandée pour les nourrissons et les personnes vulnérables.

 

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