Industrie sucrière : le prix de la bagasse reste inchangé

Depuis bien des années, les petits planteurs demandent une hausse du prix qu’ils perçoivent pour la bagasse. Mais il n’y en aura point, du moins pas pour le moment.

Dans une réponse écrite déposée à l’Assemblée nationale en fin de la semaine dernière, sur une question du député travailliste Arvin Boolell, Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie, déclare qu’il a été informé par le Central Electricity Board « qu’aucune hausse n’est prévue pour le moment par rapport au prix de la bagasse qui est utilisée pour la production d’électricité ».

Une douche froide pour les petits planteurs qui roulent à perte depuis un certain temps avec comme conséquence la disparition de plus de 1 000 planteurs en un an. Alors qu’ils étaient environ 36 000 au début des années ’80, ils sont un peu plus de 12 000 aujourd’hui.

« Pour survivre, nous avons besoin d’un prix de vente du sucre qui soit viable pour nous, soit de Rs 17 000 la tonne de sucre. Aujourd’hui, il est de Rs 11 300. Une des mesures aurait été de hausser le prix de la bagasse. C’est quelque chose que nous demandons depuis longtemps mais que le gouvernement n’accorde pas. A-t-il un agenda pour faire disparaître les petits planteurs ? » commente Salil Roy, président de la Planters’ Reform Association. « Que les autorités prennent leurs responsabilités. Nous attendons le Budget avec impatience et espérons que ce ne sera pas too little too late », ajoute-t-il.

La baisse du prix du sucre entraînée par la disparition des privilèges dont jouissait Maurice sur le plan international a incité beaucoup de petits planteurs à abandonner leurs champs. Plus de 25 000 arpents sont laissés à l’abandon. Kreepalloo Sunghoon, président de la Small Planters’ Association, indique que chaque année entre 2 340 et 2 925 arpents de terres sont délaissés.

« Aujourd’hui, non seulement cultiver la canne n’est plus rentable mais cela coûte aussi énormément d’argent. Les petits planteurs roulent à perte. Nous avons toujours demandé que les autorités donnent de la valeur à la bagasse qui est produite. Nous bataillons depuis 25 ou 30 ans, sans que cela n’ait jamais été concluant », explique-t-il.

La somme que les planteurs touchent est de Rs 85 la tonne de bagasse. Or, soutient Kreepalloo Sunghoon, la vraie valeur de la bagasse est de Rs 500 la tonne. À La Réunion, les planteurs touchent Rs 550 pour une tonne de bagasse.

Celui-ci propose une autre formule. « Lors des débats prébudgétaires, nous avons suggéré que les usines sucrières nous achètent chaque tonne de sucre à Rs 2 000 et que le prix soit de Rs 25 000 si nous devons nous-mêmes transporter la canne vers la balance. Comme il est impossible de savoir combien de bagasse est produite à partir de notre production et que nous ne pouvons savoir ce que les usines en font, le mieux serait d’établir un prix fixe. »