La chambre basse du Parlement indien a ajourné sa séance, lundi, chahutée par des députés de l'opposition qui scandaient des slogans contre le Premier ministre Narendra Modi et contestaient l'expulsion de Rahul Gandhi, figure de proue du parti du Congrès.
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Rahul Gandhi avait été banni vendredi de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement, au lendemain de sa condamnation à une peine de prison pour diffamation contre M. Modi. Il a été libéré sous caution.
Les députés du Congrès, portant des chemises et des foulards noirs, ont perturbé lundi la séance, incitant le président du Parlement à suspendre les débats.
"Je veux diriger la chambre dans la dignité", a déclaré son président Om Birla.
Les travaux de la chambre ont repris à 16 heures (10H30 GMT) avant d'être à nouveau interrompus, quelque neuf minutes plus tard, les députés de l'opposition scandant des slogans anti-Modi et brandissant des pancartes "Démocratie en danger" et "Sauvons la démocratie".
Il s'agit de la dernière suspension de séance en date au sein de ce Parlement représentant 1,4 milliard d'habitants et souvent houleux, après une série d'ajournements survenus ces dernières semaines.
Des députés de différents partis d'opposition ont appelé et participé à des manifestations lundi à New Delhi.
- "Politique de bas étage" -
Piyush Goyal, ministre du Commerce et membre du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindou de M. Modi, a accusé lundi l'opposition de "tenter d'induire les gens en erreur" et de se livrer à "de la politique de bas étage".
M. Gandhi "n'a pas le droit de se considérer au-dessus des lois du pays", a déclaré M. Goyal aux journalistes.
La chambre avait décidé vendredi que M. Gandhi ne pouvait plus y siéger, suite à sa condamnation la veille. Un tribunal du Gujarat (Ouest), Etat dont M. Modi est originaire, lui avait infligé deux années d'emprisonnement pour avoir déclaré lors de la campagne électorale de 2019 que "tous les voleurs ont Modi comme nom de famille".
M. Gandhi avait été libéré sous caution le même jour après l'annonce par ses avocats de leur intention de faire appel.
Samedi, le dirigeant d'opposition a déclaré qu'il continuerait à défendre la démocratie après avoir attribué la perte de son siège à ses appels en faveur d'une enquête sur les liens entre M. Modi et le magnat Gautam Adani accusé de fraude.
Le parti du Congrès accuse M. Modi d'avoir encouragé l'ascension rapide de Gautam Adani, permettant au milliardaire, lui aussi originaire du Gujarat, de remporter injustement des contrats et d'éviter un contrôle approprié.
M. Gandhi, âgé de 52 ans, est la figure de proue du parti du Congrès, mouvement politique qui dominait autrefois la politique indienne, mais dont le poids s'est aujourd'hui considérablement réduit alors que le BJP de M. Modi et son nationalisme ont su séduire la majorité hindoue du pays.
"S'il vous plaît, comprenez pourquoi j'ai été disqualifié" en tant que membre de la Lok Sabha, a-t-il dit aux journalistes. "J'ai été disqualifié parce que le Premier ministre (...) a peur du prochain discours qui va venir sur Adani."
"Je défends ici la voix démocratique du peuple indien", a ajouté M. Gandhi. "Je n'ai pas peur de ces menaces."
Le gouvernement de M. Modi est régulièrement accusé d'utiliser la justice pour cibler et museler ses détracteurs.
M. Gandhi est visé par d'autres accusations de diffamation et une affaire de blanchiment d'argent qui chemine au sein du système judiciaire indien depuis plus d'une décennie.
Rahul Gandhi "paie clairement le prix" de s'être exprimé "sans crainte", a déclaré vendredi à la presse le porte-parole du parti du Congrès, Abhishek Manu Singhvi, dénonçant "la castration systématique et répétitive des institutions démocratiques par le parti au pouvoir".
© Agence France-Presse
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