Inclusion de l’Afrique du Sud sur la liste grise du GAFI : la juridiction mauricienne pourrait bien en profiter

L’Afrique du Sud a été placée sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) et fait désormais partie des pays qui font l’objet d’une surveillance accrue. Elle risque d’être confrontée aux mêmes répercussions subites par Maurice lorsque le pays était présent sur cette liste grise. Ainsi, les investisseurs pourraient opter pour des juridictions qui sont sans complexités.  

Si l’Afrique du Sud se retrouve dans une telle situation, c’est parce qu’elle n’a pas remédié à toutes les lacunes en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme identifiées par le groupe de travail dans son évaluation du pays en 2019. Selon l’économiste Kevin Teeroovengadum, cette inclusion n’est pas une surprise. « Il y a tout l’aspect géopolitique, car l’Afrique du Sud s’est abstenue dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie », soutient-il. 

Cette situation pourrait bien être bénéfique à Maurice, à condition que le pays capitalise dessus. « Comme dit le proverbe, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Maurice a une carte à jouer immédiatement. Le ‘mood’ est très pessimiste en ce moment en Afrique du Sud et  certains investisseurs vont se demander si le pays ne va pas aussi se retrouver sur la liste noire de l’Union européenne », poursuit-il. 

Quand Maurice faisait partie de la liste grise du GAFI, les transactions locales en partance vers l’Europe et l’Inde ont été affectées. Certains pays avaient imposé un exercice d’« enhance due diligence » pour les transactions issues de l’ile. 

Kamal Hawabhay, Managing Director de GWMS Ltd, est d’avis que les investisseurs sud-africains pourraient voir en Maurice une destination plus attractive pour les affaires. « Cela pourrait éventuellement être bénéfique au secteur du Global Business à Maurice. Il faudra mettre en avant le fait que le pays n’est sur aucune liste préjudiciable », argue-t-il.

Quelles sont les actions qui seront prises à Maurice concernant les transactions avec l’Afrique du Sud, en sachant que ces deux pays entretiennent de bonnes relations ? Interrogé à ce sujet, Dhanesswurnath Thakoor, CEO de la Financial Services Commission (FSC), indique qu’il faudra attendre pour voir les impacts de cette inclusion. Kamal Hawabhay, pour sa part, estime que les effets néfastes pourraient se situer au niveau des banques correspondantes qui pourraient exercer un contrôle plus accru. « Les transactions en euros ou dollars entre les deux pays via les banques correspondantes risquent de se compliquer », soutient-il.

Toutefois, avec l’Afrique du Sud et Maurice qui font partie du SADC, cela devrait éviter tout impact au niveau des relations entre les deux pays. « En revanche, cela va jouer en défaveur de Maurice, si le pays agit sous l’influence de l’Europe, comme cela avait été le cas avec le variant Omicron où il avait fermé ses frontières à l’Afrique du Sud. Je pense que les pays africains seront solidaires avec l’Afrique du Sud, qui en termes de produit intérieur brut, est le plus grand pays de l’Afrique subsaharienne », conclut l’économiste Kevin Teeroovengadum.