Au moins 11 personnes ont été tuées et 41 blessées dimanche dans des attentats suicide contre des églises en Indonésie, revendiquées par le groupe Etat islamique et impliquant six membres d'une même famille dont deux enfants. L'archipel d'Asie du sud-est, le pays musulman le plus peuplé du monde, est en état d'alerte depuis une série d'attentats perpétrés ces dernières années -- dont certains par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) -- et ses minorités religieuses font face à une intolérance grandissante.
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Dimanche, des attaques ont visé vers 07H30 (00H30 GMT) trois églises à Surabaya, deuxième ville d'Indonésie située dans l'est de l'île de Java, faisant onze morts et 41 blessés selon la police. Selon l'organe de propagande du groupe EI, l'agence Amaq, "trois attaques kamikazes" ont fait des morts et des blessés "parmi les gardiens des églises et des chrétiens dans la ville de Surabaya".
Une famille de six personnes, dont deux petites filles, est responsable des attaques, a annoncé le chef de la police nationale, Tito Karnavian. La famille, comprenant la mère et le père ainsi que deux fillettes de 9 et 12 ans et deux fils de 16 et 18 ans, était liée au mouvement radical Jamaah Ansharut Daulah, un groupe qui soutient l'EI, a-t-il ajouté. "Nous devons nous unir contre le terrorisme", a réagi le président indonésien Joko Widodo.
Des témoins interrogés par des télévisions avaient affirmé qu'un des attentats avait été commis par une femme voilée accompagnée de deux enfants. La télévision a également diffusé des images d'une personne conduisant sa moto à proximité d'une église avant qu'une explosion ne se produise. Des policiers et des soldats inspectent les lieux d'une attaque devant l'Église pentecôtiste du centre de Surabaya, en Indonésie, le 13 mai 2018
D'autres images montraient un véhicule en feu d'où s'élevait une colonne de fumée noire ainsi qu'un corps gisant devant une porte de l'église catholique Santa Maria à Surabaya. "J'étais effrayé. Beaucoup de gens criaient", a raconté à l'AFP Roman, un homme de 23 ans témoin de l'explosion à cette église. Des démineurs ont par ailleurs désamorcé deux bombes à la Gereja Pantekosta Pusat Surabaya (Eglise pentecôtiste du centre de Surabaya), où a eu lieu l'un des attentats.
La troisième église visée est l'église Kristen Indonesia Diponegoro. Ces attaques surviennent quelques jours après que cinq policiers et un détenu ont été tués au cours d'affrontements dans une prison de haute sécurité en banlieue de Jakarta. L'EI avait revendiqué les faits mais la police indonésienne avait écarté l'implication de ce groupe. La police a indiqué dimanche que quatre membres présumés du Jamaah Ansharut Daulah avaient été tués dans des opérations liées à l'émeute dans la prison.
L'intolérance religieuse a augmenté ces dernières années en Indonésie, pays de 260 millions d'habitants dont près de 90% sont de confession musulmane, mais qui compte aussi des minorités comme les chrétiens, hindous et bouddhistes. D'autres attaques visant des églises se sont produites ces dernières années à travers le pays. En février, la police était parvenue à neutraliser un homme armé d'une épée qui avait attaqué en pleine messe une église à Sleman, sur l'île de Java, blessant quatre personnes dont un prêtre.
En 2016, un adolescent était entré dans une église remplie de fidèles à Medan, sur l'île de Sumatra, s'était approché du prêtre et l'avait légèrement blessé au couteau à un bras. Il avait tenté de faire exploser un objet avant d'être maîtrisé par des fidèles. Un extrémiste islamiste avait été condamné en septembre dernier à la réclusion criminelle à perpétuité en Indonésie pour une attaque meurtrière au cocktail Molotov perpétrée en 2016 contre une église avec des complices d'un groupe soutenant l'EI.
Les autorités sont en état d'alerte depuis les attentats suicide et attaques armées à Jakarta en janvier 2016, qui avaient coûté la vie à quatre civils. Les quatre assaillants avaient été tués dans ces attaques revendiquées par l'EI. L'Indonésie avait été précipitée dans sa propre "guerre contre le terrorisme" en 2002 par les attentats de Bali, île la plus touristique du pays où ces attaques avaient fait 202 morts.
Les autorités avaient ensuite lancé une offensive majeure contre les extrémistes islamistes et affaibli les réseaux les plus dangereux, selon des experts. Mais l'EI est parvenue à mobiliser de nouveau la frange extrémiste indonésienne.
AFP / PHOTO : JUNI KRISWANTO
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