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Inde : une romance «bollywoodienne» à l’affiche depuis trente ans

Des cinéphiles se prennent en photo devant une affiche du film «Dilwale Dulhania Le Jayenge» diffusé quotidiennement au cinéma Maratha Mandir de Bombay, le 11 octobre 2025.

Une comédie romantique, à l’affiche d’un cinéma de Bombay depuis trente ans, deviendra lundi le film le plus longtemps projeté de l’histoire du cinéma indien.

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Depuis sa sortie le 20 octobre 1995, «Dilwale Dulhania Le Jayenge» - ou «DDLJ», «L’amant emmènera la mariée» en français - est projeté quotidiennement dans le célèbre cinéma Maratha Mandir de Bombay, la capitale financière de l’Inde.

«Je l’ai vu une trentaine de fois depuis 1996 et je vais continuer», explique dans un éclat de rire Mohammad Shakir, 60 ans.

Chaque jour à 11h30, pour 40 roupies (0,39 euros), des spectateurs se délectent de cette histoire d’amour entre deux jeunes qui décident de faire fi des traditions.

Dès sa sortie, «DDLJ» a fait de Shah Rukh Khan une superstar du cinéma indien. Trois décennies plus tard, cette romance devenue un classique de Bollywood fait toujours rêver. « En semaine, ce sont généralement des étudiants et de jeunes couples », pointe Manoj Desai, le directeur de ce cinéma resté dans son jus. «Le dimanche, nous enregistrons environ 500 entrées».

Dans la salle, le public manifeste toujours le même enthousiasme. La scène où l’héroïne court le long d’un train en marche pour rejoindre son amoureux est toujours saluée d’une salve d’applaudissements, de sifflets et d’acclamations. «Ce moment me donne des frissons», admet M. Desai.

Le film explore le contraste entre l’ouverture d’esprit de ces deux jeunes Indiens appartenant à la deuxième génération vivant à l’étranger et les valeurs conservatrices de leurs parents.

«Monument culturel» 

Certains spectateurs, parfois nostalgiques, viennent le voir depuis des années. Parmi eux, une femme assiste inlassablement à la séance de 11h30 «mais nous ne lui faisons rien payer», souligne le responsable du cinéma.

Les plus jeunes, eux aussi, se laissent captiver par cette romance intemporelle. «Notre génération voit les relations amoureuses de manière moins sentimentale», reconnaît Omkar Saraf, 23 ans, né après la sortie du long-métrage. «Dans ce film, le héros fait tout pour conquérir son amour, sans rien attendre en retour», s’enthousiasme-t-il. Il l’a vu à la télévision, sur son téléphone mais rien à voir avec «le grand écran qui donne des frissons». La projection du film a été brièvement interrompue en 2015 mais, après un tollé, il est revenu à l’affiche.

Le cinéma est situé à côté de la gare centrale de Bombay, un emplacement idéal pour permettre aux voyageurs, parfois étrangers, d’assister à une séance avant de prendre leur train. «Le film est comme Roméo et Juliette, avec une fin heureuse», souligne Kelly Fernandez, une touriste espagnole, pour qui voir ce célèbre film fait partie de son expérience indienne. «Même si nous n’avons pas compris les dialogues, nous avons apprécié la musique, la danse et les costumes», poursuit-elle.

Baradwaj Rangan, critique de cinéma, voit dans la longévité de «DDLJ» une lettre d’amour adressée à une Inde en quête d’équilibre entre valeurs anciennes et modernes. «Il est devenu une sorte de monument culturel», souligne le critique, car il a «parfaitement traduit» les tensions entre deux générations.

Pour lui aucun doute, il restera encore longtemps à l’affiche et M. Desai s’y engage aussi longtemps que son cinéma existera.

 

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