Indiscipline des policiers : quand les représentants de la loi font fi de la loi 

Connivence avec des trafiquants de drogue, port de tatouages, consommation d’alcool et de drogue sur le lieu de travail, conduite en état d’ivresse… L’accident survenu dans la région de Pointe-des-Lascars, impliquant un policier de 20 ans testé positif à l’alcootest, faisant huit blessés dont deux morts, atteste que nos représentants de l’ordre font eux-mêmes fi de la loi. Mais quelles sont les raisons de cette indiscipline et comment y remédier ?

Le recrutement remis en question

L’ancien Deputy Commissioner of Police (DCP) et directeur général du National Security Services (NSS) Dev Jokhoo remet en question l’exercice de recrutement au sein de la force policière. La Disciplined Forces Service Commission (DFSC) doit étudier scrupuleusement le profil de chaque aspirant policier au moment de la candidature et ceux qui ne répondent pas aux critères ne doivent pas faire partie de la force policière. « Il faut également mettre un terme à l’ingérence politique lors du recrutement de nos policiers », souligne-t-il.

Supervision au plus haut niveau

Une supervision au plus haut niveau est réclamée. Cela comprend des parades systématiques dans les postes de police lors du changement des « shifts ». « Le supérieur doit veiller à ce que les policiers portent l’uniforme avec le respect voulu. Certains officiers de police ont leurs chemises mal, ou pas du tout, boutonnées, les chaussures ne sont pas cirées... », déplore l’avocat Rama Valayden. Notre intervenant remet en question la rigueur des officiers lors des parades quotidiennes. Dev Jokhoo insiste sur le fait que l’état-major de la force policière doit également effectuer des visites surprises dans les postes de police à travers le pays. « Il faut également introduire un poste de ’discipline master’ ou encore une ’discipline team’ afin de superviser les policiers », propose-t-il. 

Formation 

La formation des recrues est aussi pointée du doigt. L’ancien directeur du NSS plaide pour une formation pointue et continue où les aspirants policiers seront mis à rude épreuve afin d’évaluer et tester leur morale. 

Connivence

La connivence entre les trafiquants de drogue et la police revient une fois de plus sur le tapis. Selon Me Rama Valayden, il faut à tout prix briser cette connexion qui gangrène la force policière. L’avocat avance qu’environ 1 % de la population des policiers aurait des connexions avec des gangs et serait impliqué dans la consommation et le trafic de drogue. « Le pourcentage de policiers impliqués dans des activités illicites est assez pour gangrener tout le système », tonne l’avocat. 

Pression professionnelle

Le travailleur social Danny Philippe est d’avis que certains policiers sont victimes de pression de leurs collègues ou de leurs supérieurs. « Ils se laissent tenter par la consommation de substances illicites afin d’oublier leurs tracasseries et c’est ainsi qu’ils deviennent dépendants. Nous notons, d’autre part, qu’il y a certains policiers qui se tournent vers la drogue dans le but de repousser leurs limites », dit-il.

L’uniforme 

Me Rama Valayden est d’avis que les jeunes recrues qui intègrent la force policière ont tendance à croire que tout est permis, car elles portent l’uniforme. « Le rôle d’un policier est avant tout de servir la population. Pourquoi certains se croient-ils au-dessus de la loi ? » se demande-t-il. 

Les entrées ne sont pas inscrites correctement

L’avocat Rama Valayden avance que bon nombre d’officiers de police font preuve de non-respect des « Standing Orders » de la force policière. « They are reckless in performing their duties. Les policiers ne font pas les entrées dans le Diary Book de la force policière comme il se doit. Bien souvent, les notes prises ne reflètent pas la réalité. Cela démontre clairement qu’il y a un manque de rigueur dans la manière de faire de certains policiers », dit-il.