Cet habitant de la rue St-Louis, à Port-Louis, est gravement blessé, à tel point qu’il a partiellement perdu l’usage de ses membres. C’est sur son lit d’hôpital qu’on l’a rencontré lundi après-midi. Il est encore sous l’effet du choc, mais revient sur l’effroyable incident survenu dimanche soir à la rue Mère Barthélemy. Je suis, avance-t-il, sorti pour aller acheter une boisson gazeuse et un produit laitier (car il souffrait de brûlures à l’estomac) à la seule boutique du coin qui était encore opérationnelle dans ce coin de Port-Louis. C’est en empruntant la rue Mère Barthélemy qu’il a aperçu les deux chiens de race. Les deux molosses, selon le quadragénaire, erraient dans la rue sans laisse.
« Aidez-moi »
« Ils s’approchaient graduellement de moi, mais j’ai continué ma route. Tout à coup, les deux rottweilers se sont mis à m’attaquer. Je n’ai rien pu faire car tout s’est produit à une vitesse éclair. ‘Enn ti p mord lipie, lot ti p mord lebra », se remémore la victime. Le Défi Quotidien dispose des images CCTV montrant l’attaque des deux chiens. Celles-ci, dont la durée avoisine quatre minutes, semblent indiquer que les deux chiens de race s’acharnaient sur la victime à tel point que ses vêtements ont été déchirés et qu’elle a subi de graves morsures aux bras et aux jambes. « Aidez-moi, aidez-moi », pouvait-on entendre sur la vidéo.
Durant son agression, la victime s’est défendue. Mais tout à coup, il a aperçu les deux molosses prendre la fuite. « Je pense que les propriétaires ont dû émettre un signal afin qu’ils retournent dans leurs niches. Malgré avoir été gravement blessé, je me suis rendu péniblement à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo pour des soins médicaux à pied », lance-t-il. La distance entre le lieu de l’agression et l’hôpital, rappelons-le, est d’une soixantaine de mètres. C’est le personnel médical qui, constatant la nature des blessures et de l’agression, a immédiatement alerté les policiers du poste de police de Line Barracks. Une entrée a été faite, mais la victime doit toutefois consigner une déposition et sa version des faits.
Une amputation pas écartée
Sur son lit d’hôpital, la victime se plaint surtout de son bras droit. Il peut, précise-t-il, bouger les pieds même s’il a eu des morsures profondes aux chevilles et aux mollets. Mais l’amputation de son bras droit n’est pas à écarter, en raison des morsures ayant sévèrement endommagé les tissus et les artères principales. S’il arrive qu’il recouvre l’usage de son bras droit, ce serait à 40 %. « Depuis mon admission aux soins intensifs, j’ai subi deux interventions chirurgicales. Les médecins m’ont dit qu’il y a des possibilités que je perde l’usage de certains doigts », lâche-t-il. La victime songe à entamer des actions légales afin de réclamer des dommages.
« Parfois les chiens sont lâchés pour faire leurs besoins »
Selon le voisinage, « deux rottweilers ont pour habitude d’errer dans les rues durant la soirée ». Parfois, disent-ils, les molosses s’attaquent aux passants. Le Défi Quotidien a été sur place lundi après-midi afin d’avoir la version des faits d’une famille soupçonnée d’être le propriétaire des molosses. « Nous avons deux rottweilers. Un mâle et une femelle. Nos chiens restent en laisse même durant la soirée. Les rottweilers sont lâchés une fois que tout est fermé. ‘Dan lari mem nou pa less zot ale’ ». « Parfois, les chiens sont lâchés aux alentours de 22 ou 23 heures, ou plus, pour faire leurs besoins », avance une habitante de la région. Et à notre intervenante d’ajouter : « Non, pa isi sa (Ndlr : commentant l’agression sauvage commise par les deux rottweilers). Sinon nou ti pou kone ».
Le rottweiler Ramses et le berger allemand Shia euthanasiés
Souvenez-vous. En mai 2010, le rottweiler Ramses et le berger allemand Shia avaient attaqué trois enfants dans la région de Calodyne. Satish Faugoo, le ministre de l’Agro-industrie de l’époque, avait annoncé que les deux chiens seraient euthanasiés par la Mauritius Society for Prevention of Cruelty to Animals (MSPCA). En 2018, un enfant de huit ans a été sauvagement agressé par le rottweiler de son voisin. Une déposition a été consignée à la police et l’enfant a été hospitalisé. En 2019, deux pensionnaires âgés de 72 et 62 ans ont également été attaqués par des rottweilers et des labradors.
Ce que dit la loi
Rs 15 000 d’amende et six mois d’emprisonnement
La loi est très stricte concernant les chiens de race. Les rottweilers, fait comprendre la police, qui sont considérés comme dangereux, doivent être en laisse et doivent impérativement porter une muselière lorsqu’ils sont sur la voie publique. Au cas contraire, précise-t-on, le propriétaire commet un grave délit, à savoir ‘allowing an animal to stray’ et risque d’écoper d’une amende de Rs 15 000 et un maximum de six mois d’emprisonnement. Et si le chien agresse une personne sur la voie publique ? Il faut d’abord attendre les retombées de l’enquête policière. Pendant ce temps, l’Animal Welfare Unit peut formuler une demande auprès de la MSAW pour garder le chien le temps de l’enquête policière. Un vétérinaire doit impérativement analyser le comportement du chien. Il y a plusieurs règles à respecter avant l’euthanasie.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !