La grippe et les infections respiratoires aiguës connaissent une hausse depuis ces dernières semaines, une situation que les professionnels de la santé considèrent comme « inhabituelle » Ils appellent à davantage de vigilance et à ne pas banaliser les symptômes en raison des complications qu’ils peuvent engendrer.
Plus de 27 000 cas de grippe ont été officiellement recensés dans les hôpitaux et centres de santé du service public, et ce nombre est en constante augmentation, selon les chiffres du ministère de la Santé. De 3 593 cas au cours de la première semaine du mois d’août, le nombre est passé à 5 593. Cette augmentation est aussi notable dans les consultations des médecins du secteur privé, comme le soutiennent le Dr Ishaq Jowahir, président de la Private Medical Practitioners Association (PMPA), et le Dr Radhika Jagatsingh, pédiatre. Ils estiment que cette situation «inhabituelle » peut être attribuée à plusieurs facteurs qui contribuent à la hausse du nombre de cas de grippe et d’infections respiratoires aiguës.
La situation météorologique, avec le dérèglement climatique, est citée comme un facteur important, car un climat sec et froid favorise la circulation des virus, explique le Dr Fazil Khodabocus, médecin de santé publique au ministère de la Santé. En sus, l’alternance de périodes froides et chaudes que nous avons connue cet hiver est également un élément à prendre en compte. Le Dr Ishaq Jowahir ajoute que les cas de grippe actuels semblent persister plus longtemps, ce qui suscite des interrogations sur les cas de COVID-19 enregistrés, ainsi que sur la circulation des nouveaux sous-variants de l’Omicron, tels que le XBB.1.9.1 et le XBB.1.9.2, ou encore le XBB.1.16, surnommé « Arcturus », dont 15 cas ont été détectés parmi les 34 échantillons recueillis entre le 17 juillet et le 5 août.
La pédiatre Radhika Jagatsingh admet que l’augmentation du nombre de cas de grippe est « difficile à comprendre » en raison des divers changements de paramètres : climatiques, habitudes alimentaires et reprise des activités, entre autres. Elle note que même si les températures sont moins froides, de nombreux enfants ont contracté la grippe malgré tout. Après avoir subi un test de la COVID-19, leurs résultats se sont révélés négatifs, affirme-t-elle. Elle se demande si cette recrudescence est due au retour à la normale des activités quotidiennes, notamment avec le retour en présentiel à l’école et au travail. La pédiatre est également d’avis qu’il est nécessaire d’examiner les habitudes alimentaires des enfants, dont le système immunitaire pourrait être affaibli par une carence en fer, selon elle.
Le Dr Khodabocus rappelle que les infections respiratoires aiguës sont très contagieuses et se transmettent facilement lorsque quelqu’un tousse ou éternue sans se couvrir la bouche et le nez. Il signale que certaines personnes se présentent également avec des allergies provoquées par la floraison de certaines plantes, présentant ainsi des symptômes de toux ou de rhinite.
Des cas d’infections secondaires ont également été observés lors des consultations privées, expliquent le Dr Jowahir. Ces cas peuvent entraîner des complications comme la pneumonie, l’infection de la gorge, des bronches ou encore des sinus. Le Dr Khodabocus met en garde contre l’utilisation abusive ou sans avis médical d’antibiotiques, qui ne doivent être prescrits que en cas de surinfection bactérienne, notamment pour la bronchite, la sinusite, l’otite et la pneumonie. Ces infections graves peuvent survenir, d’où l’importance de rester vigilant, dit-il.
Il est essentiel de ne pas minimiser les infections respiratoires, car cela peut entraîner des complications, en particulier chez les enfants de moins de 5 ans, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies chroniques (cancer, diabète, hypertension artérielle, asthme), qui sont particulièrement vulnérables à ces infections, soulignent le Dr Jowahir et le Dr Khodabocus. Les personnes en bonne santé doivent veiller à renforcer leur système immunitaire en consommant des fruits et des légumes et en pratiquant une activité physique régulière, conseillent-ils.
Booster le système immunitaire des enfants
« Il est préférable de dépenser de l’argent pour une alimentation saine que pour des traitements et l’achat de médicaments », fait remarquer le Dr Radhika Jagatsingh, qui constate une augmentation inhabituelle du nombre de cas de grippe parmi les enfants. Elle se demande si l’abus d’antibiotiques est fréquent lors de leurs différents traitements, ou si leur alimentation est saine et équilibrée.
« En raison du coût de la vie, il est possible que des économies soient réalisées en réduisant la qualité des produits alimentaires destinés aux enfants, tels que le lait », fait-elle remarquer. La pédiatre estime que des bébés de 6 mois consomment parfois du lait de vache au lieu du lait maternel ou d’un lait spécialement conçu pour les enfants, ce qui entraîne une carence en fer et affaiblit leur système immunitaire.
Pour le Dr Jagatsingh, il s’agit d’une « fausse économie », car elle estime qu’il est essentiel de s’assurer que les enfants disposent de tout ce dont ils ont besoin pour renforcer leur système immunitaire et résister aux infections.
Elle plaide donc en faveur d’une alimentation saine et équilibrée préparée à la maison plutôt que de recourir à la restauration rapide. Les repas doivent comprendre des fruits, des légumes et des produits laitiers.
Grippe vs COVID-19
Avec la grippe et la COVID-19 qui circulent, il est difficile de déterminer si l’on est atteint de l’une ou l’autre maladie, d’autant plus que les symptômes sont presque similaires : écoulement nasal, fièvre, maux de gorge, toux sèche et courbatures. Cependant, dans le cas de la COVID-19, il faut également prendre en compte la perte de l’odorat.
Seul un test de dépistage de la COVID-19 peut déterminer avec certitude si une personne est atteinte de la grippe ou de la COVID-19.
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