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Indiscipline au sein de la force policière : quand des policiers déshonorent l’uniforme

police Unanimement, ils sont pour un bon ‘profiling’ lors du recrutement.

Ils sont plusieurs policiers à s’être retrouvés sous les feux des projecteurs pour des dérapages, indisciplines ou encore manque de rigueur durant la semaine écoulée. Beuverie dans les postes de police, absence de policiers durant les heures de travail ou encore excès de zèle d’un policier qui avait menotté un jeune lors d’un kidnapping.

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Dans certains autres cas, des policiers deviennent eux-mêmes des hors-la-loi. Arrêté pour vol en mars 2019, le constable Arasen Goinsamy de la CID de la Northern Division avait avoué son délit. « Mo pa koner kin pass dan mo la tete », avait-il laissé entendre à ses collègues de la CID.

Bref, certains policiers, semble-t-il, ne ratent pas l’occasion pour se retrouver sous les feux des projecteurs. Qu’est-ce qui explique cette pratique ? Eléments de réponse avec des professionnels du domaine.

Qu’est-ce qui explique cette dégradation ?

Le recrutement est le facteur principal, selon Jaylall Boojawon, qui parle d’un système à la va-vite. Pour l’inspecteur de police, on ne peut changer un individu après six mois de formation. Il faut mettre sur pied un meilleur système stricte concernant la sélection des candidats. « Une fois la balle partie, c’est fini », souligne l’inspecteur Boojawon.

Il évoque aussi le Post Traumatic Syndrome Disorder  (PTSD), un phénomène qui  touche plusieurs de la force policière. Les policiers sont exposés à des scènes alarmantes, difficiles et des expériences négatives. Ces policiers sont aussi sujets à des problèmes tels que le stress, l’alcool et la cigarette. En Angleterre, un policier sur cinq souffre du PTSD. Les policiers qui s’étaient rendus sur un lieu d’accident à Mare d’Albert, en septembre 2018, n’ont jamais reçu de suivi. Ce soir-là, le corps d’une femme de 31 ans avait été retrouvé en plusieurs parties sur la route. « Ou imagine ou kuma sa affecter dimune ? » nous dit l’inspecteur.

Un policier organise un kidnapping et soutire de l’argent

Un policier comptant 12 années de service s’est retrouvé au cœur d’une enquête pour kidnapping et extorsion au préjudice d’un homme de 24 ans souffrant de crises d’épilepsie. En avril 2019, profitant d’un appel reçu, après un mauvais numéro, le constable de police a empoché Rs 8 000 en guise de rançon. Le policier s’est fait passer pour le destinataire réel de l’appel et a empoché l’argent. Avec l’aide d’un complice, le policier a, lors d’un rendez-vous, kidnappé sa proie avant de réclamer une rançon de Rs 25 000 auprès de ses proches. Affecté au poste de police de Pointe-aux-Sables, le policier a avoué son forfait face à ses collègues de la CID.


Jaylall Boojawon : un manque de suivi psychologique

« Il y a un manque de suivi psychologique au sein de la force policière ». Jaylall Boojawon est catégorique. Le policier est aussi un citoyen lambda mais est responsable à ne pas ternir l’image de toute une force. Pour le président de la Police Officers and Solidarity Union (POSU), les policiers ont besoin d’assurer un comportement digne en permanence. Cela représente une pression externe sur ces individus.


Hector Tuyau de l’Union Policière : «Les dérapages plus voyants avec les réseaux sociaux»

Hector Tuyau, Assistant-surintendant de police et porte-parole de l’Union Policière, est catégorique : le travail doit commencer à la racine même, c’est-à-dire à l’école de formation de la police. Commentant la situation d’indiscipline au sein de la force policière, Hector Tuyau soutient que c’est une chose courante d’avoir des « brebis-galeuses » ou encore des policiers ripoux au sein de la force. Qu’est-ce qui explique une hausse de ces cas ? Pour l’ASP Tuyau, il n’y aurait pas une réelle hausse, mais c’est plutôt une hausse de visibilité de ce qui se passe, par le biais des réseaux sociaux.

Comment y remédier ?

Pour lui, il faut qu’il y ait un encadrement psychologique approprié pour les policiers, surtout les nouvelles recrues. Il explique que les policiers doivent être valorisés de manière appropriée .


Asrani Gopaul : «Le policier est aussi un humain»

« Le policier est aussi un être humain après tout ». Propos d’Asrani Gopaul, Senior Lecturer, Social Policy and Social Work à l’Université de Maurice. Il affirme que la société a tendance à oublier qu’un policier en uniforme est un humain comme tout le monde. Il élabore en soutenant que le policier vit dans la même société et gère les mêmes difficultés dans la vie de tous les jours, tels que les dettes, le stress. Asrani Gopaul fait ressortir que le salaire des policiers est peut-être un facteur-clé. « Nos policiers sont les plus mal rémunérés au monde ». Pour ce chargé de cours à l’UoM, la société doit comprendre que les policiers ont aussi leurs faiblesses.

La solution ?

Pour Asrani Gopaul, « il faut de manière occasionnelle offrir une meilleure formation et un meilleur ‘screening’ dans le recrutement. Les formations doivent être étalées sur un système de continuité, tout comme un suivi psychologique».


 Les Frasques

‘Programme’ gâché

Un constable en service surpris par un inspecteur qui a interrompu son ‘programme’ vers 22h55 au poste de police de Mahébourg le samedi 28 avril. Le policier, qui était en service dans un hôpital du Sud de l’île, consommait une bouteille de vin et une autre bouteille de rhum dans la salle de repos du poste. Il était en compagnie de deux agents de sécurité de l’hôpital.

Le lundi 3 décembre 2018

Un véhicule de l’Emergency Response Service (ERS) de la Central Division, qui était en patrouille le lundi 3 décembre 2018, a repéré un autre véhicule de l’ERS qui zigzaguait à Camp Caval. Deux policiers étaient à bord. Ce jour-là, leur tâche consistait à se garer à proximité du collège Royal de Curepipe et à surveiller les alentours. Sauf qu’ils n’étaient pas à leur poste. Lorsqu’ils ont été interpellés, les deux policiers sentaient l’alcool. Le conducteur, âgé d’une quarantaine d’années, a refusé de se soumettre à un alcootest.

Le 11 novembre 2016

La scène avait été filmée le 11 novembre 2016, vers 10h30 à Roche-Bois par un groupe de jeunes. La vidéo de trois minutes montre un agent d’une cinquantaine d’années, casque sur la tête, muni de son arme à feu mais complètement ivre. Dans son délire, il engage la conversation avec les gens qui l’entourent. « Pou to informasion, to pa pou kapav fer nanie. To fini tir foto, mo bien kontan. Mo pa bizin ou. Sa motosiklet-la mo turbo sa », a-t-il lancé à l’auteur de la vidéo. Sur la vidéo, le policier en uniforme n’arrivait pas à se tenir sur ses jambes.

 

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